Arsule – La Cité Enfouie

by Secluded Copyist

Mine de rien, depuis quelques temps, la scène dungeon synth de France s’impose de plus en plus. Sans doute est-ce grâce à une communauté très soudée et porteuse, pleine d’artistes de talent proposant une musique personnelle et de grande qualité. Et à propos de talent et de qualité musicale, il était temps, enfin, de parler d’Arsule, nouvelle personnalité du microcosme dungeon synth français.

Mais faisons d’abord les présentationscar Arsule livre avec La Cité Enfouie son premier album. À peine vingt petites minutes, un artwork fabuleux, et une patte que l’on qualifie volontiers d’unique. Rien qu’avec ceci, vous devriez déjà avoir envie de vous pencher sur l’album. Intéressons-nous pourtant à l’oeuvre entière avant de faire un éloge basé sur l’apparence. Négligeons quelques instants l’aspect graphique pour nous pencher sur la musique en elle-même. Et croyez votre serviteur, vous ne pourriez être déçus.

La première piste commence par une mélodie assez lente, presque processionnaire, simple et immédiatement prenante. Après quelques mesures, de fines notes viennent se glisser dans la mélodie pour la densifier et y adjoindre une touche plus diffuse et rêveuse. Tout ce qu’il y a à faire, c’est de suivre, d’un regard déjà troublé, les volutes cramoisies de la pochette pour entrer dans l’univers d’Arsule. Comme entrée en matière, on a décidément vu pire. Honnêtement, il est difficile de ne pas être séduit par l’enchaînement que constituent « La Source » et « La Procession des Hauts Flambeaux ». On arpente déjà un paysage onirique et mystique, moins sombre peut-être que ce que nous sommes habitués à voir dans le dungeon synth. Immédiate et enchanteresse, Arsule parvient à hypnotiser en un temps record. Ne vous laissez d’ailleurs pas gâcher le plaisir par ces fins trop abruptes, qui mériteraient toutefois d’être quelque peu alanguies dans le futur.

« Les Portes » prend la suite avec une atmosphère un peu plus conventionnelle. Plus de splendeur, plus d’éclat et de grandiloquence, avec ces cloches d’église et ses notes de clavier superbes en fond. On s’imagine volontiers passer la herse d’une immense cité tissée de sortilèges. Arsule a le mysticisme à fleur de peau, et le prouve dans chacune de ses titres. « L’Allée du Peuple Pétrifié » prend la suite, avec son excellente mélodie de cordes pincées. Fief n’est pas loin ! En revanche dans le titre suivante, « Errance dans le Dédale aux Chimères », c’est Lunar Womb qui s’invite, avec ces rythmes champêtres et ce climat de sérénité profonde troublé par de grands rugissements lointains. Le labyrinthe est plaisant, le ciel s’assombrit tout juste, les chimères semblent loin… On flâne, sans peur, sans angoisse, mais avec l’impression de voir une scène fantastique. Celle d’une jeune âme ingénument perdue dans un charmant dédale sans se douter que le danger guette.

« Au Cratère Cramoisi, la Complainte du Volcan ». Tourmente, souffles et grondements, et une voix féminine qui chuchote un texte entre prophétie sombre et naïve et murmure de mauvaise fée. La chanson ne manque pas d’ambiance, on notera en particulier une excellente utilisation des percussions. Enfin, « Le Sanctuaire Luxuriant » s’ouvre sur des voix lui aussi, des chants superbes seulement troublés par une déformation dommageable, soutenus par des percussions. Les oiseaux chantent, une rivière semble couler… La lumière est rouge, comme celle de la pochette, mais moins menaçante que celle qui émane du volcan précédemment exploré.

Et ainsi se termine l’album. Vingt minutes rapidement passées, qui n’ont pas perdu un grain de leur capacité à enchanter tout au long de l’album. Arsule pose une production de taille à faire date dans le petit monde du dungeon synth. La suite est très attendue, et s’annonce de qualité. Une belle fresque, homogène mais non monotone, qui fera sans doute figure de pièce de choix dans le donjon français.

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