- Article initialement publié sur le Repère des Reclus
- Inconnu
- Dungeon Synth
- Indépendant
- 6 juillet 2019
Le dungeon synth et moi, c’est une histoire d’amour plutôt fructueuse. Malgré tout, ces derniers temps du moins, un certain désintérêt s’est fait ressentir pour le genre musique, le caractère général de la communauté n’aidant pas particulièrement, et mon attirance pour le heavy metal et la trance faisant passer le reste au second plan. Grossière erreur cependant, car j’ai failli passer à côté de la quatrième sortie de l’excellent projet The Herbalists, à nouveau bavard après près d’un an de mutisme (un split est sorti en mars). The Herbalists, c’est très simple, c’est trois albums immanquables entre mars et août 2018. On avait presque perdu espoir d’écouter à nouveau ce que l’artiste aimait bien nous dire. Heureusement, au coeur de l’été, Swamp of Drowned Masters a fait son apparition…
En près d’un an, The Herbalists semble ne pas avoir beaucoup changé, et c’est tant mieux. Bien qu’il s’agisse d’un caractère fort discutable au sein d’un genre codifié comme le dungeon synth (et bien qu’il ne soit pas codifié pour tout le monde), The Herbalists a pour ainsi dire quelque chose d’unique à proposer. Malgré des sonorités électroniques un peu brutes, le projet parvient à faire naître dans sa musique une douceur et une poésie sans pareille. Il est d’ailleurs fascinant de voir une espèce d’essor de projets portant sur la botanique, les plantes ou les champignons de manière spécifique.
Mais en se montrant bien plus mélodieux que Village of Dorlech ou Giftsvamp, et plus enchanteur que Mirkwood Shroom, The Herbalists se démarque réellement. La dimension “vieux RPG” du dungeon synth est ici très prenante, comme si The Herbalists se révélait être compositeur de bandes originales pour jeux de MegaDrive. On s’imagine aisément parcourir une forêt millénaire sous la forme d’un gnome en mal d’aventure et faire de multiples rencontres, plus surprenantes les unes que les autres. Vous remarquerez d’ailleurs que vous pouvez effectivement vous rendre en forêt pour apprécier davantage cet album, histoire de dresser un parallèle avec ce que je pouvais dire à ce propos il y a quelques semaines.
La grande variété de sonorités et de mélodies entre chaque titre permet un dépaysement total. De plus, on apprend que Swamp of Drowned Masters a été composé en live, à l’aide de quatre claviers, et sous la forme de quatre pistes différentes. S’il s’agit effectivement d’un album premier jet, ce n’est ni plus moins qu’une prouesse. Mais lorsque l’on sait ce dont The Herbalists est capable, ce n’est pas réellement surprenant. On pourra simplement reprocher à l’album d’être un poil court. Un an d’attente pour vingt minutes de musique, c’est un peu frustrant. Mais honnêtement, affirmer cela c’est un peu chercher la petite bête…
Tout le monde a loué la sortie de Swamp of Drowned Masters, et à fort juste titre. Les quelques cassettes mises à disposition sont parties bien vite, et c’est tout à fait mérité pour l’artiste derrière The Herbalists, qui a encore livré un travail d’une grande qualité. Le projet incarne un peu ce que devrait être le grande majorité des projets actuels souhaitant sonner moderne. Faire des mélodies finalement très champêtres, mais sans négliger le caractère électronique du dungeon synth.