- Australie
- Dungeon Synth / Space Ambient
- Divine Severance
- 23 janvier 2024
S’il est bien un univers de fiction dont je ne m’attendais pas à reconnaître le caractère dungeon synth, c’est bien celui de Warhammer 40 000, et ceci alors que j’en suis un ardent consommateur depuis belle lurette. Ma rigidité me poussant souvent à adopter un air circonspect lorsque j’ai sous les yeux une sortie dungeon synth n’ayant pas le Moyen Âge — réel ou fictionnel — pour cadre, je n’ai pas donné sa chance tout de suite à The Emperor Protects. Mal m’en a pris, car Astra Telepathica a donné naissance, en janvier dernier, à un album d’une rare justesse.
Pour tous les amateurs de l’univers futuriste, que l’on parle de background, de jeu ou de modélisme, la pochette retient inévitablement l’attention. On y voit un groupe de Space Marines — sans que le chapitre soit clairement identifiable — recueillir la bénédiction de deux Astropathes de l’Astra Telepathica (dont le projet australien tient son nom), département responsable du recrutement et de l’entraînement des psykers au sein de l’Imperium. En général, c’est à ce moment-là que l’on perd les profanes, et pourtant, on pourrait s’étendre sur le sujet. Retenons simplement que l’artiste australien s’adjuge les services d’une montagne de récits pour servir d’illustration à sa musique, l’univers de Warhammer 40 000 étant sans cesse abreuvé de matière narrative, ludique, scénaristique et graphique, pour une foule de factions, depuis 1987.
Revenons à ce qui nous intéresse ici, à savoir la musique. En premier lieu, puisque l’on s’attaque effectivement à quelque chose de conséquent, The Emperor Protects ne pèse pas moins d’une heure sur la balance, une rareté absolue dès lors que l’on parle de dungeon synth. Cette épaisseur n’est pas sans renseigner sur le style de notre artiste. En clair, Astra Telepathica navigue entre deux eaux. D’un côté, on a du dungeon synth plutôt traditionnel et authentique, riche en sonorités texturées ; de l’autre, une espèce de space ambient beaucoup plus contemplatif, parfois marqué par l’usage de sonorités électronisantes qui viennent finalement rappeler que l’univers qui sert de cadre à l’album est bien futuriste. Cette dualité donne son identité à The Emperor Protects et fait de lui un album absolument passionnant à parcourir.
Ressortir des titres de l’ensemble n’est pas aisé, tant chacun d’entre eux participe à rendre compte de la richesse de l’univers de Warhammer 40 000. Sur ce point, on ne peut que s’incliner devant la capacité d’Astra Telepathica à avoir su faire du dungeon synth à partir d’un univers futuriste, grimdark et vaguement fascisant qui ne s’y prête a priori pas du tout. Et pourtant, on se surprend à être prix aux tripes par les percussions de « Astartes Vessel Approaching », à dodeliner face à la rythmique accrocheuse de « Arbites Speeder Chase », et à voyager au son des mélodies très lointaines de « The Emperor’s Remote Moons », ce dernier étant riche d’un caractère hautement apaisant que n’aurait pas renié un certain Fogweaver.
L’approche est sans doute inhabituelle, les connaisseurs ne s’imaginaient probablement pas avoir dans les oreilles un titre aux accents médiévalisants, en l’occurrence « The Farseer », à propos d’un Grand Prophète aeldari, qui compte parmi les meilleurs psykers de la galaxie. Ce paradoxe est la véritable force de The Emperor Protects et ravira les adeptes de l’univers futuriste. Ce dernier semble a priori peu taillé pour le dungeon synth, lui qui est si vertigineux, si astral, si total. Et pourtant, Astra Telepathica parvient à le rendre à portée de main, à faire en sorte qu’il soit proche de ses auditeurs, à le rendre palpable. Et cette prouesse est rendue possible par une admirable maîtrise du style, qui rend chaque titre absolument passionnant à explorer.
Pour les amoureux de Warhammer 40 000, The Emperor Protects est une énorme friandise qui fourmille de références à leur univers favori. Pour les autres, il reste la musique, mais quelle musique ! Je me sens désormais coupable de n’avoir donné sa chance plus tôt au dernier né d’Astra Telepathica. Une heure durant, le voyage est spendide et total, aux confins de l’univers. Depuis Immateriæ et la sortie de son album Leere en 2019, personne n’avait aussi bien mélangé les considérations authentiques du dungeon synth, et celles, plus distantes et aériennes, de l’espace. Cela doit être porté au crédit d’Astra Telepathica, qui a signé, dès le mois janvier, l’un des albums marquants de 2024.
Automatic translation. In our articles, we constantly strive to incorporate stylistic value to make our writing more vibrant and to best honor the music we analyze, but naturally, we are only capable of such a level of writing in French. Please keep in mind that some phrases and stylistic nuances might be altered by the tool.
If there is one fictional universe I did not expect to recognize as dungeon synth, it is Warhammer 40,000, even though I have been an ardent consumer of it for a long time. My rigidity often leads me to adopt a skeptical air when I encounter a dungeon synth release that does not have a medieval — real or fictional — setting, so I did not give The Emperor Protects a chance right away. That was a mistake, because in January, Astra Telepathica gave birth to an album of rare precision.
For all fans of the futuristic universe, whether we’re talking about background, gaming, or modeling, the cover inevitably catches the eye. It shows a group of Space Marines — without the chapter being clearly identifiable — receiving the blessing of two Astropaths of the Astra Telepathica (from which the Australian project takes its name), the department responsible for recruiting and training psykers within the Imperium. Generally, this is where we lose the laypeople, and yet, we could elaborate on the subject. Let’s simply note that the Australian artist uses a wealth of stories to illustrate his music, with the Warhammer 40,000 universe being constantly nourished by narrative, gaming, scenaristic, and graphical material for a multitude of factions since 1987.
Let’s return to what interests us here, namely the music. First of all, since we are dealing with something substantial, The Emperor Protects weighs in at no less than an hour, an absolute rarity when it comes to dungeon synth. This length gives us an indication of our artist’s style. In short, Astra Telepathica navigates between two waters. On one hand, we have rather traditional and authentic dungeon synth, rich in textured sounds; on the other, a sort of space ambient that is much more contemplative, sometimes marked by the use of electronic sounds that ultimately remind us that the universe the album is set in is indeed futuristic. This duality gives The Emperor Protects its identity and makes it an absolutely fascinating album to explore.
Picking out individual tracks is not easy, as each one contributes to showcasing the richness of the Warhammer 40,000 universe. On this point, one can only admire Astra Telepathica’s ability to create dungeon synth from a futuristic, grimdark, and vaguely fascistic universe that initially seems completely unsuited to it. And yet, we find ourselves moved by the percussion in “Astartes Vessel Approaching”, nodding along to the catchy rhythm of “Arbites Speeder Chase”, and traveling to the distant melodies of “The Emperor’s Remote Moons”, the latter being rich with a highly soothing character that Fogweaver himself would not have disowned.
The approach is undoubtedly unusual, connoisseurs probably did not imagine hearing a track with medieval accents, specifically “The Farseer”, about an aeldari Farseer, who is among the best psykers in the galaxy. This paradox is the true strength of The Emperor Protects and will delight fans of the futuristic universe. The latter seems at first glance ill-suited for dungeon synth, being so vertiginous, so astral, so total. And yet, Astra Telepathica manages to make it accessible, to bring it close to its listeners, to make it tangible. This feat is made possible by an admirable mastery of the style, which makes each track absolutely fascinating to explore.
For lovers of Warhammer 40,000, The Emperor Protects is a huge treat teeming with references to their favorite universe. For others, there is still the music, but what music! I now feel guilty for not giving Astra Telepathica’s latest release a chance sooner. For an hour, the journey is splendid and total, to the far reaches of the universe. Since Immateriæ and the release of his album Leere in 2019, no one has mixed the authentic considerations of dungeon synth with the more distant and ethereal ones of space as well. This must be credited to Astra Telepathica, who has created one of the standout albums of 2024 right from January.