- France
- Dungeon Synth
- Indépendant
- 2 octobre 2025
On a parfois tendance à l’oublier, mais le dungeon synth n’est pas que chevalerie, quêtes grisantes, dragons et éloges à la nature. Un peu moins nobles par essence, les ravages de la mélancholie n’en sont pas moins une thématique étonnamment récurrente chez nos artistes. Aujourd’hui, c’est un très grand nom qui en fait sa bannière. Pour la sortie de son dernier album, Tome Zero, Erang semble avoir eu matière à se lamenter dernièrement. Et pour tout vous dire, à l’écoute de ses titres épais et cafardeux, on a presque envie d’aller pleurer avec lui.
On ressent déjà quelque chose d’un peu funeste en découvrant la nouvelle mouture de l’artiste français. Une pochette assez vide, le retour d’une police de texte Old London très neutre, et surtout, ces couleurs désespérément monochromes qui donnent le ton. Accompagnée d’un titre — Tome Zero — qui suggère aussi bien un retour aux sources qu’une volonté de s’extraire du présent, cette pochette sent fort les vapeurs d’une joie révolue. De son propre aveu, Erang a fait de son dernier album une création morne et peu réjouissante. Le baudelairien éperdu que je suis ne résistera pas à l’envie de faire remarquer que l’artiste traîne son spleen de fort belle façon. Musicalement, Tome Zero ne tarde pas à faire comprendre la portée de sa langueur, et il le fait très bien.
Si prompt, habituellement, à mélanger les genres et les registres, Erang semble vouloir revenir aux fondamentaux pour illustrer la tristesse qui l’étreint. Claviers très râpeux et un brin discordants, percussions simples en arrière-plan, et surtout ce sens du chagrin dans les mélodies, comme en témoigne l’introduction poignante de « Godless Behavior ». On constate d’ailleurs vite que l’artiste entend faire cohabiter deux registres différents sur son album. D’un côté, nous avons des titres marqués par un désespoir romantique et riches en mélodies presque réconfortantes — je pense notamment à « Frumenty ». Sur l’autre face de cette même pièce, nous avons des titres bien plus pessimistes, oserait-on dire glauques — « The Sound of My Beating Heart » et « Spoken Bones » en tête. Qu’importe le message que notre homme souhaite faire passer, on le reçoit bel et bien.
Bien évidemment, Erang ne perd jamais de vue son grand amour : le dungeon synth. Tout triste qu’il est, il ne saurait l’exprimer autrement qu’à l’aide de sonorités bien senties et apportant une certaine idée du dépaysement. Les deux premiers titres qui donnent corps à Tome Zero pourraient presque faire passer ce dernier pour un album d’aventures un peu noir, pour peu qu’on n’écoute que ces titres, et sans regarder la pochette. On y retrouve une certaine idée de la quête et du voyage, qui s’estompent toutefois assez vite à mesure qu’on l’on s’approche des abîmes graves qui constituent le cœur de l’album.
Au milieu de tout ceci se trouve un titre qui résonne autrement. La douleur y est toujours présente, mais elle est différente, presque maîtrisée, sublimée. « La mort d’un parent » est porteur d’un message tragique, mais le texte qui l’illustre permet une extériorisation bienvenue au milieu des autres titres, à la portée plus énigmatique. Très fins, les mots choisis par l’artiste se marient à merveille à l’ambiance du titre, mais également à celle de l’album. Ses mélodies se permettent même une petite ritournelle pas désagréable pour un sou, avant que l’affliction ne vienne reprendre le dessus avec « When Your Life Is a Jail, The Key Is Your Mind ». Malgré sa dimension personnelle très importante, Tome Zero est excellent album dont le contenu parlera à chacun.
Comme à son habitude, Erang surgit des ombres et ne déçoit pas. Son nouvel album ne séduira peut-être pas tous les amateurs de dungeon synth, mais son contenu universel et la qualité de la musique qui l’illustre en font un disque fort. Pour accompagner vos instants de moins bien et vous permettre de les extérioriser plus efficacement, Tome Zero est déjà un incontournable.
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We sometimes tend to forget, but dungeon synth is not all about chivalry, exhilarating quests, dragons, and paeans to nature. Less noble by nature, the ravages of melancholy are nonetheless an astonishingly recurring theme among our artists. Today, it is a very prominent name that raises it as a banner. For the release of his latest album, Tome Zero, Erang seems to have had plenty of reasons to lament recently. And to be honest, listening to his dense, gloomy tracks almost makes you want to weep alongside him.
A slightly ominous feeling is already present when encountering the French artist’s latest incarnation. A rather empty cover, the return of a neutral Old London typeface, and above all, those hopelessly monochrome colors set the tone. Accompanied by a title — Tome Zero — which suggests both a return to the roots and a desire to escape the present, this cover exudes the fumes of a joy long gone. By his own admission, Erang has made his latest album a bleak and unrewarding creation. This hopelessly Baudelairean admirer cannot resist pointing out that the artist carries his spleen with remarkable grace. Musically, Tome Zero wastes no time in revealing the depth of its languor — and it does so brilliantly.
Usually quick to mix genres and registers, Erang seems here to return to fundamentals to illustrate the sadness that grips him. Harsh, slightly discordant keyboards, simple percussion in the background, and above all, a sense of grief in the melodies, as evidenced by the poignant introduction of “Godless Behavior.” It quickly becomes apparent that the artist intends to juxtapose two distinct moods on his album. On one side, we find tracks marked by romantic despair and rich, almost comforting melodies — notably “Frumenty.” On the other side, there are far bleaker, one might even say grim tracks — “The Sound of My Beating Heart” and “Spoken Bones” foremost. Whatever message Erang wishes to convey, it is received loud and clear.
Of course, Erang never loses sight of his great love: dungeon synth. Sad as he is, he could not express it otherwise than through well-chosen sounds that convey a sense of escapism. The first two tracks of Tome Zero could almost make the album seem like a dark adventure, if one only listens to them and ignores the cover. There is a certain sense of quest and journey, which, however, quickly fades as we approach the deep abysses that form the album’s core.
Amidst all this lies a track that resonates differently. The pain is still present, but it is different, almost mastered, sublimated. “La mort d’un parent” carries a tragic message, yet the lyrics provide a welcome outlet amidst the other tracks, which are more enigmatic in nature. The artist’s carefully chosen words blend perfectly with the track’s mood, as well as with the album as a whole. The melodies even allow themselves a small, pleasant refrain before affliction reasserts itself with “When Your Life Is a Jail, The Key Is Your Mind.” Despite its intensely personal nature, Tome Zero is an excellent album whose content will speak to each listener in its own way.
As usual, Erang emerges from the shadows and does not disappoint. His new album may not captivate every dungeon synth fan, but its universal scope and the quality of the music make it a powerful record. To accompany moments of despair and help externalize them more effectively, Tome Zero has already become essential.
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France Dungeon Synth Indépendant 2 octobre 2025 Version française English version Version française On a parfois tendance à l’oublier, mais le dungeon synth n’est pas …