ElixiR – Le Conte des Trois Faunes

by Secluded Copyist

Au sein de la scène française, un nom revient souvent et agit comme un porte-étendard légitime, celui d’Erang. Cependant, puisque l’on en est à considérer l’ancienneté des projets, il en est un autre qui mérite beaucoup de considération pour l’ensemble de son œuvre, ElixiR. Depuis 2013 — c’est-à-dire bien avant que le dungeon synth ne devienne « à la mode » —, le projet bicéphale gratifie son public d’un dungeon synth folk et champêtre tout à fait agréable. Malgré de valeureuses expérimentations — je pense notamment à The Cursed Sorcerer, dont les thématiques sont éloignées des habitudes du genre —, il est plaisant de constater qu’ElixiR revient à ses premiers amours.

Si l’on occulte l’album The Cursed Sorcerer et une compilation réalisée avec ses compères de Shelob et Malfete, la dernière émission d’ElixiR remonte à juin 2018, autant dire une éternité pour un projet qui s’était montré très actif à partir de fin 2016. J’ose espérer que personne n’a oublié le charme absolu de Queen of the Silver Stone. ElixiR signait donc son retour en septembre dernier avec Le Conte des Trois Faunes, un album que l’on sait riche de ce que le projet sait faire de mieux. On sait le dungeon synth et les genres qui lui sont affiliés particulièrement portés sur la dimension graphique qu’ils peuvent revêtir. Ce nouvel album ne pouvait pas mieux briller sur ce point, tant l’artwork réalisé par Joan Llopis Doménech fait mouche par l’immersion qu’il procure.

Quant au contenu musical, il est parfaitement conforme à ce à quoi ElixiR a pu nous habituer, c’est-à-dire à des mélodies enchanteresses au possible et à une atmosphère générale très forestière. Treize titres de longueur honorable sont là pour matérialiser par la musique la forêt attrayante que l’on distingue sur la pochette du Conte des Trois Faunes. Tous les registres sont représentés sur cet album ; des titres se montrent plus intimistes que l’ensemble, assez foisonnant dans sa globalité, comme « La porte du deuil », là où d’autres jouent admirablement la carte orchestrale pour arriver à leurs fins. Le titre introductif « La forêt d’émeraude » en est le meilleur exemple.

Tout un lore se situe d’ailleurs dans l’univers d’ElixiR, comme c’est souvent le cas, justement, au sein de la scène française. De nouveau, il est de bon ton de citer Erang. Il est ainsi particulièrement agréable de parcourir les quelques lignes expliquant la genèse de l’album en contexte, de manière à mieux cerner les intentions animant les trois faunes présents sur la pochette de l’album. Le dungeon synth nous habitue régulièrement à ce genre d’apparat, et pourtant, on ne s’en lasse jamais vraiment. À la lumière de ce court récit, plusieurs titres prennent une dimension nouvelle, « Le passage luisant » et « Sur un air de domra » en tête.

Il est effectivement plaisant de retrouver ElixiR, l’ElixiR de Queen of the Silver Stone et de Forgenoir, celui qui nous a fait rêver maintes fois au son de son dungeon synth tantôt bucolique, tantôt verdoyant, parfois les deux à la fois. Une douce vague de nostalgie pourrait poindre à l’écoute d’un album qui rassemble tout ce que le projet sait faire de mieux. Chiroptera Records a eu la bonne idée d’offrir une édition physique au Conte des Trois Faunes, qui, avec la pochette qui est la sienne, a tout du bel objet de collection.

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