- Article initialement publié sur le Repère des Reclus
- États-Unis
- Lo-Fi Dungeon Synth
- Indépendant
- 6 octobre 2021
Quand bien même la période serait propice à la mise à l’honneur du dungeon synth plus ou moins lié à l’automne et à Halloween, on serait de mauvaise foi si on se contentait de cela sans mettre à l’honneur ce qui a pu être fait à côté. Outre-Atlantique, un artiste que l’on connaît bien (Haunted Realm, Disgraced Knight, Grimsword, entre autres) a souhaité poursuivre ses pérégrinations en direction du dungeon synth médiévalisant et vaguement lo-fi, bien que dans une posture moins épique et râpeuse que dans le cas de Disgraced Knight. Voici donc Defender, bien décidé à se montrer plus introspectif et pictural que son aîné.
Même si le lien de parenté avec Disgraced Knight semble évident au premier abord – même géniteur, pochette arborant un heaume –, c’est beaucoup moins criant une fois que l’on pose une oreille sur la première sortie de ce nouveau projet qu’est Defender. Si la dimension lo-fi est bien présente, force est de constater que l’artiste a cette fois-ci laissé de côté le son très dense et sale auquel nous étions habitués. Mais c’est sur l’atmosphère générale que Defender se démarque réellement. Avec ses mélodies lentes et répétitives, l’album se mue en tableau étonnamment pictural, à un niveau assez surprenant pour un album dont le contenu se veut aussi minimaliste.
La quasi-totalité des titres présentent le même schéma de composition : on a d’abord un thème principal plutôt long et redondant, au-dessus duquel vient se greffer – généralement vers la moitié du titre – une mélodie un poil plus enjouée, de manière à apporter un peu de couleur et de relief à l’ensemble. Dit comme cela, tout ceci semble bien pauvre, et c’est en partie vrai. Le problème est bien connu des amateurs du genre : peut-on passer outre la sobriété de l’ensemble et simplement se laisser porter par les mélodies et le grain si particulier des claviers ? Dans le cas de Defender, il aisé de répondre par l’affirmative. On ira même jusqu’à dire que certains titres peuvent se targuer de posséder une certaine dimension dansante – toutes proportions gardées – qui poussent à dodeliner gaiement, citons « Grey Skies Over the Battlefield » ou « Banners of War, Heralds of Doom ». On ne peut que saluer la volonté de l’artiste de vouloir travailler un tant soit peu ses mélodies, là où la tentation de livrer quelque chose de drone ou de sale – le choix de la facilité en somme – devait être forte.
Il y a finalement assez peu de choses à dire sur la première sortie de ce nouveau projet, et le plus judicieux est encore de se faire sa propre opinion. L’artiste américain n’a visiblement jamais assez de projets pour dire tout ce qu’il a à dire. Defender est en effet l’énième entité d’une liste déjà bien garnie. Ceci étant, on ne saurait trop fustiger cette tendance, Defender est un projet qui apporte une vraie plus-value par rapport à tout ce que l’artiste a pu faire par le passé. Loin d’être révolutionnaire mais intéressant malgré tout.