- Article initialement publié sur Heiðnir Webzine
- France
- Black Metal
- Specific Recordings
- 10 juin 2016
Sorti le 21 juin, le tout premier album du duo français Loth est passé relativement inaperçu en dehors d’une partie restreinte de la communauté black metal. Avec un style assez classique, mais toutefois saupoudré de touches atmosphériques et post-rock, Loth a frappé du poing sur la table, et ce, dès sa première sortie. Sobrement intitulé de la même manière que le groupe, nous avons entre les mains un album qui a énormément d’émotion à revendre aux auditeurs souhaitant se laisser porter par un album riche et travaillé.
Si nous devions en premier lieu parler de l’attrait graphique de cet album, nous dirions clairement qu’il n’est pas si engageant que cela. Nous ne dirons jamais assez que les artworks utilisant une image de forêt en noir et blanc sont beaucoup trop nombreux pour être réellement pris aux sérieux. Quant à lui, le logo du groupe sera énigmatique ou franchement raté selon le point de vue que vous adopterai au moment de découvrir l’album. Vous avez correctement pris en note ce qui vient d’être dit ? Très bien, car il s’agit là des seuls points faibles dont Loth fait preuve. Vous l’aurez compris, si seul l’aspect graphique est critiquable, cela signifie, évidemment, que la musique proposée par les deux français est exceptionnelle.
Il n’est nulle question de traiter d’un album révolutionnaire ou dont le côté innovateur bouscule les standards du genre. Non, cet album est simplement efficace, bien construit, énergique et, surtout, cet album fait preuve d’une justesse tout à fait remarquable. Pourquoi s’orienter vers des idéaux expérimentaux ou qui sortent des sentiers battus alors que l’on peut tout à fait produire une musique, certes, plus traditionnelle, mais non moins excellente ? Cet aspect de l’écriture, Loth l’a tout à fait compris, et cette prise de position est tout de suite perceptible à l’oreille. Même si certains passages de l’album, notamment sur l’introduction de « Nemesis Mundane », rappellent une influence post black, le reste de Loth fait étalage de la capacité du duo à rester fidèle à une ligne de conduite relativement neutre. Une musique hautement contemplative nous transporte d’un bout à l’autre de l’album sans que l’on ne remarque quoi que ce soit qui puisse nous faire tiquer quant au rendu général de Loth.
Si vous espérez vous retrouvez face à un album purement et proprement violent, cette production n’est pas faite pour vous, elle est davantage destinée à ceux qui auraient le souhait de se réfugier dans un album qui sait faire voyager son auditeur à travers un étonnant voyage pictural. La musique de Loth ne tombe jamais dans l’excès, elle est reposante et méditative à souhait. Les introductions acoustiques agissent comme des ruptures bienvenues, même au sein d’un album qui ne se montre pas irrespirable pour autant, elles apportent davantage de poésie à une production chargée en mélancolie et en interrogations. Un sentiment de frustration s’emparera de vous au moment de la clôture de l’album, comme si vous auriez souhaité que ce séjour au sein de cette terre de froide féerie dure plus longtemps.
Il est regrettable que l’album proposé n’ait pas eu le rayonnement qu’il mérite, car il s’agit d’un album très réussi et qui a eu énormément de choses à proposer aux quelques auditeurs qui se sont laissés tenter par toute la majesté qui émane de Loth. Laissez vous porter par cet album, vous ne serez absolument pas déçus, et vous ressortirez grandis et revigorés par un périple auditive dont la qualité vous clouera littéralement sur place.