- Article initialement publié sur le Repère des Reclus en compagnie de Dantefever
Suite aux nombreuses réponses au sondage que nous avons reçu, nous nous sommes permis une petite analyse de leur teneur et des commentaires très pertinents qui ont pu être fait. Voici donc ce qu’évoquent les thématiques du dungeon synth pour une partie des acteurs et spectateurs de la scène française.
Avec quel projet/groupe avez-vous découvert le dungeon synth, et en quelle année ?
Maxime : « Sans dévoiler l’intégralité des réponses, puisqu’il est ici inutile de dresser la liste complète, la date à laquelle les votants ont découvert le dungeon synth se situe sur une période assez large allant de 1995 à 2018, avec tout de même une majorité après l’année 2010. Les votants ont en grande majorité découvert le dungeon synth avec l’un des projets du trio Burzum – Mortiis – Wongraven, pionniers en la matière. Mais questionnaire adressé aux francophones oblige, beaucoup de votants ont cité Erang comme premier contact avec le dungeon synth. Rien de très surprenant dans les réponses.«
Dantefever : « Peu de surprises en effet, il était assez attendu que la plupart des sondés aient commencé avec la scène historique. Cependant, ceux qui indiquent avoir plongé dans le dungeon synth via des projets plus récents semblent former une génération d’auditeurs peut-être plus enclins à la diversité à l’intérieur du dungeon synth, n’ayant pas forgé leur conception du genre avec la cohérence assez remarquable des premières sorties du style.«
Quels sont vos trois projets de dungeon synth favoris ?
Maxime : « De nouveau, inutile de dresser une liste longue comme le bras, mais on retrouve toujours le trio Burzum – Mortiis – Wongraven, et beaucoup de votants ont cité Erang. Thangorodrim et Galdur ont également été cités plusieurs fois, les autres projets ne sont présents qu’une ou deux fois. De même que pour la première question du sondage, il n’y a ici aucune surprise dans les réponses fournies par les votants. »
Dantefever : « Pas de quoi s’arracher la mâchoire d’étonnement ici aussi. Les Grands Anciens se taillent la part du lion, et c’est bien normal.«
Parmi ces périodes historiques, laquelle vous semble être la plus appropriée pour servir de cadre au dungeon synth ?
1) Haut Moyen Âge (84,2 %)
2) Moyen Âge tardif (57,9 %)
3) Antiquité (21,1 %)
4) Renaissance et Futur (ex aequo 5,3 %)
Maxime : « Les votants ont choisi en grande majorité le Haut Moyen Âge, sans grande surprise dans la mesure où il s’agit de la période médiévale qui se montre la plus passéiste, en opposition au Moyen Âge tardif, dont l’esthétique que l’on imagine ressemble déjà fortement à celle de la Renaissance. Si l’on considère que le dungeon synth se doit d’être médiéval, c’est effectivement le Haut Moyen Âge qui lui sied le plus. L’Antiquité semble également avoir une place de choix, ce qui n’est pas dénué de sens avec la naissance ces dernière années de quelques projets très cohérents thématiquement et musicalement sur la question. Bien qu’elles ne représentent pas un grande part de votes, la Renaissance et le futur semblent malgré tout être intéressants pour certains. Quelques votes ont également mentionné la fantasy (ou ses branches), mais ne s’agissant pas d’une période historique à proprement parler, ils n’ont pas été pris en compte dans le classement.«
Dantefever : « Le Haut Moyen-Âge est tout indiqué, puisqu’il fait la jonction entre l’époque antique et païenne de l’Europe et les rudes siècles encore bien claniques et pas encore tout à fait féodaux qui ont suivis. Le Moyen-Âge tardif me semble en revanche plus surprenant, puisqu’il se rapproche de la Renaissance et des siècles plus “délicats” qui prennent la relève après la fin de la période médiévale. On y perd cette rusticité et cette atmosphère plus sombre (et assez fantasmée) qui caractérise ce genre musical. Enfin, le futur est de mon point de vue une thématique complètement étrangère au dungeon synth, et qui gagnerait à le rester, pour le bien de toutes les parties.«
Parmi cette liste, qu’est-ce qui vous semble être le plus représentatif de ce qu’est le dungeon synth ?
1) Sorcellerie (84,2 %)
2) Paganisme (78,9 %)
3) Mythologie (57,9 %)
4) Catholicisme (21,1 %)
5) Orthodoxie et Satanisme (ex aequo 15,8 %)
7) Athéisme (10,5 %)
8) Protestantisme (0 %)
Maxime : « Pratique occulte par excellence, la sorcellerie semble être pour les votants le principal thème spirituel propre au dungeon synth, ce qui se vérifie facilement avec la teneur des projets de la scène actuel. Très traité aussi, le duo mythologie – paganisme complète le trio de tête sans la moindre surprise. Sans doute doit-on y voir le reflet du caractère passéiste du dungeon synth, dont les adeptes s’attachent facilement à ce qui les sort de leur quotidien, comme nous allons le voir plus loin dans l’interprétation des résultats du sondage. Le satanisme est étonnamment bas dans le classement, mais à la réflexion il n’existe pas tant de projets que ça utilisant cette thématique avec réussite, surtout si l’on considère que le caractère extrême du satanisme colle sans doute mal aux aspects parfois apaisant du genre. Enfin, concernant la question religieuse et plus précisément chrétienne, le catholicisme et l’orthodoxie ont une esthétique à la fois visuelle et musicale qui colle parfaitement au dungeon synth, et les projets sur le sujet ont été particulièrement en vue fin 2018 et début 2019. Sans surprise, le protestantisme et l’athéisme n’excitent pas les foules.«
Dantefever : « On remarque que toutes ces thématiques sont liées à la spiritualité ou à la religion. D’ailleurs, celles qui arrivent en tête sont toutes considérées comme proscrites et hérétiques durant la période médiévale et l’Antiquité. Cela résonne bien avec les racines black metal du dungeon synth, qui utilise avec le même entrain toutes ces thématiques. La sorcellerie, qui arrive en tête, me semble particulièrement indiquée. Son aspect reclus, caché, secret et élitiste correspond bien au dungeon synth.«
Parmi cette liste, cochez les deux thématiques qui vous semblent être les plus intéressantes pour illustrer le dungeon synth.
1) Fantasy (84,2 %)
2) Nature (47,4 %)
3) Spiritualité (36,8 %)
4) Histoire (21,1 %)
Maxime : « Dans la mesure où la grande majorité des projets de dungeon synth parlent de fantasy, il n’est absolument pas étonnant de voir que cette thématique truste la première place avec un gros score. Il est en revanche beaucoup surprenant de voir l’histoire être dépassée par la nature et la spiritualité si l’on considère le nombre de projets ayant le Moyen Âge pour thématique principale, mais sans doute cela ne constitue pas quelque chose d’inhérent au dungeon synth pour les votants. Ces derniers ont choisi la nature en seconde position, bien que peu de projets soient réellement incontournables sur le sujet (mais ceux qui le sont le sont vraiment), et la spiritualité en troisième position, qui semble intéresser de plus en plus les acteurs du milieu. »
Dantefever : « La fantasy est évidemment la thématique privilégiée du genre, et ne doit souffrir d’aucune contestation. Il s’agit du cœur profond du genre. Les autres thématiques sont d’ailleurs les sous-objets les plus universellement répandus dans les œuvres de fantasy sérieuses. J’ose espérer toutefois que les votants ont en tête la vraie grande et noble fantasy quand ils donnent leur vote à ce courant littéraire, et non à celle vomitive et mièvre qui se vend par kilomètres sur les rayons de la Fnac.«
Expliquez cette réponse.
Compilation de réponses
– Fantasy et Spiritualité : “Le dungeon synth incarne à mon sens un « héritage » des musiques de jeux vidéos de fantasy. De plus, le côté mystérieux et crade qui découle des albums s’assimile parfaitement à des thématiques autour de la spiritualité.”
– Nature et Fantasy : “J’ai indiqué plus haut que le dungeon synth est une musique « hors du monde », néanmoins il permet également de révéler ce qui se situe à la frontière du monde (nature), et hors du monde des hommes (c’est à dire le monde contemporain).”
– Fantasy et Histoire : “Le thème de l’Histoire me semble très représentatif, comme le Moyen Âge est très récurrent, aussi bien dans les titres que sur les pochettes. La fantasy également, car les créatures fantastiques se retrouvent souvent (pas besoin de trop développer je pense). Cependant, la spiritualité aurait pu être une autre option, car le dungeon synth est une musique qui, à mon sens, se prête tout particulièrement à la méditation, la réflexion… […] J’aurais donc tout à fait pu cocher cette option, elle me semble juste légèrement moins pertinente que mes deux choix.”
– Fantasy et Spiritualité : “La fantasy englobe tout un univers qui regroupe un certain rapport à la nature, au passéisme, aux anciens mythes et à une esthétique médiévale un peu rêvée. La spiritualité verse dans l’aspect plus onirique ou ésotérique que peut revêtir le dungeon synth.”
– Nature et Fantasy : “La nature par la parenté avec le black metal ; la fantasy par la parenté avec l’univers des RPG et la fiction en général. La spiritualité ne me semble pas être un thème si décisif, et le dungeon synth est beaucoup plus dans la fiction et l’imagination que dans l’Histoire à proprement parler.”
Selon vous, si le dungeon synth devait être politisé, de quel bord devraient venir ses idées ?
1) Non politisé (84,2 %)
2) Extrême droite (26,3 %)
3) Extrême gauche (10,5 %)
4) Droite / Centre / Gauche (0 %)
Maxime : « Comme le dégage la scène actuelle dans sa globalité, vous êtes nombreux à penser que le dungeon synth ne doit pas ou n’a pas intérêt à être politisé. C’est l’extrême droite qui vient en seconde position, principalement via l’héritage et le lien de parenté que le genre entretient avec le black metal. Deux votants ont également choisi l’extrême gauche de manière très étonnante, mais il m’est impossible de commenter davantage leur réponse dans la mesure où ils n’ont pas daigné donner d’explication à ce choix à la question suivante. Comme il a été très justement dit dans lesdits commentaires, vous avez été nombreux à estimer que la politique se doit d’être étrangère à un genre musical hors du temps tel que le dungeon synth. De plus, l’absence de paroles est évidemment un frein à la transmission de tout message à caractère politique.«
Dantefever : « Question surprenante, mais qui a le mérite de surprendre. L’époque que nous vivons est particulièrement difficile d’un point de vue politique et surtout sociétal, ce qui oblige de fait, qu’elles en soient conscientes ou pas, les musiques populaires à se placer de manière globale sur un échiquier politique. Je préfère en revanche m’abstenir de commenter les réponses, trouvant la question bien plus intéressante en soi. »
Expliquez cette réponse.
Compilation de réponses
– Non politisé : “Ce n’est pas tant qu’il ne doit pas être politisé, c’est plus que j’ai l’impression que c’est un style qui peut se permettre des rapports idéologiques très variés.”
– Non politisé et Extrême droite : “Non que je sois d’accord avec cette idéologie, mais c’est celle qui prévaut dans le black metal, dont est issu le dungeon synth. Favoriser un dungeon synth apolitique est une opinion que je partage au niveau personnel mais qui ne correspond pas à la réalité, y compris pour un grand nombre de précurseurs. De plus, les thématiques communes au black metal et au dungeon synth, en particulier la vision naïve, romancée et nostalgique de la nature, du passé et l’héritage culturel, sont celles qui sont généralement à la base de l’idéologie des groupes de NSBM (et leurs équivalents dungeon synth). Le dungeon synth entre parfaitement dans la catégorie de « musique apolitéique » d’Anton Shekhovtsov (d’où ma double réponse). Indépendamment de ses propres convictions, dire que le dungeon synth ne doit en aucun cas être politisé, c’est nier ses origines […]. On parle d’un genre qui a quand même été initié par, entre autres, Burzum, Lord Wind, Lamentation…
– Non politisé et Extrême droite : “Je pense avant tout que le dungeon synth n’est pas une musique qui doit être politisée. Cela représenterait un ancrage dans le présent beaucoup trop restrictif pour une musique qui se veut avant tout capable de capturer pour emmener dans d’autres époques fantasmées. Mais s’il fallait vraiment donner une couleur politique, je dirais sans doute un peu bêtement que les thématiques du paganisme et de la terre, que le passéisme et l’exaltation du folklore que l’on retrouve dans le dungeon synth est sans doute plus proche des concepts que l’on peut retrouver à l’extrême droite qu’ailleurs.”
– Non politisé : “Je ne suis pas contre la politisation de la musique, mais je pense que le dungeon synth ne s’y prête pas du tout. C’est un style en grande (écrasante) majorité instrumental, qui peut permettre de « s’échapper » vers des dimensions inconnues (si j’ose dire) ou vers des époques oubliées, donc je pense que des sujets comme la politique doivent être écartés quelle que soit la « branche » dans laquelle l’artiste opère. Sans compter que l’absence de paroles n’est pas l’idéal pour faire passer ses idées.”
– Non politisé : “Le dungeon synth représente certes un enracinement dans notre histoire et notre passé (réel ou imaginé), et en ce sens il devrait s’éloigner des mouvements (généralement de gauche) qui détruisent les racines de notre civilisation. Mais par son côté individualiste, intimiste, il n’a pas à se réclamer d’un mouvement politique, qui est de toute façon une récupération de forces modernes qui éloignent des rivages de l’imaginaire.”
Parmi les artistes suivants, lequel vous semble être le garant de ce qu’est le dungeon synth ?
1) Grimdor (56,3 %)
2) DIM et Erdstall (ex aequo 18,8 %)
4) Skeleton War (6,3 %)
Maxime : « La volonté était ici d’opposer quatre projets normalement connus au style très différent. Grimdor est arrivé en première position de manière assez surprenante en ce qui me concerne, mais probablement le fait qu’il soit le projet le plus récemment mis en lumière a beaucoup joué. Il est également intéressant que certains votants aient mis en évidence le côté black metal du projet pour le considérer comme un digne représentant du dungeon synth. DIM et son style très orchestral n’a finalement rassemblé que peu de votants au regard du succès de ses deux albums, mais peut-être que tout le monde a enfin compris que sa musique, bien qu’extraordinaire, n’est pas à mettre sous la bannière du dungeon synth. Il est un peu décevant de voir Erdstall aussi bas, d’autant que quelques votants ont avoué par la suite ne pas connaître le projet, lui qui a pourtant livré deux albums d’une qualité rare il n’y a pas si longtemps que ça. Skeleton War complète la sélection avec son style chiptune un peu dansant qui colle pourtant parfaitement avec la musique de jeux vidéos dont beaucoup de votants ont parlé dans leur questionnaire.«
Dantefever : « Skeleton War est trop spécifique selon moi, et Erdstall est un projet relativement exigeant. Je pense que Grimdor est le plus basique et le plus classique des quatre choix, et peut-être celui qui représente effectivement le mieux le dungeon synth. Les éléments classiques y sont représentés, bien agencés, l’ensemble est prenant, les thématiques sont classiques. Un bon conservateur du genre, en somme.«
Parmi les artistes suivants, lequel vous semble être le garant de ce qu’est le dungeon synth ?
1) Erang (38,9 %)
2) Fief (33,3 %)
3) Cain (16,7 %)
4) Mausolei (11,1 %)
Maxime : « De même que pour la question précédente, la volonté était ici d’opposer quatre projets très différents stylistiquement. Projet très appréciés au sein de la scène française et francophone, Erang arrive en première position et se paie même le luxe de dépasser Fief, dont la renommée ne cesse pourtant de croire avec le temps. Si je suis d’accord pour reconnaître le dungeon synth de ces deux projets (en ne comptant que les deux ou trois premiers albums de Fief), j’aurais personnellement mis Mausolei et surtout Cain en tête de liste. Mausolei est l’un des seuls projets à maîtriser parfaitement la mélancolie dans le dungeon synth, chose extrêmement rare, et son style un peu abrasif est la définition même du dungeon synth. Quant à Cain, il est l’auteur de l’album Child of Cold, véritable perle qui rassemble toutes les caractéristiques du dungeon synth. Mais les résultats sont ici conformes aux idées développées dans les autres réponses. A noter que plusieurs votants ont à nouveau déclaré ne pas connaître tous les projets proposés.«
Dantefever : « Le plébiscite pour Erang est surprenant, dans le sens où Erang n’a de mon point de vue qu’assez rarement versé dans le pur dungeon synth (sans remettre en question la qualité du projet). Fief, faut-il le répéter encore, fait dans le folk ambient, et non pas dans le dungeon synth au sens strict. J’ai beau adorer ce projet, il ne peut en aucun cas être le garant du genre. Je remarque enfin que le choix le plus évident du lot arrive bon dernier…«
Expliquez ces deux réponses.
Compilation de réponses
– Skeleton War et Fief : “Très difficile comme choix. J’aurais mis Erdstall pour son côté old school, mais Skeleton War a son côté 8-bit qui le rend différent et ferait une très bonne bande originale de jeu vidéo. Pour le second je choisis Fief pour son côté médiéval et lumineux, même si Erang et Mausolei ne déméritent pas.”
– Grimdor et Cain : “On a ici plusieurs types de dungeon synth : DIM, Fief et Erang représentent la « nouvelle école », majoritairement faite à l’aide de VST orchestraux. Le caractère lo-fi (et parfois tout simplement « synth ») a tendance à s’estomper. Ensuite, des projets qui ont déjà le recul et la distance critique : Mausolei et ses beaux sons de claviers « vintage », Erdstall qui opte pour une approche obscure et expérimentale et Skeleton War qui surjoue le lo-fi avec un chiptune plus ou moins ironique. J’ai donc choisi Grimdor, qui joue sur beaucoup de canons esthétiques : c’est à moitié un projet de raw black metal, exclusivement axé autour de Tolkien et avec des sons de synthés très « 90s Rompler ». De plus les pistes dungeon synth sont souvent des intros/outros/interludes, ce qui rappelle la fonction première du dungeon synth (qui est en fait une sorte de spin-off du black metal). Le deuxième choix, Cain, est un groupe de dungeon synth « originel » (avant la « renaissance ») mais finalement assez tardif et avec une qualité de son plutôt bonne par rapport aux standards du genre.”
– Grimdor et Mausolei : “Mausolei fait du dungeon synth très sombre et caverneux, exigeant. Grimdor est plus éthéré, plus onirique. Cela représente bien à mon sens deux versants très importants du dungeon synth.”
– Erdstall et Mausolei : “Erdstall parce que c’est long, répétitif, et ça joue en premier lieu sur l’atmosphère. Certains n’aiment pas mais, désolé pour eux, c’est la recette de base du dungeon synth. Grimdor en deuxième position, même si il s’agit plus d’un projet black metal avec quelques morceaux dungeon synth. Mausolei à cause du côté « dungeon » qui fait honneur au nom du style. Les morceaux de Mausolei possèdent une ambiance vraiment particulière qui, à mon sens, reflètent exactement ce qu’est le dungeon synth. J’aurais aussi pu voter Cain. Ou, dans une veine plus moderne, Erang, que j’apprécie beaucoup également, mais j’ai répondu en considérant les aspects les plus primitifs et originels du dungeon synth.”
– Grimdor et Erang : “D’une part, Grimdor s’inscrit dans la longue liste des projets dungeon synth qui mettent en musique l’univers de Tolkien. Il y en a trop selon moi mais cela représente bien ce style musicale. D’autre part, Erang a créé son propre univers et a composé des mélodies marquantes, évoluant à travers divers styles de dungeon synth. Il n’hésite pas à explorer de nouveaux sons (surtout sur les sorties les plus récentes) et pour cela je trouve qu’il se démarque clairement du reste des projets de dungeon synth tout en proposant toujours des albums de qualité.”
Parmi ces univers de fantasy, lesquels vous semblent être les mieux taillés pour illustrer du dungeon synth ?
1) Univers de Tolkien (88,9 %)
2) Univers de Donjons et Dragons (50%)
3) Univers des Elders Scrolls (27,8 %)
4) Univers de Lovecraft (22,2 %)
5) Univers de Hobb / Univers de Dark Souls (11,1 %)
7) Univers de Warhammer / Univers de Lord Dunsany (5,6 %)
Maxime : « Une écrasante majorité de votants a effectivement estimé que l’univers de Tolkien était le mieux taillé pour illustrer le dungeon synth, bien aidés, il faut le dire, par les dizaines de projets très qualitatifs ayant cette thématique. L’univers de Tolkien est probablement l’univers de fantasy le plus connu, ce qui doit également le rendre plus attrayant, bien que nombreux sont les adeptes de dungeon synth à en avoir marre de voir de nouveaux projets fleurir sur le sujet, et à très juste titre. L’univers de Donjons et Dragons arrive en seconde position, notamment grâce à un ancrage très fort dans le coeur de beaucoup d’adeptes de dungeon synth, c’est un univers qui s’adapte extrêmement bien au dungeon synth old school et chiptune. Il est un poil surprenant de voir l’univers des Elders Scrolls aussi haut dans la mesure où il est très peu représenté dans le dungeon synth, mais son caractère complet joue en sa faveur. L’univers de Lovecraft jouit toujours d’une cote de popularité respectable mais son adaptabilité au dungeon synth est plus que contestable. Le reste de la sélection obtient des scores moins élevés, en grande partie à cause du manque de notoriété des références proposées, malgré une qualité certaine.«
Dantefever : « Tolkien est tout en haut, dans tous les sens de l’expression, ce n’est pas la peine d’en discuter. Lovecraft peut, dans de très rares cas, se prêter au dungeon synth, mais me semble bien plus indiqué pour le cousin qu’est le dark ambient. Les autres univers cités me semblent tout à fait valables, même si je tique un peu en voyant The Elder Scrolls, n’aimant pas l’idée d’un univers qui prend ses racines dans le jeu vidéo. Non pas que je méprise le jeu vidéo, mais plutôt qu’il sous-entend d’emblée une facilité d’accès que je n’aime pas.«
Expliquez cette réponse.
Compilation de réponses
– “L’univers de Donjons et Dragons est l’un des premiers que j’ai découverts, j’aime bien sa cohérence. Le monde de Tolkien est excellent également, mais avec 80% des projets de dungeon synth qui s’y réfèrent, bof pour l’imagination…”
– “Pas besoin d’expliciter les deux premiers [Tolkien et Lovecraft, ndlr], mais je trouve que Lord Dunsany est un auteur trop souvent oublié qui développe des univers on ne peut plus dungeon synth compatibles.”
– “Tolkien est un classique, et est intimement lié au black metal. Donjons et Dragons correspond à un phénomène social extrêmement fort durant les années 80 et 90 […]. Lovecraft est trop horreur et pas assez médiéval, ce serait plutôt un auteur pour le dark ambient (même si Voormithadreth fait un boulot incroyable en terme de dungeon synth exclusivement lovecraftien). Elder Scrolls n’est pas une mauvaise idée, mais Donjons et Dragons me semble plus approprié […].”
– “Les univers de medieval fantasy ont dans notre imaginaire une forte empreinte visuelle qui va immédiatement parler, au moins partiellement, à tout fan du style. C’est pour ça que les univers qui préservent une forme de classicisme fonctionnent bien de manière générale, mais des esthétiques plus « de niche » ne sont pas à proscrire.”
Selon vous, quel pays a la meilleure scène de dungeon synth (ancienne ou actuelle), et pourquoi ?
Compilation de réponses uniquement
– “J’aurais tendance à dire la France, qui a quelques projets très bons, mais sur une base purement numérique de bons artistes, les États-Unis.”
– “Je ne vois pas un pays se dégager en particulier. Je dirai cependant que Voldsom Tapes (Allemagne) est le label qui, pour moi, propose de loin le dungeon synth moderne le plus convaincant.”
– “Les États-Unis probablement. C’est là-bas que je trouve le plus de projets qui me parlent. Mais je ne peux pas expliquer pourquoi, étant donné que les types de cette scène m’insupportent.”
– “Les États-Unis. Tout simplement parce que c’est l’un des pays sinon le pays où il y a le plus de projets dungeon synth, la scène est donc très éclectique (même un peu trop) et tout le monde trouve au moins une poignée de projets à son goût.”
– “Je ne m’intéresse pas vraiment à la nationalité de chaque projet de dungeon synth que j’écoute, la musique n’en est pas impactée à mon sens. Cependant la Finlande, la Russie (notamment grâce à Dungeon Lore Foundation) et la France fournissent un grand nombre d’excellentes formations récentes. Pour ce qui est de la scène ancienne, je pense davantage à la Norvège avec les premières sorties de dungeon synth de la part de musiciens de black metal […].”
Selon vous, à quoi doit inspirer le dungeon synth ?
1) Rêve et Mystère (ex aequo 83,3 %)
3) Voyage dans le temps (66,7 %)
4) Voyage physique et Inconnu (ex aequo 38,9 %)
6) Réclusion et Calme (ex aequo 27,8 %)
8) Confort (11,1 %)
9) Exploration / Évasion / Épique (ex aequo 5,6 %)
10) Peur (0 %)
Maxime : « Les réponses sont ici plutôt variées même si tout le monde s’accorde à souligner l’importance du voyage dans tous les sens du terme, raison pour laquelle le rêve, le voyage, la réclusion et le calme ont été choisis aussi souvent. Les votants semblent également aimer être fascinés par la musique qu’ils écoutent, avec le mystère et l’inconnu. La donnée surprenant est peut-être le score assez faible en ce qui concerne la dimension épique du dungeon synth. Le dungeon synth épique a toujours plus ou moins marché, mais il est à mon sens très répétitif, et dans le mauvais sens du terme. »
Dantefever : « Je ne pense pas qu’il y ait besoin de disserter beaucoup sur ces réponses. Les mêmes musiques peuvent inspirer des choses très différentes d’une personne à l’autre, et cela dépend autant de l’agencement effectif des mélodies que de la personnalité de l’auditeur. Je pense en revanche que le trio de tête est effectivement assez représentatif des trois plus grands piliers d’évocation du genre.«
Y a-t-il un album ou un artiste (plutôt connu) au sein de la communauté dont les thématiques vous semblent totalement étrangères au dungeon synth ?
Maxime : « Ici, je n’ai d’autre choix que de dresser une liste dans la mesure où il est difficile de commenter les choix de chacun. Parmi les projets aux thématiques étrangères au dungeon synth, on trouve RævJäger, Diplodocus (cité plusieurs fois), Lamentum, Lamentation, Grimrik, certains albums d’Erang, ou encore Immateriæ. L’un des votants s’est également interrogé sur la pertinence de certaines étiquettes “dérivées” du dungeon synth. Certains votants étaient également à court d’idée ou ont tout simplement dit que le dungeon synth était un genre ouvert à l’expérimentation.«
Un autre remarque sur le sujet ou sur le sondage ?
Vous avez ici été nombreux à nous remercier pour ce sondage et pour la pertinence de nos questions, c’est à mon tour de remercier tous ceux qui ont pris le temps de répondre à ce sondage et de formuler des réponses parfois très complètes. Et même pour ceux qui n’ont rien fait d’autre que cocher des cases, vos avis nous ont été très utiles. Merci à toutes et à tous.