- États-Unis
- Winter Synth
- Wallachian Opulence Productions
- 14 décembre 2023
Qui dit mois de décembre dit arrivée de l’hiver, et chaque amateur de dungeon synth le sait très bien, l’hiver rime systématiquement avec winter synth. Sous-genre à l’identité peu marquée pour certains, genre musical à part entière pour d’autres, on reconnaîtra au moins au winter synth sa capacité à dépeindre à merveille les paysages enneigés et réconfortants propre à la saison la plus froide de l’année. Prenons cette fois la direction des États-Unis et du Michigan pour s’intéresser à un projet fort jeune nommé Bruxa. Bien que celui-ci multiplie les sorties depuis le mois de février, Iarnă se distingue par son pouvoir évocateur.
Relativement peu mis à l’honneur dans nos lignes — tout juste peut-on citer nos écrits sur les travaux d’Iskall et de Witch Tomb —, le winter synth est un genre musical pourtant très apprécié au sein de la communauté dungeon synth. Généralement très proche des genres de l’ambient sur le plan stylistique, le winter synth se singularise par son utilisation quasi-exclusive de plages atmosphériques lentes et vaporeuses. Ces dernières, associées à l’inévitable son du vent placé en arrière-plan, permettent la mise en place d’un climat contemplatif très marqué et d’une ambiance générale étrangement apaisante. Si Jääportit en est l’un des plus illustres représentants, chaque nouvel hiver est propice à stimuler l’effervescence créatrice de nouveaux artistes. Bruxa est de ceux-là.
En intitulant son album Iarnă — « hiver » en roumain — le projet américain entérine son affection pour les considérations vampiriques qu’une partie des scènes dungeon synth et black metal estiment inhérentes à l’ancien royaume de Valachie. Mais surtout, avec un titre et une pochette pareils, on sait que cet album sera fait d’un contenu purement hivernal. Et c’est le cas. Près d’une heure durant, les titres plus ou moins longs se succèdent, au gré de divagations atmosphériques plus ou moins épaisses qui donnent vie à un paysage morne recouvert d’une épaisse couche de neige. Si l’ensemble manque parfois un peu de noirceur, la somme composée par Bruxa brille indéniablement par sa beauté.
Oui, les titres se ressemblent finalement beaucoup, l’artiste ne faisant glisser que très peu le curseur des sonorités d’une piste à une autre. Mais finalement, on s’aperçoit bien vite que l’atmosphère générale, si homogène soit-elle, se montre avant tout enveloppante et sans jamais donner l’impression de tourner en rond. Dès lors, il est difficile de sortir de l’ensemble un titre plutôt qu’un autre, tant leur rôle et leurs sonorités semblent similaires. À l’arrivée, on se sent surtout reconnaissant vis-à-vis de l’artiste d’avoir été capable de proposer un tel périple avec « si peu ». Le winter synth dans toute sa splendeur.
Dans un registre qu’on ne lui connaissait pas, Bruxa a mis au monde une sortie qui ne manquera pas d’être écoutée au cours de l’hiver. Pendant une heure, Iarnă se montre étonnamment efficace pour dépeindre la beauté mystique et désolée qui se cache derrière chaque paysage de nature enneigée. Si vous n’avez malheureusement pas la chance de vivre dans une région qui se pare de son manteau blanc une fois l’hiver installé, Bruxa a dans sa besace de quoi vous en mettre plein la vue