- Article initialement publié sur Heiðnir Webzine
- Suède
- DSBM
- Indépendant
- 12 août 2016
Il y a quelques semaines, ici-même, à l’occasion d’une chronique portant sur l’album Porphyria, nous vantions les mérites de la productivité hors norme de Deadlife. Et pour cause. Depuis la sortie de cet album, Rafn aura sorti My Dead Life pt. II et Painlessly Lifeless, EP monotitre dont nous allons parler aujourd’hui. Pour peu, nous aurions presque l’impression de suivre une série télévisée dont nous retrouvons régulièrement les nouveaux épisodes. Sorti le 12 août dernier, Painlessly Lifeless est un EP fort intriguant qui fait preuve d’une qualité certaine. Mais entendons-nous bien, ce n’est absolument pas surprenant.
Rafn doit cruellement s’ennuyer ou avoir un temps libre titanesque pour nous gratifier d’autant de sorties en si peu de temps. Bien entendu, il ne s’agit pas à chaque fois d’albums complets, mais ses intentions sont louables et nous sommes réellement heureux de découvrir toujours plus de musique de la part de Deadlife au fil des mois. Curieusement, nous ne sommes toujours pas lassés par sa musique, qui peut malgré tout se montrer répétitive, cela grâce, sans nul doute, à une créativité et une imagination qui dépassent les standards en la matière. Un DSBM froid, mordant et lent est à l’origine d’une marque de fabrique reconnaissable à la seconde même où chaque titre débute. Certains y verront de la redondance, je préfère y déceler une formidable capacité à exploiter toutes les facettes d’un style riche et bien défini.
Painlessly Lifeless comprend donc une piste qui frôle les vingt minutes. J’ajouterais simplement que vous ne verrez absolument pas passer cette vingtaine de minutes, mais vous devez vous y attendre si vous êtes familiarisés avec la musique du projet solo suédois. Si la musique de Deadlife se situe habituellement dans un registre lent et atmosphérique propre à la mélancolie et la méditation, vous constaterez sans doute assez vite que Painlessly Lifeless, contrairement à ce que son titre suggère, rappelle un certain aspect plutôt complexe de la douleur. Ainsi, les émotions propres à cet EP se rapprocheront davantage de l’idée que l’on se fait d’une douleur aigre, voire corrosive. Nous sommes surpris de voir se manifester un côté presque élégiaque dans la musique de Deadlife, alors que cette émotion est, à peu de choses près, quasiment inédite au sein de sa discographie. Painlessly Lifeless dévoile des facettes déchirantes qui manquaient presque à la musique produite par Rafn. Cette dernière a toujours fait preuve d’une émotivité bien supérieure à la moyenne, mais le fait d’explorer cette partie de la mélancolie constitue une force inédiable.
La structure du morceau est clairement définie et ne variera pas vraiment, tout comme le rythme, qui demeurera fidèle aux idéaux de Rafn. Le gros point fort de cet EP réside finalement dans l’idée que vous vous en ferez au moment de vous en imprégner. Deadlife fait partie de ces groupes et projets solo qui permettent à l’auditeur de se laisser bercer par la merveilleuse alchimie qui résulte de la fusion de la musique et de l’imagination. Vous apprécierez le fait de pouvoir trouver la musique de Deadlife douce comme violente, à la fois rassurante et enivrante, mais, dans le même temps, empreinte d’une aura délicieusement malsaine et noire à souhait.
Une fois de plus, et sans réelle surprise, Deadlife ne nous a pas déçus. Painlessly Lifeless est un EP que vous écouterez encore et encore, à la recherche de l’essence même de la musique du projet solo suédois. Rafn peut poursuivre son impressionnante dynamique en matière de sortie, pourvu que la qualité soit toujours au rendez-vous, comme ce fut le cas dernièrement. Deadlife est en train de s’installer durablement sur la scène DSBM, et rien ni personne ne pourra empêcher cette majestueuse montée en puissance.