- Article initialement publié sur le Repère des Reclus
- États-Unis
- Dungeon Synth
- Realm & Ritual
- 15 juillet 2020
Au début du mois, à l’occasion de la chronique du très bon nouvel album de Morketsvind, j’écrivais que le cru 2020 en matière de dungeon synth était jusqu’alors plutôt discutable. Exigences trop élevées ou année réellement en deçà des précédentes, chacun son point de vue. Ceci étant, ces dernières semaines, une poignée de sorties sont venues éclaircir l’été à l’aide de leurs claviers bien lourds et poisseux, et la première sortie de Disgraced Knight en fait partie. Nouveau venu au sein de la sacrosainte scène américaine, le projet risque fort de se tailler une petite réputation aux yeux des adeptes de dungeon synth traditionnel.
L’album — qui porte le même nom que son géniteur — accueille son public avec l’introduction très décharnée de « A Thousand Daggers at My Back ». D’emblée, le ton est donné ; on comprend de suite que l’on a ici affaire à quelque chose d’assez cru et authentique sur le plan sonore, sans pour autant tomber dans la facilité du dungeon noise. Des plages de synthétiseurs plus ou moins rugueuses se superposent pour donner naissance à des titres suffisamment colorés pour ne pas lasser, et suffisamment sombre pour rappeler aux jeunes aventuriers que nous sommes que le contenu de l’album dépeint quelque chose de sinistre. On pourrait presque voir de la langueur dans le côté lent de Disgraced Knight, si toutefois son message n’était pas aussi martial.
En effet, peu importe le titre, les tambours battent la cadence en fond pour soutenir des claviers parfois un poil épiques, ce qui n’est pas sans faire référence à quelque bataille de l’époque médiévale sur le point d’être donnée. Malgré son évident côté minimaliste, le premier album de Disgraced Knight parvient à faire s’évader son public sans la moindre difficulté, en grande partie grâce à la consistance que l’artiste est parvenu à procurer à ses claviers. Le duo formé des titres « Blood, Sweat… and Heavy Iron » et « Kings and Corpses » en est un très bon exemple. De son côté, le titre « Bugger It All » rappelle presque le style du véritable maître du dungeon synth mélancolique, Mausolei. Une comparaison flatteuse s’il en est. L’artiste a le mérite d’utiliser un son électronique bien dense et épais qui ne manque pas de rallier les adeptes de dungeon synth originel à sa cause.
Un album linéaire, certes, mais un album qui regorge malgré tout de petites sucreries pour qui aime les manifestations sombres du dungeon synth. Disgraced Knight se fait ainsi le porte-bannière de la branche du dungeon synth qui sent toujours la pierre millénaire et les vieux claviers Korg, et cette caractéristique le rend d’autant plus appréciable. Son premier album jouit pour le moment d’une audience respectable au format digital, en attendant une sortie physique chez Realm & Ritual au mois de novembre. Et comme souvent en dungeon synth, quelque chose me dit que les cassettes mises à disposition ne feront pas long feu.