Sabaton – The Last Stand

by Secluded Copyist

Deux ans après le mitigé Heroes, Sabaton et son heavy power revient sur le devant de la scène avec The Last Stand, un album concept tournant autour du thème des batailles décisives et autres baroud d’honneur. Un album décisif puisque, contrairement à son prédécesseur, ce nouvel opus regarde à la fois vers le passé et vers le présent, aussi bien au niveau des thèmes abordés que des compositions du quintet suédois.

Si l’on peut reprocher plusieurs choses à Sabaton il est indéniable qu’il s’agit ici d’un des groupes aux morceaux les plus épiques et aux performances live les plus incroyables de la scène heavy actuelle. Cet album ne déroge pas à la règle, les chansons sont toujours aussi héroïques que dans les albums précédents, si ce n’est plus. Les thèmes abordés y sont beaucoup plus larges dans la mesure où nous voyageons à travers le temps, de la Grèce antique à la guerre d’Afghanistan en passant par le Japon du XIXème siècle. Cela se vérifie dès le premier titre de l’album, « Sparta », plus lent que les chansons d’ouvertures des albums précédents que sont « Ghost Divison » et « Night Witches », ce morceau est une véritable montée en puissance narrant la bataille de Thermopyles. Ce titre, d’une puissance assuré par des chœurs impressionnants, s’affirme comme étant l’un des meilleurs de l’album, et fonctionnera assurément en live. Ce morceau signe aussi le retour des claviers, qui seront beaucoup plus présent sur l’album.

Vient ensuite « Last Dying Breath », titre plus anecdotique racontant la défense de Belgrade par l’armée serbe lors de la Première Guerre Mondiale, dont le solo, un peu plus mélodique, rappelle une influence à la Iron Maiden. Un titre somme toute assez sympathique mais qui ne marquera pas les esprits. Depuis Carolus Rex, Sabaton aime incorporer une chanson aux sonorités plus folk dans ses albums, nous pouvons ainsi entendre dans « Blood of Bannockburn » de la cornemuse et un solo d’orgue qui rajoutent une diversité bienvenue à l’album, ainsi qu’une plus grande authenticité, puisque cette chanson narre une victoire écossaise. « Diary Of An Unknown Soldier » sert d’introduction au premier single de l’album, « The Lost Battalion », notons que nous entendons sur ce court prologue la voix de Jon Schaffer, guitariste du groupe Iced Earth. Le refrain du morceau « The Lost Battalion », bien qu’étant très épique et laissant une grande place aux chœurs, rappelle beaucoup trop « Hearts Of Iron », titre de fermeture de l’album précédent. Fait amusant, la batterie est ici remplacée par des sons de fusils, de revolvers et de couteaux, appuyant sur le côté militaire de cette chanson, qui raconte l’histoire d’une division américaine perdue dans l’Argonne lors de la Première Guerre Mondiale.

« Rorke’s Drift » est assurément le morceau possédant le meilleur riff de l’album qui rappelle les titres plus rapides des premiers albums de Sabaton. Le refrain est accrocheur et les guitares, donnant l’impression de s’affronter lors du solo, font de ce titre un des morceaux les plus énergiques de l’album. Après un morceau qui faisait revenir le son emblématique des premiers albums de Sabaton, « The Last Stand », le titre éponyme, vient rappeler l’album Carolus Rex par son ambiance religieuse et son côté grandiose. Une montée en puissance qui se confirme par un dernier refrain des plus majestueux. La chanson devient bien plus héroïque par son thème, qui raconte le sacrifice de la garde suisse pour permettre au pape de fuir lors du sac de Rome en 1527. Il s’agit probablement d’un des titres les plus épiques de l’album et qui sera sûrement tout aussi impressionnant en live.

« Hill 3234 », à la manière de « Rorke’s Drift », est une chanson rapide davantage centrée sur les guitares que sur les claviers, qui rappelle les premiers albums. Mais le morceau est ici moins remarquable par ses riffs moins accrocheurs et son refrain plus anecdotique. Un titre qui ressemble plus à du remplissage. Viennent ensuite « Shiroyama » et « Winged Hussars », qui, bien qu’épiques, souffrent du même défaut que The Lost Battalion, à savoir, l’auto-plagiat. « Shiroyama », qui nous projette au temps des derniers samouraïs, est un morceau qui rappelle beaucoup trop « Midway », et, « Winged Hussars », racontant la charge épique des cavaliers polonais lors du siège de Vienne en 1683, met au premier plan les claviers qui nous rejoueraient presque « The Art Of War ». Deux morceaux loin d’être mauvais mais qui font simplement office de déjà vu, et c’est regrettable étant donné les thèmes héroïques avancés, soutenus par des chœurs toujours aussi présents. Notons que si l’on tend l’oreille, on peut même entendre la voix de Floor Jansen, chanteuse de Nightwish, lors des chœurs de « Winged Hussars ».

Sabaton a parfois été décrit comme produisant du ABBA mêlé à du metal, cela se confirme par le morceau concluant l’album, « The Last Battle », un titre au refrain très pop mais qui mêle aussi des influences propre au hard rock des années 80, notamment celui d’Europe. Un titre des plus agréables qui ferme bien l’album. Avec The Last Stand, Sabaton regarde vers son propre passé, parfois en bien (« Rorke’s Drift », « The Last Stand ») parfois en mal (« The Lost Battalion », « Winged Hussars »). Fortement influencé par des classiques du heavy et du hard rock, cet album est donc peu innovant bien que très agréable à l’écoute. Le chant de Joakim Brodén est peut-être un peu plus mélodique et moins brut que par le passé, et le retour en force des claviers ainsi que des chœurs toujours plus grandiloquents font de cet album une ode à l’héroïsme qui ne manquera pas de faire frissonner.

S’il présente des morceaux plus divers, les structures des chansons sont presque toutes les mêmes et les paroles sont parfois un peu ridicules. Ce sont bien là deux défauts que Sabaton traîne depuis ses débuts, et ce n’est pas cet album qui changera la donne en ce qui concerne ce point de vue. Nous constatons aussi un sentiment de frustration qui se dégage de l’album, puisqu’il est très court, et l’on reste ainsi un peu sur notre faim.

Bien plus homogène et plus diversifié que Heroes, The Last Stand est un album énergique qui met de bonne humeur qui sera peut-être plus apprécié des néophytes de Sabaton que des fans de longue date. Une chose est sûre, le groupe suédois n’a rien perdu de son côté épique et certains morceaux de cet album sont appelés à devenir des hits en live, où Sabaton trouve son véritable intérêt.

You may also like