Ondfødt + Sumus Diabolus Incarnatus – Lille

by Secluded Copyist

Il y a toujours quelque chose d’un peu irréel à l’idée d’assister à un concert dans les backrooms d’une salle sombre en plein milieu de la sacro-sainte saison des festivals, mais pour quelqu’un qui exècre les foules comme votre narrateur, c’est du pain béni. En plein cœur de l’été, la Brat Cave de Lille est le théâtre d’une soirée modeste en apparence, mais tout à fait bienvenue en cette saison creuse. Les Finlandais d’Ondfødt, en pleine tournée suite à la sortie de leur dernier album, Dimsvall, y seront épaulés par la formation lensoise Sumus Diabolus Incarnatus, une habituée des concerts à composante metal extrême de la région. Un casting parfaitement suffisant pour s’échapper le temps d’une soirée.

Avec le temps mitigé auquel chacun a droit en cette fin juillet, ce mercredi soir très ensoleillé fait presque office d’exception. Suite à un before ayant traîné en longueur, je pénètre dans la Brat Cave alors que la prestation de Sumus Diabolus Incarnatus est bien entamée. Sur scène, les quatre artistes sont grimés et accoutrés pour l’occasion, et affairés à asséner au public leur black/death mélodique nerveux. Lors de mon arrivée dans la fosse, un guest se trouve sur les planches pour accompagner Baël au chant. Malgré un set visuellement travaillé et une certaine cohésion sonore, je peine à entrer dans l’univers du groupe. Les riffs se suivent, mais peinent à surprendre. La communication avec le public, habitué à voir la formation locale se produire dans la région depuis quelques années, permet en revanche une immersion certaine.

Le son global lui rend par ailleurs assez peu service, mais c’est une constante à la Brat Cave, et je suis presque tenté de dire qu’on n’y vient pas pour cela. Au moins pourra-t-on dire que le style effréné du groupe est parfaitement adapté au statut de première partie dont jouit Sumus Diabolus Incarnatus aujourd’hui. Mauvais latinistes, peut-être — mais bons chauffeurs de salle, assurément. Le rythme retombe quelques instants afin que les membres d’Ondfødt mettent leur matériel en place, le temps de se désaltérer ou d’aller prendre l’air, initiative salvatrice dans une salle un brin étouffante. L’atmosphère change assez peu au moment où les Finlandais investissent la scène, ils s’affichent d’ailleurs dans une tenue et avec un maquillage sensiblement similaire à ceux des musiciens qui les ont précédés sur les planches. Après de brefs réglages techniques, la tête d’affiche peut enfin faire résonner ses méfaits dans la Brat Cave.

Premier constat un peu triste, le son est décidément assez peu coopératif. Alors que les Finlandais entament leur set avec — comme d’habitude — l’interprétation de « Födärvis tid », l’un des points culminants de leur dernier album, force est de constater que la guitare lead de Joel a toutes les peines du monde à se faire entendre. L’ensemble sonore est globalement très saturé, et même les chants d’Owe, pourtant stridents et donc très aigus, ont du mal à percer la chape. Cette impression subsiste peut-être un ou deux titres de plus avant d’être balayée par l’énergie diffusée par le groupe. Car même si le son est bien meilleur après un tiers du set, l’attention se porte bien vite sur ce que dégagent les musiciens sur scène, et cela contamine bien vite une fosse très en forme ce soir.

Bien que peu communicatifs sur scène — à l’exception peut-être d’Owe, qui adopte un jeu un brin habité —, les musiciens sont véritablement maîtres de leur art depuis les planches. Nous pouvons même faire le constat suivant, généralement la marque des groupes de qualité : la musique d’Ondfødt semble à cet instant bien plus agressif en live que sur album. Sans être gentillets sur disque, les Finlandais ont un goût pour les atmosphères léchées. Or cet élément de leur identité musicale ne transparaît que peu pendant une prestation qui brille au contraire par sa vigueur et son impétuosité. Cet état de fait a un effet bien tangible sur le public, comme l’on peut s’y attendre. Lors des deux ou trois derniers titres du set, une poignée de spectateurs s’agitent pour clore les débats de la belle façon.

Le rythme retombe vite, Ondfødt ayant joué peut-être 45 minutes au total. Les amateurs du groupe ont eu l’occasion d’apprécier une setlist très variée, contenant des titres provenant de plusieurs albums différents, Dimsvall en tête, ce dernier étant la raison d’être de la petite tournée estivale des Finlandais. Bien que peu aidé par un équilibre sonore récalcitrant pendant quelques minutes et par un petit souci de guitare lead — décidément — dans la seconde partie du set, Ondfødt a parfaitement fait honneur à son statut ce soir.

Ce fut une soirée courte, mais riche. Deux groupes pour un peu moins de deux heures de réjouissances, pause comprise, c’est finalement la bonne configuration pour une petite date obscure en pleine saison des festivals. Peut-être pourra-t-on simplement regretter que l’affiche n’ait pas réuni plus de monde face à la scène. Mais pour celles et ceux qui se sont déplacés, nul doute que cette soirée à la Brat Cave a rempli toutes ses promesse.

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