Potion Mystique – Demo

by Secluded Copyist

Sitôt les dernières chaleurs de l’été envolées, il faut croire que tous les artistes de dungeon synth prennent le sentier feuillu naissant qui mène lentement mais sûrement aux considérations plus sombres de l’automne. C’est cette période de l’année que le projet français Potion Mystique (Feu de Saint-Antoine) a choisie pour émerger des vapeurs de son chaudron et dévoiler sa toute première sortie. Un peu en avance, cette dernière est riche du climat à la fois étrange et chaleureux qui distingue les albums voyant le jour au mois d’octobre. Et le mélange des genres qui donne corps à son contenu vaut le détour.

Énigmatique, Potion Mystique l’est bien avant que le premier curieux venu ne décide de jeter un œil aux sept titres qui composent cette première sortie. Avec ce logo proprement illisible dessiné à la main à partir de symboles ésotériques et cette pochette on ne peut plus minimaliste arborant la silhouette d’un diablotin, le ton est donné. De plus, votre narrateur a du mal à cacher son affection pour le dungeon synth — nous reviendrons sur la pertinence d’une telle étiquette — ayant pour thème les volutes complexes de l’alchimie. Une fiole ou un alambic sur une pochette, c’est déjà l’assurance d’une certaine aventure. N’y voyez aucun lien avec la boisson (encore que).

Dès son titre introductif, la démo de Potion Mystique indique à son auditoire que la suite des hostilités brillera par son originalité, comme en témoignent ces sonorités électroniques vintage et vaguement pop. La suite ne déçoit pas. Non content de faire l’usage de claviers aux tons surannés, l’artiste leur adjoint un black metal plutôt cru complété de chant éraillés en arrière-plan. Lors de la première écoute, ça fait drôle. Prises individuellement, ces deux composantes — dungeon synth et black metal — ne se distingueraient sans doute pas particulièrement. En revanche, associées l’une à l’autre, la donne change complètement et c’est le toupet de Potion Mystique qui est récompensé.

Malgré la saleté de la dimension black metal, il ressort quelque chose d’un brin sautillant et narquois de cette première démo, grâce, sans nul doute, aux mélodies entraînantes qui sont l’œuvre des claviers. « Conspiration synthétique » en est un bel exemple. Bien que la démo soit finalement assez peu accessible au premier venu, l’écoute est récompensée et permet la découverte d’une atmosphère atypique qui ravira les adeptes des méandres macabres du dungeon synth halloweenesque. Du reste, on retiendra de la part de Potion Mystique une certaine audace quant au style de sa toute première démo, même si l’artiste avait déjà montré son affection pour les ambiances gothiques via son autre projet, Feu de Saint-Antoine.

À la manière d’un Castle of Otranto sous acides — qui est lui-même bien entamé au demeurant —, Potion Mystique livre une première sortie étonnante qu’on ne se lasse pas d’explorer. Si le dungeon synth à relents gothiques et horrifiques est rarement pertinent, on peut se féliciter d’avoir entre les mains une démo cohérente et très rafraîchissante. À coup sûr, Potion Mystique figurera au menu de nombreuses soirées pluvieuses d’automne.

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