- Article initialement publié sur Heiðnir Webzine par Blackouttalks
Ce que Twisted Sister a réussi, depuis son retour en 2003, est un véritable tour de force. Un accomplissement comme peu de combos issus des années 80 en ont réussi. Après plus de seize ans d’absence et un retour qui a duré 13 ans, Twisted Sister est devenu plus gros qu’il ne l’était avant de stopper sa carrière après Love Is For Suckers. Ses prestations en festivals ont mis tout le monde d’accord à grands coups de pieds au derrière, attisant encore et encore la demande des festivals partout en Europe et du public qui reprenaient à gorges déployées « I Wanna Rock » et autres « We’re Not Gonna Take It » sans plus jamais vouloir s’arrêter.
Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin et en cette année 2016, Twisted Sister est en tournée d’adieu. Un adieu forcé, suite au décès aussi tragique que soudain de AJ Pero en 2015. C’est un autre batteur de Long Island, bien connu des fans de Metal qui a la tâche de remplacer AJ, un choix de luxe puisqu’il s’agit du stakhanoviste Mike Portnoy. Comme nous avons pu le vérifier au Graspop, Mike se veut très respectueux des parties de batterie de son prédécesseur et nous sert donc une version fidèle des morceaux bien qu’un peu personnalisée tout de même (juste ce qu’il faut).
Annoncé au départ comme le dernier show de Twisted Sister au Benelux, on apprendra de la bouche d’un Dee Snider encore en très grande forme ce soir, qu’il s’agit finalement du dernier concert européen de la formation… Et Snider de préciser qu’il ne s’agit pas d’une vulgaire tournée d’adieu à la Scorpions ou à la Judas Priest… Vous imaginez donc l’hystérie qui s’empare du public du Alcatraz, déjà chauffé à blanc mais qui a désormais conscience d’assister à un événement historique.
Alors certes, Twisted Sister n’est pas le groupe le plus fin du monde, mais son son, aussi accrocheur que heavy et mené par un frontman intenable, l’un des tout meilleurs que la scène Metal ait jamais connu, en font le groupe live par excellence. Ici, il n’y a que très peu d’artifices, quelques effets pyrotechniques tout au plus pendant un « Burn In Hell » incroyable d’intensité ou « The Fire Still Burns » qui exprime la passion du groupe pour ce qu’il fait, mais tout simplement un bottage de cul en règle. Le son est énorme et Dee Snider arrive à installer cette camaraderie instantanée avec son public. Le bougre n’a vraiment pas son pareil pour rallier tout le public à sa cause et quand le groupe balance un « You Can’t Stop Rock N’ Roll » dans la face de 15 000 festivaliers, on ne peut que constater l’ampleur des dégâts.
La setlist ne présente que très peu de surprises, si ce n’est « Like A Knife In The Back » et « I Am, I’m Me » tirés de You Can’t Stop Rock N’Roll, peu joués ces dernières années alors qu’ils faisaient systématiquement partie des setlists du groupe l’année de son retour sur les planches. Non, la vraie surprise c’est ce « Tear It Loose », complètement inattendu qui vient prendre sa place avant le définitif « S.M.F. ». Le genre de petit plus qui marque le coup pour une dernière date européenne. On constate également avec plaisir le retour de « Come Out And Play » dans la setlist, juste après les rappels et qui avait été omis lors du GMM, faute de temps de jeu certainement. Aujourd’hui, le groupe ne compte pas les minutes puisqu’il dépassera allègrement l’horaire de fin prévu, de quasiment plus de 30 minutes. Autant dire que nous en avons eu pour notre argent alors que nous devions à chaque fois auparavant nous contenter de prestations oscillant entre 1h et 1h15.
Ce que l’on retiendra inévitablement, ce sont ces sing along impressionnants de ferveur sur « I Wanna Rock » et bien sûr « We’re Not Gonna Take It » dont le refrain sera repris 5 fois par le public après la fin du morceau, une première selon Dee Snider. La séquence émotion arrive avant « The Price » quand chaque membre du groupe y va de son petit speech pour remercier tout le monde, Eddie Ojeda et Jay Jay French n’arriveront pas à retenir de lâcher une petite larme. Snider finit par présenter tous ses petits camarades l’un après l’autre, à commencer par un Mike Portnoy dont le prénom est repris par tout le public. Autant vous dire que le batteur ne s’y attendait pas, mais il en sera de même pour chaque membre avec notamment une énorme ovation pour Eddie et bien sûr, Dee.
Et on pourrait presque résumer ce concert de Twisted Sister à cela. Un énorme moment de communion entre un groupe toujours au top après plus de 40 ans de carrière et de son public, en toute sincérité et sans fard, les Sœurs Tordues ne se maquillant plus depuis 2010. Une chose est sûre, nous venons de vivre un moment rare en clôture de cet Alcatraz 2016. Nous avons dit au revoir à un groupe de légende encore au sommet de sa forme mais dont l’intégrité et le besoin de laisser un souvenir indélébile prime sur le reste. A l’image de certains fans en larmes à la fin du concert, nous avons un goût amer dans la bouche. Pas par la prestation du groupe, qui fut très certainement la meilleure des sept fois où nous avons croisé leur route, mais parce que nous nous rendons compte que les groupes capables de nous faire passer un tel moment et de fédérer tout un festival ne sont plus légions.
En effet, cette année nous disons au revoir à Black Sabbath et à Twisted Sister. L’année dernière c’est Mötley Crüe qui était en tournée d’adieu et Mötorhead, qui avec la mort de Lemmy, laissait orphelins des milliers voire des millions de fans. Et l’an prochain, ce sera sans doute Aerosmith… Alors, il faut profiter de ces moments en compagnie de ces dinosaures qui ont toujours été là, les savourer sans se sentir blasé et se tourner vers l’avenir qu’on espère bien sûr radieux. Pour l’heure, Twisted Sister est rentré encore un peu plus dans la légende. Une chose est certaine, on ne les oubliera pas de si tôt et ils vont nous manquer !