- Article initialement publié sur Heiðnir Webzine
- Finlande
- Black Metal
- War Against Yourself Records
- 20 juillet 2016
En cette période de grosses chaleurs et de canicule, qu’y a-t-il de meilleur que de se plonger dans un album ayant cette fabuleuse capacité à nous transporter en de glaciales contrées ? À la fin du mois de juillet, les deux formations finlandaises Kalmankantaja et Wyrd ont uni leurs sombres forces pour donner naissance à un split de très bonne facture. Dans un style situé à mi-chemin entre le DSBM et le black atmosphérique, mêlés à des éléments rock, cet album touche à de nombreux sujets différents, et beaucoup d’émotion se dégage de la musique produite par les deux groupes. Un résultat tout à fait prévisible, mais non moins appréciable.
Contrairement aux apparences, vous constaterez rapidement que le split se montre assez mélodieux dans son ensemble. Même si les deux groupes sont habitués à nous proposer une musique très froide et, d’une certaine manière, rustique, le split est riche d’une certaine musicalité qui s’ancrera en vous dès les premières notes sans jamais vous quitter. Si vous avez déjà jeté un oeil à la tracklist du split, vous vous êtes sûrement aperçus de la présence de quatre titres faisant office de reprises de titres d’autre groupes. Ces derniers proviennent d’horizons fort différents et les reprises offrent donc une certaine diversité à l’ensemble. Kalmankantaja a ainsi repris une chanson du groupe de rock Sisters of Mercy, alors que Wyrd, non sans vouloir mettre l’accent sur ces reprises, a interprété, à sa manière, des titres de Katatonia, Tiamat, et même Joy Division. Il fallait oser.
Il est clair que ces reprises ne font pas du split un classique du genre à part entière. Même si elles sont d’excellente qualité, il faut souligner les styles musicaux des groupes choisis, sans doute trop variés pour arriver à un résultat qui se réclamerait effectivement comme appartenant à une mouvance black un tant soit peu puriste. À côté de ça, nous avons trois titres (deux pour Kalmankantaja, un pour Wyrd), écrits pour le split, qui, non sans être tout aussi réussis que le reste du split, ne se marient pas si bien que cela avec les reprises orchestrées. Expliquons-nous et prenons à titre d’exemple le duo Uni Ja Kuolema – Marian de la part de Kalmankantaja. Le premier titre se veut ouvertement atmosphérique, alors que la reprise – excellente, au passage – de Sisters of Mercy insiste davantage sur des saturations et des sonorités à vous glacer le sang. Encore une fois, la question ne repose pas sur la qualité de la musique produite, qui est, sans contestation possible, excellente, mais sur la capacité de chaque morceau à se montrer complémentaire vis à vis de celui qui le précède ou de celui qui le suit, au sein d’une continuité qui se montre finalement quelque peu lacunaire.
Malgré cela, vous ne serez nullement dérangés par les transitions un peu brutales ou les changements de registres inopinés, cet album split reste une valeur sûre, et ce n’est pas de toute manière pas surprenant alors que nous avons affaire à des groupes dotés d’une certaine expérience en la matière. Même si Kalmankantaja a relativement moins de vécu que Wyrd, la formation n’en est pas à son premier split, loin s’en faut. Non, le problème est ailleurs, peut-être aurait-il fallu sortir deux splits de manière indépendante, car les reprises ne s’associent pas si bien que cela au reste de l’album. La qualité première d’un split est, à mon sens, l’alchimie qui résulte de l’association de deux groupes. Or, ce n’est pas réellement le cas ici. Les styles initiaux de Kalmankantaja et de Wyrd auraient tout à fait pu se marier de la plus des manières, mais, sur ce split, les registres sont trop différents, parfois d’un titre à l’autre, pour que cela soit une réussite totale. Des titres tels Marian, I Break ou Love Tear Us Apart n’ont rien à faire sur la même sortie.
L’intention était tout à fait louable de la part des deux groupes finlandais, et chaque titre, mis à part de manière individuelle, est parfaitement réussi. Mais l’album split dans son ensemble vous fera parfois tiquer par sa perspective à se montrer superflu. Pour peu, on croirait presque avoir choisi la lecture aléatoire, tant les titres sont trop différents les uns des autres. C’est regrettable, car les deux groupes sont capables de bien mieux en terme d’harmonie. Le split demeure malgré tout très bon et contentera ceux qui recherchent actuellement un album assez éclectique.