- France
- Dungeon Synth
- Indépendant
- 24 juillet 2025
Croyez-le ou non, malgré une foule de projets à l’identité bien marquée, dans le dungeon synth et dans un certain nombre de genres musicaux périphériques, Baddoar n’a jamais spécialement versé dans le dungeon synth médiéval. Au mois de juillet, à deux petites semaines d’intervalle, il a mis deux sorties au monde sous une nouvelle étiquette, celle de Syrvante. Ces deux entités que sont Malaventure et Malaventure II ont sans doute été composées au même moment, mais la seconde nommée présente plus d’atouts que son aînée. L’occasion est donc trop belle pour être ignorée, empruntons avec lui un sentier jusqu’alors inexploré par l’artiste français.
Le dungeon synth strictement médiéval est une chose curieuse. S’il s’agit du sous-genre le plus évident, bien peu nombreux sont les artistes capables de créer une atmosphère médiévalisante cohérente, tout en parvenant à un juste milieu pertinent entre sonorités médiévales et surcouche électronique. On trouve sous cette bannière de grands noms qui réunissent ces critères (Utred, Pendragon, Chaucerian Myth), des projets plus axés fantasy et moins dogmatiques sur le plan technique (Fief, Descort), et d’autres qui s’éloignent drastiquement du dungeon synth, mais dont les caractéristiques séduisent les suiveurs de la scène (Dim, Borg). En clair, il y en a pour tous les goûts. Mais comment décrire la démarche de Syrvante au milieu de tout ce tintamarre ? Ma foi, on aurait presque tendance à placer le projet français dans la première catégorie.
L’amour de Baddoar pour la texture n’est plus à prouver, et je commence sérieusement à être à court de synonymes pour vanter son étendue. Ce n’est donc pas si naturel que ça de le voir changer de registre dans ces proportions, dans la mesure où il est loin d’être aisé, pour un profil comme le sien, de s’attaquer à un si gros morceau. En revanche, on connaît l’homme et l’artiste, rien ne résiste à son goût pour l’exploration. Et ici encore, ça se vérifie : Syrvante est un projet passionnant, et étrangement entêtant.
Plus populaire que courtoise, la musique de Syrvante paraît fidèle à la tradition festive et dansante, du moins aux oreilles de l’auditeur pour qui la théorie musicale n’est qu’un démon peu avenant. On y retrouve des éléments sonores et des motifs mélodiques qui ramènent d’emblée aux branles et aux estampies accrocheuses qui font le sel de tout un pan de la musique médiévale. On peut citer un goût pour les instruments de l’époque, avec la bombarde sur « Les accordailles » et la chalémie sur « Vive le régicide ». On perçoit en arrière-plan le battement obstiné du tambourin, inévitable dans le dungeon synth médiéval, et même le bourdon, comme sur le titre introductif, tenu sans relâche pour soutenir les mélodies riches concoctées notre artiste.
Mais outre ces considérations techniques — qui reposent par ailleurs sur une documentation éclairée —, Syrvante brille par ses mélodies et par le rendu très captivant qui émane de sa musique. L’apothéose est atteinte au cœur de l’album, dans la seconde moitié de « Branles et bélins ». La rythmique s’y montre véritablement envoûtante, bien aidée par une mélodie saccadée que la bombarde, encore, met bien en relief. Un titre qui illustre à lui seul la richesse dont Syrvante sait faire preuve, alors même que Baddoar s’est toujours distingué par son sens de la consistance avant de vouloir plaire par la sucrerie mélodique. Voilà qui rend Malaventure II d’autant plus remarquable, et tout destiné à l’adepte moyen de dungeon synth.
Enfin, à considérer que la chose est pertinente à relever sur un album somme toute assez court, Syrvante fait varier les registres. Nous l’avons vu, « Branles et bélins » est un titre particulièrement enjoué, voire enthousiaste, à l’image de « La marche du valdenier », mais ça n’est pas la ligne directrice de Malaventure II dans son entièreté. « Tristes friches », par exemple, est emprunte d’une dimension tragique assez poignante, pour clore les hostilités. Et sur « Vive le régicide », on ressent presque le frisson de quelque quête obscure, comme si Syrvante s’éloignait du Moyen Âge historique pour se diriger vers son pendant dans l’imaginaire, la fantasy. En somme, bien que court, Malaventure II fait preuve d’une richesse tout à fait remarquable.
Quel beau projet ! Baddoar tient quelque chose dont le potentiel est très important. Avec Malaventure puis Malaventure II, ce dont deux sorties solides que l’artiste français a mises au monde. Il est toujours délicat de se projeter, tant son besoin d’exploration semble prégnant, mais on espère vraiment que Baddoar a le souhait de continuer à creuser, car ces première émanations sont une franche réussite. Du dungeon synth médiéval comme on en fait (trop) peu.
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Believe it or not, despite a wealth of projects with strong identities in dungeon synth and in a number of peripheral musical genres, Baddoar has never particularly leaned into medieval dungeon synth. In July, within just two short weeks, he released two works under a new moniker: Syrvante. These two entities, Malaventure and Malaventure II, were likely composed around the same time, yet the latter clearly outshines its predecessor. The opportunity is too good to pass up, so let us follow him down a path the French artist had yet to explore.
Strictly medieval dungeon synth is a curious thing. While it may seem like the most obvious subgenre, very few artists manage to create a truly coherent medieval atmosphere, all while striking a meaningful balance between medieval sonorities and electronic layering. Under this banner, one finds big names that meet these criteria (Utred, Pendragon, Chaucerian Myth), others that are more fantasy-oriented and less doctrinaire from a technical standpoint (Fief, Descort), and still others that drift drastically away from dungeon synth yet hold traits that appeal to followers of the scene (Dim, Borg). In short, there’s something for every taste. But how does Syrvante’s approach fit into all this noise? One might well be tempted to place the French project into the first category.
Baddoar’s love of texture is beyond question, and I’m seriously running out of synonyms to praise its breadth. It is therefore not entirely “natural” to see him switching registers to this degree, since tackling such a weighty endeavor is no easy task for someone of his profile. Yet we know the man and the artist: nothing resists his taste for exploration. Once again, this proves true here—Syrvante is a fascinating project, and strangely captivating.
More popular than courtly, Syrvante’s music seems faithful to a festive, dance-driven tradition—at least to the ears of a listener for whom music theory is but an unkind demon. It carries sonic elements and melodic motifs that immediately recall the catchy branles and estampies that define an entire branch of medieval music. There’s a distinct taste for period instruments too, with the bombarde on “Les accordailles” and the shawm on “Vive le régicide.” In the background we hear the insistent beat of the tambourine, indispensable in medieval dungeon synth, and even the drone, as on the opening track, sustained without pause to support the rich melodies crafted by our artist.
But beyond these technical considerations—which rest on solid documentation—Syrvante shines through its melodies and the strikingly engrossing atmosphere of its music. The high point arrives in the heart of the album, during the second half of “Branles et bélins.” The rhythm here is utterly spellbinding, reinforced by a syncopated melody once again brought to life by the bombarde. It’s a track that alone demonstrates Syrvante’s richness, even though Baddoar has always stood out more for his sense of consistency than for indulging in melodic sweetness. This makes Malaventure II all the more remarkable, and perfectly suited to the average dungeon synth devotee.
Finally, considering the album’s relatively short length, it’s worth noting Syrvante’s ability to vary registers. As mentioned, “Branles et bélins” is particularly lively, even exuberant, much like “La marche du valdenier.” Yet this is not the guiding line of Malaventure II as a whole. “Tristes friches,” for example, carries a poignant tragic dimension, closing the proceedings on a somber note. And in “Vive le régicide,” one almost feels the chill of some shadowy quest, as if Syrvante were stepping away from historical medieval times toward their counterpart in the imagination—fantasy. In sum, although brief, Malaventure II shows a truly remarkable richness.
What a beautiful project! Baddoar has struck upon something with enormous potential. With Malaventure and then Malaventure II, he has brought two solid works into the world. It’s always hard to predict where he’ll head next, given how strong his drive for exploration seems, but we truly hope he chooses to keep digging, because these first emanations are a resounding success. Medieval dungeon synth of a kind we get (far) too little of.