- France
- Black Metal
- Season of Mist / Les Acteurs de l'Ombre
- 7 mai 2021
L’année 2019 avait été particulièrement importante pour le groupe Seth, dont la formation remonte tout de même au milieu des années 90. Les Bordelais avaient eu la bonne idée d’entreprendre la réédition des Blessures de l’âme, leur premier album longue durée, sorti en 1998 – même si le line-up avait considérablement changé entre temps. Cette digne manière de fêter un anniversaire – cette nouvelle version était assortie de la mention XX ans de blasphème – a entraîné un retour tonitruant sur le devant de la scène. En effet, cette sortie sur un label de choix, en l’occurrence Les Acteurs de l’Ombre, et la tournée considérable qui avait suivi avait de nouveau placé Seth dans la tête de chacun. Avec la sortie de La Morsure du Christ l’année dernière, le groupe a également montré qu’il pouvait faire mieux que surfer sur ses succès passés.
Si l’on est parfaitement honnête, Seth est revenu d’entre les morts et a d’emblée jouit d’une notoriété un peu démesurée au regard des nouveautés proposées à son catalogue. Et ceci alors que Les blessures de l’âme est un album délicieusement énergique qu’il est difficile de ne pas aimer. Cependant, deux ans plus tard, Seth a démontré que son retour n’avait pas été éphémère. À l’occasion de la sortie de son nouvel album, il signe en faveur de Season of Mist, un signe fort. Au printemps dernier, chacun a alors pu croquer dans ce que le groupe a concocté pour la première fois depuis 2014, et La Morsure du Christ n’allait clairement pas laisser son monde indifférent à ses nombreux atouts.
De nouveau, on aurait pu estimer que la communication était tapageuse, mais cette fois, ce qui était vanté revêtait vraiment quelque chose de consistant. La recette du groupe demeure la même : un black metal accessible et très lumineux, éclatant même, duquel rien ne dépasse et où le son est d’une justesse absolue. On pourra également évoquer la dimension quelque peu kitsch de l’ensemble, ce qui n’est pas sans lien avec l’univers du groupe au sens large, mais il n’est pas question de prendre le terme dans son sens péjoratif. Pendant trois quarts d’heure, La Morsure du Christ révèle des titres dévastateurs à n’en plus finir, où chaque riff, chaque chœur est fédérateur au possible.
Nombreux sont les titres qui valent le détour sur cet album, à commencer par le tout premier, un titre éponyme qui met tout le monde dans l’ambiance en une poignée de secondes. Il est agréable de voir qu’un juste milieu est toujours trouvé entre un côté très instinctif et une dimension très aérienne – le titre « Métal Noir » en est l’illustration parfaite. Les claviers occupent une place importante sur une bonne partie de l’album, ce qui renforce évidemment l’impression que l’on a d’être au cœur d’une espèce de fresque black metal où les événements s’enchaînent à une vitesse folle. De nouveau, le traitement réservé au son est de grande qualité et permet d’apprécier la place qu’occupe chaque instrument dans La Morsure du Christ.
Un véritable point culminant pour le black metal français sur l’année 2021, voilà ce que l’on peut dire du dernier né de Seth. Il approche doucement de son premier anniversaire, mais le groupe lui offre en ce moment une résonance toute particulière à l’occasion de sa tournée très réussie. Voilà deux ans que Seth est revenu d’entre les morts pour continuer à commettre ses méfaits, et de nouveau, son travail est de ceux qu’il est bien difficile de ne pas aimer…