Garadrak – Loremaster

by Secluded Copyist

Après avoir dévoilé le single Of War and Loss en mars dernier, cette petite sortie ayant évidemment pris la forme d’un teasing fort alléchant, voici que le nouvel album de Garadrak vient de voir le jour. Après un Questing Knight des plus féeriques, l’artiste tchèque revient avec Loremaster, un album destiné à asseoir définitivement Garadrak à la table des grands du dungeon synth d’Europe. Et avec ce que l’artiste a concocté pour son public avec ce nouvel album, on se dit que la consécration n’est plus très loin pour son projet…

Au royaume du dungeon synth, si l’on considère la terminologie du genre musical dans son sens le plus large, on trouve les projets caverneux et sombres au possible dans les profondeurs. À l’inverse, les projets offrant à la communauté une musique plus légère et sylvestre, voire parfois aérienne, reste à la surface, à la vue de tous. C’est à cette deuxième catégorie qu’appartient Garadrak, lui qui est fort de sonorités très enchanteresses, notamment rendues possibles grâce à la harpe ou un panel impressionnant d’instruments à vent.

C’est d’ailleurs à la harpe que débute Loremaster, avec le titre « Legend of the Loremaster ». D’emblée, on sait très bien où on met les pieds. L’atmosphère est très délicate, voire innocente, et les évocations sont de nature à installer l’auditeur dans une espèce de confort dont seuls quelques projets ont le secret. Mais c’est à partir de « On Roads Undiscovered » que tout le potentiel de mélodiste de l’artiste se révèle au grand jour, avec le tissage d’une ambiance picturale incroyablement douce et prenante. Plutôt que d’être tancé, l’auditeur est ici rassuré et jouit d’un climat propre à l’évasion sans appréhension.

« Highland Sanctuary » se fait quant à lui un poil plus triomphant grâce à ses allures plus orchestrales. Néanmoins, l’insouciance n’est jamais bien loin, et aussitôt que la grandiloquence se fait trop présente, le rythme retombe pour ne laisser place qu’à la subtilité de la harpe. À l’écoute de Loremaster, on comprend pourquoi l’artiste tchèque aime classer Garadrak en tant que projet néoclassique. Il se dégage même quelques aspects baroque de certains titres. On s’éloigne inévitablement du dungeon synth stricto sensu, et pas qu’un peu, mais la richesse de Loremaster ainsi que le voyage musical qui est proposé fait de lui un album incontournable pour n’importe adepte qui n’attache pas trop d’importance à la cohérence des étiquettes utilisées.

Vient par la suite « Memories of the Riverguard », qui est assurément l’un des deux ou trois titres les plus réussis de l’album. Ses mélodies à la harpe, soutenues par un violon un poil plaintif et des instruments à vent puissants, sont absolument de toute beauté au sein d’un album déjà extrêmement agréable. « The Forlorn Keep » jure un peu avec le reste par ses accents plus épiques, mais sans que cela soit dérangeant. Loremaster se termine ensuite sur l’intrigant « Of War and Loss » et sur un « Quiet Farewell » aux évidents accents méditatifs, histoire de clore l’écoute d’un excellent album sur une note émouvante. Garadrak n’a pas fait les choses à moitié.

De retour sur le devant de la scène, le projet tchèque prouve que son talent est presque à la hauteur de celui des plus grands, qui font depuis plusieurs mois ou années la fierté du dungeon synth à tendance folk ou orchestrale. Grâce à des mélodies très touchantes et une production sans faille, Garadrak signe un album qui fera date et qui fait assurément partie des meilleures sorties de l’année en cours.

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