- Article initialement publié sur Heiðnir Webzine
- États-Unis
- Black Metal
- Season of Mist
- 26 août 2016
Trois ans que nous attendions un nouvel album de la part du groupe américain Inquisition, c’est enfin chose faite avec la sortie, relativement attendue par la communauté black et metal en général, de Bloodshed Across The Empyrean Altar Beyond The Celestial Zenith. Après un Obscure Verses For The Multiverse plutôt réussi, il était tout à fait légitime que nous nous attendions à un album de qualité similaire. Et pourtant, il semblerait, au premier abord, que cette nouvelle sortie puisse en décevoir plus d’un.
Inquisition a toujours eu la fâcheuse tendance à user de véritables morceaux de phrases dans le but de nommer ses productions. Ainsi, afin de vous proposer une certaine clarté et un confort de lecture optimal, je me vois contraint de limiter la dénomination de cet album à Bloodshed, au moins le temps de cette chronique. Cette précision faite, nous pouvons désormais aborder la question de ce nouvel album. La formation américano-colombienne fait assurément partie des groupes de black de premier plan, tant par la qualité de sa musique que par la taille du public qu’elle parvient à atteindre, qui ne se limite d’ailleurs pas au public habituel de la scène black. Avec une approche relativement sobre du genre et certaines sonorités universelles, du moins, à l’échelle du metal extrême, il n’est pas surprenant de voir Inquisition avoir un certain succès auprès du public.
Bloodshed était donc un album très attendu, et sa promotion a été plutôt conséquence en ce sens. Cependant, dès l’écoute des quelques extraits révélés en amont, nous fûmes envahis par une impression plutôt désagréable selon laquelle l’album pourrait être un concentré de noire violence sans réel fond et sans rendre hommage au plus belles heures du groupe. Nos craintes étaient fondées, la sortie de Bloodshed a confirmé qu’Inquisition est sans doute quelque peu tombé dans la facilité au moment de le composer. Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas là d’un mauvais album. Ce dernier est puissant, plutôt mesuré, et fait état de l’expérience du groupe en la matière. Il serait sans doute qualifié de très bon album s’il avait été produit par un groupe novice ou anonyme, simplement, ce n’est pas le cas. En effet, venant d’un duo tel qu’Inquisition, nous étions parfaitement en droit de nous attendre à bien mieux, surtout après des sorties telles que Ominous Doctrines of the Perpetual Mystical Macrocosm ou encore Nefarious Dismal Orations. Sur Bloodshed, les titres s’enchaînent sans que l’on distingue clairement de transition d’un titre à un autre et sans que l’on se laisse davantage porter par l’un d’eux en particulier. Les titres « The Flames of Infinite Blackness Before Creation », « Wings of Anu », ou encore, le titre éponyme, seront, selon les goûts, sûrement plus appréciés car un peu plus travaillés que les autres, mais cela reste très éloigné des standards d’Inquisition.
À ce titre, Bloodshed sera sans doute un album davantage apprécié par les catéchumènes et les novices que par les adeptes de la première heure, qui lui préféreront les albums plus anciens. Tout n’est pas à jeter au sein de cet sortie, nous aurions simplement souhaité avoir quelque chose qui soit à la hauteur de ce que le duo sait produire, car il a tout à fait les capacités de faire bien mieux. Bloodshed saura malgré tout vous changer les idées de manière tout à fait convenable ou vous galvaniser, grâce à un black metal nerveux aux influences death et thrash parfois prononcées.
Nous sommes bien loin de ce que le duo Inquisition est capable de faire en matière de malsanité et de profondeur concernant sa conception du black metal. Mais Bloodshed Across The Empyrean Altar Beyond The Celestial Zenith est cependant un album tout à fait correct, quand bien même il en viendrait à décevoir de nombreux membre de la communauté black. Il n’en demeure pas moins tout à fait acceptable, et vous auriez tort de le rejeter complètement de votre bibliothèque musicale.