Deadlife – Where Dreams Go to Die

by Secluded Copyist

Après un EP nommé Painlessly Lifeless fort bien réalisé, Rafn, le seul artiste du projet solo suédois Deadlife revient avec Where Dreams Go To Die, nouvelle sortie monotitre dont il a le secret. Avec cette production riche d’un seul titre, Rafn s’inscrit toujours dans la même dynamique de surproduction musicale, dans la mesure où Where Dreams Go To Die est la quatrième sortie de l’année pour le projet solo originaire du sud de la Suède. Grâce à cet EP, Deadlife entend bien poursuivre son long périple au travers de la mélancolie et de la langueur.

À peine nous étions nous remis de la douleur corrosive proposée par Painlessly Lifeless que Rafn remet le couvert. Il est inutile de se pencher à nouveau sur la capacité de production titanesque de l’artiste suédois, plus rien n’est susceptible de nous surprendre sur ce point. En revanche, la surprise vient de sa capacité à se réinventer et à réinventer sa musique pour repousser toujours plus loin les limites de son genre musical. Car si l’on peut au moins dire une chose à propos de Deadlife, c’est que sa musique s’inscrit désormais au cœur d’un style de DSBM qui lui est propre.

Where Dreams Go To Die est donc un EP comprenant un seul titre et dont la durée dépasse de peu le quart d’heure de joyeusetés sonores. Les caractéristiques habituelles de Deadlife sont facilement reconnaissables, à savoir, un rythme plutôt lent, une atmosphère froide et acerbe au possible, et, évidemment, un rendu général qui nous fait profiter d’un obscur voyage au delà des simples émotions quotidiennes. Assurément, l’oeuvre de Deadlife ne doit pas être savourée durant des moments de faiblesse. Vis à vis de Painlessly LifelessWhere Dreams Go To Die se situe dans un registre autrement contemplatif. Là où le premier nommé transpirait les pleurs et la géhenne, la dernière sortie de Deadlife se montre un tantinet plus posé et propice à la méditation. Plutôt que mettre l’accent sur la souffrance, Rafn semble nous rappeller, ou nous apprendre, que la douleur a aussi beaucoup de choses à nous apporter. Selon le point de vue que vous adopterez durant l’écouter de cet EP, vous devriez de toute manière voir avec précision et discernement où l’artiste veut en venir, les émotions variant en général énormément d’un individu à un autre lorsqu’il s’agit de Deadlife.

Évidemment, nous restons ici dans quelque chose de très codifié à l’échelle du projet solo suédois. Les instrumentations sont plutôt pauvres, le rythme du titre en question ne varie qu’à deux ou trois reprises, et les chants sont là pour étoffer un piètre ensemble sur le plan technique. Mais c’est justement là que le talent de Rafn doit être mis en lumière. Même avec peu de moyens, il parvient toujours à nous transporter de fort belle manière, et c’est là que réside tout l’intérêt de Deadlife. Le projet solo respire toujours l’authenticité. En revanche, l’embellie graphique perçue lors de la sortie de Porphyria semble déjà envolée. L’artwork de Where Dreams Go To Die frôle le risible, et ce sentiment était déjà perceptible au moment de la sortie de Painlessly Lifeless. Avec une musique aussi riche et évocatrice, un univers graphique poussé et ingénieux pourrait faire office d’apothéose. Regrettable.

Les productions se suivent et se ressemblent pour Deadlife. Ne voyez rien de péjoratif dans cette formulation, Rafn arrive toujours à nous faire ressentir beaucoup de choses en disant peu et en ne faisant varier sa musique que de manière infime. Mais cette recette marche à merveille et la lassitude ne point toujours pas le bout de son nez. Après deux EP monotitres, peut-être allons-nous avoir la chance de nous trouver face à un album aussi riche et réussi que Porphyria ?

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