- France
- Dungeon Synth
- Indépendant
- 2 février 2024
Wydraddear refait son apparition, au cœur de l’hiver, plus de six mois après son dernier album — si l’on considère que The Archives – Volume 1, sorti en novembre dernier, ne fut qu’une espèce de compilation. Paré, comme d’habitude avec le projet français, d’éditions physiques très propres et soignées, Threshold of the Brave emmène de nouveau l’auditeur parcourir les énigmatiques contrées imaginées par l’artiste. Sans surprise, le ton demeure inchangé, Wydraddear n’ayant pas besoin de le faire dévier d’un iota pour continuer à captiver ses séides. Tour d’horizon d’une nouvelle performance remarquable.
À l’occasion de la sortie de ce nouvel album, Baddoar nous conte l’histoire d’un monolithe bien particulier nommé Lribaa, pour la simple et bonne raison que celui-ci prend la forme d’une imposante épée de pierre. Un lieu réservé aux braves, qui ne se dévoile qu’après avoir prouvé sa valeur. Chaque nouvelle sortie de Wydraddear permet d’enrichir un peu plus un univers que l’on imagine morne et nappé de mystères, cette vision très personnelle n’étant pas sans lien avec les considérations techniques propres à la musique du projet. Sans faire évoluer sa recette, disions-nous, l’artiste s’appuie toujours sur une pléthore de claviers aux relents plaintifs et caverneux. Pour un résultat peut-être moins enveloppant que par le passé.
Threshold of the Brave est un album qui se dévoile sur la durée, presque par récompense. N’espérez pas être pris aux tripes dès les premières notes de « Silent Gathering » par des nappes d’outre-tombe destinées à faire trembler votre intérieur. D’ailleurs, les premiers titres se montrent assez beaux et touchants, à leur façon. Une analyse qui saute rarement aux yeux dans le cas de Wydraddear. Pour le reste, on est ici en terrain conquis. Si la parole diffère quelque peu, la manière reste inchangée. Les instrumentations utilisées par Wydraddear sont reconnaissables entre mille et le sont de nouveau sur Threshold of the Brave. On a beau dire, ça aura toujours un côté réconfortant, et de toute manière, Baddoar a suffisamment de projets sur lesquels il peut s’amuser pour se faire le garant de l’identité de son entité principale.
Pour ce qui est des titres, « The Chant » se permet une forme un peu différente, là où « Drums of Yielfindor » se démarque par sa richesse sonore. Mais c’est un autre titre qui se dégage particulièrement de ses pairs, « Litany For Torments ». Situées au cœur de l’album, les trois petites minutes qui lui donnent corps sont imprégnées d’un rythme plus rapide et d’une espèce de tension qui est absente des autres titres de Threshold of the Brave. Une vraie plus-value pour épaissir l’écoute de ce dernier, dont les accents plus aériens qu’à l’accoutumée feraient presque oublier que Wydraddear a gagné ses lettres de noblesse en opérant dans le rampant et l’incertain. Mais finalement, peu importe le registre dans lequel il évolue, le projet français fait mouche.
Nouvelle sortie et nouvelle réussite pour Baddoar. Bien que ses projets annexes se multiplient — et permettent par la même occasion de se rendre compte que ses talents ne se limitent pas au dungeon synth —, l’artiste français prouve une nouvelle fois que son entité principale occupe une place bien particulière dans son imaginaire musical. Plus accessible et moins sale que ses prédécesseurs, Threshold of the Brave n’en demeure pas moins un album réussi et très agréable à explorer.