The Great Old Ones + Nature Morte – Wasquehal

by Secluded Copyist

Quoi de mieux, après avoir trimé au bureau pendant une semaine, que de se retrouver dans le cadre d’un concert ? Chez Cerbère Coryphée, on y a peut-être pensé au moment de prévoir cette date axée post-black metal au Black Lab, à Wasquehal. Et quelle date ! En effet, la venue de The Great Old Ones dans l’antre lilloise constitue un petit événement, et sans doute que le public de la métropole et d’ailleurs s’est senti privilégié de pouvoir assister à la prestation des illustres Nantais. Première étape d’une petite tournée de trois dates dans le nord-est de la France et en Belgique, le concert du soir se déroule avec les Parisiens de Nature Morte.

Situé au cœur d’une zone industrielle passablement glauque, le Black Lab ne jure pas tant que ça avec ses environs, bien que l’endroit soit connu et reconnu pour la sympathie de son cadre et la chaleur de ses soirées. Avec deux groupes à l’affiche, il est permis de prendre quelques libertés quant aux horaires. C’est donc vers vingt heures trente, dans une salle déjà bien remplie et dans laquelle règnent déjà les douces vapeurs du week-end, que Nature Morte lance les hostilités.

N’ayant eu d’yeux que pour The Great Old Ones sur l’affiche de la soirée, je m’installe avec curiosité aux abords de la scène pour suivre la prestation d’un groupe que je connais à peine. Comme beaucoup, j’avais été intrigué par la pochette de l’unique album du groupe, sorti au printemps 2021, mais je crains que mon ressenti ne s’arrête là. Très vite, le décorum fait son petit effet. Des lampes dévoilant de petites flammes sautillantes sont installées aux pieds de Chris et Stevan, alors de fines volutes de fumée de ce qui semble être de la sauge imprègnent doucement les premiers rangs.

Le style ouvertement post-black metal du trio a ceci d’intéressant qu’il permet de passer de moments violents à d’autres, plus calmes, en une fraction de seconde, ce qui ne manque pas de surprendre l’assemblée. Ces véritables ruptures, dans un sens comme dans l’autre, semblent articuler une bonne partie de la musique de Nature Morte, et il convient de reconnaître que cela rend particulièrement bien sur scène. Le tout est soutenu par un jeu de lumière étonnamment travaillé qui sublime à merveille la prestation des Franciliens. Juché derrière son micro et son imposante basse, Chris adopte un jeu de scène très expressif attire tous les regards, ce qui ne manque pas de contaminer le public.

Trois quarts d’heure de prestation qui passent finalement assez vite, mais qui auront eu le mérite de préparer le terrain à merveille pour la tête d’affiche de la soirée, The Great Old Ones. Je ne boude pas mon plaisir de revoir enfin le groupe en concert, alors que ma dernière présence devant la scène de l’impressionnant quintette date tout de même du Tyrant Fest 2018. Après avoir été dissimulée sous d’épaisses nappes de fumées pendant la prestation de Nature Morte, la bannière ouvertement lovecraftienne du groupe est désormais bien visible en arrière-plan. À l’heure prévue, et vêtus de leurs larges capuches sombres, les musiciens investissent la scène.

Comme d’habitude, le groupe démarre son set par les deux titres qui introduisent Cosmicism, son dernier album, à savoir « Cosmic Depths » et « The Omniscient ». Très représentatif de l’univers de The Great Old Ones, le combo installe d’emblée une atmosphère sombre et très enveloppante dans la salle. Côté son, quelques petits problèmes lors des premiers titres – on entend fort la basse, à la différence des chants –, heureusement vite corrigés par la suite. Très prenante dès le début de la prestation, l’ambiance atteint définitivement son apogée lors de « The Shadow Over Innsmouth », qui installe pour un long moment un climat irrespirable, fait de riffs magnifiques et de rythmiques dévastatrices.

Je pense qu’il me surprendra toujours de voir à quel point The Great Old Ones peut se montrer rigoureux quant au travail atmosphérique sur album, tout en distribuant les mandales à une cadence infernale sur scène. En clair, ça tabasse, et à l’écoute des albums, difficile d’imaginer des prestations scéniques aussi réussies et enthousiasmantes. Sur le plan technique, comme toujours avec le groupe, on ne peut que s’incliner face à l’utilisation des trois guitares, chacune avec son rôle et sa personnalité. Bien qu’un peu à l’étroit sur scène, les musiciens rendent une copie quasi-parfaite, pour le plus grand plaisir d’un public très fourni.

Après un rappel qui aura achevé de faire du concert un moment mémorable, pour certains plus que pour d’autres, les membres de The Great Old Ones se retirent, non sans provoquer des applaudissements et des acclamations soutenus. Une heure vingt de concert, un total conséquent. Et pourtant, on n’a pas vu le temps passer, au son toujours plus extatique de la musique du groupe. Devant The Great Old Ones, on se laisse toujours porter, on dodeline, on se dandine, on a presque envie d’en découdre. Avec les Nantais, c’est toujours un très grand moment de musique.

Ainsi s’achève une soirée très réussie de la part de ses différents acteurs. Une date alléchante proposée par Cerbère Coryphée, un premier groupe qui a joué son rôle à fond, un second qui a fait honneur à son statut. De bout en bout, on a pris beaucoup de plaisir au sein du cadre formidable cadre proposé par le Black Lab.

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