ElixiR – Forgenoir

by Secluded Copyist

Quelques mois après la sortie très remarquée de Queen of the Silver Stone, et quelques semaine seulement après celle de Ruin of Old Things, voici qu’ElixiR récidive. Place cette fois-ci à Forgenoir, qui s’offre à nous à l’aide d’un mystérieux artwork monochrome. Les sorties pleuvent à n’en plus finir pour le projet originaire du sud-ouest. Jusqu’à présent, la qualité est plus qu’au rendez-vous, y compris pour Ruin of Old Things, qui n’a pas été évoqué ici-même au moment de sa sortie, et qui pouvait faire office de panier à reprises pour quiconque savait tendre l’oreille. Qu’en est-il de la nouvelle sortie du musicien français ?

Si l’on considère que Ruin of Old Things constituait une espèce de parenthèse dans l’évolution du projet, car il s’agissait là d’un album composé de titres ayant été retirés à de précédentes sorties, on peut affirmer sans trop se mouiller que Forgenoir reprend la vie d’ElixiR là où Queen of the Silver Stone l’avait laissée. Et là où ce dernier pouvait se montrer enchanteur, magique et féerique, force est de constater que Forgenoir fait preuve d’une certaine mélancolie et est marqué par une évidente volonté de transmettre des émotions contraires à ce qui était en vigueur sur l’album précédent. Un rapide coup d’œil à la genèse de l’album nous apprend que le thème du deuil n’est pas à mettre de côté, et l’artwork maussade représentant le château de Bridoire (Dordogne) n’est pas là pour nous faire penser le contraire.

Mélancolique, Forgenoir l’est via des pistes lentes et portées sur des sonorités vaporeuses et propices à la méditation, telles que « Ancient Tale » et « Entering the Goddess Church ». Dans le cas de cette dernière, le contraste est parfois frappant vis-à-vis du reste de l’album. Mais si vous connaissez ElixiR, vous savez bien évidemment qu’il faut bien plus qu’un léger changement de registre pour lui porter préjudice. De plus, on retrouve quelques sonorités ayant été traitées avec beaucoup de réussite qui partagent des similitudes avec celles présentes sur The Mage of Bright Forest. Le mélange des registres est assurément ce qui fait la force de ce nouvel album, car il se limite pas à ce qui vient d’être évoqué.

Certaines sont en effet tout à fait festives, et l’opposition n’est pas dérangeante pour un sou. « Woodland Shrine », qui succède pourtant à l’intrigante « Ancient Tale », est de toute beauté et rappelle que l’artiste excelle dans cette branche plus chaleureuse du dungeon synth. De la même manière, « Ending Battle » vient faire naître dans cet album quelques accents épiques et belliqueux qui sont du plus bel effet. Avec quatorze titres pour une heure de musique de qualité, soyez certains de pouvoir vivre un moment d’exception à l’écoute de Forgenoir. Une heure, ça peut être très long lorsque le charme et la beauté ne sont pas au rendez-vous. Mais dans le cas présent, vous ne verrez pas le temps passer.

Les pistes sont très riches et plutôt différentes les unes des autres, ce qui nous amène à vivre une expérience très singulière, parfois au milieu d’un clairière, parfois tapi derrière d’épaisses murailles. La variété, dans le dungeon synth, ça fait toute la différence. On a finalement l’impression de voyager de tableau en tableau au sein de quelque épopée fantastique, et la cohérence de la démarche est soulignée par un travail de composition sans faille. Comme toujours lorsqu’il s’agit d’ElixiR.

Si vous êtes particulièrement conquis par le dernier album du projet français, guettez l’horizon avec attention, il se murmure avec enthousiasme que le label Obscure Dungeon Records pourrait sortir l’album au format physique, comme il l’a fait pour Queen of the Silver Stone. Aborder un album tel que celui-ci, c’est finalement très simple. Il suffit de se mettre au calme, de s’installer confortablement, de fermer les yeux, et de se laisser bercer de manière doucereuse et subtile par l’enivrante fable proposée. Pourquoi chercher plus compliqué ?

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