Phantom Spire – Golden Messiah

by Secluded Copyist

Actif depuis seulement quelques mois mais déjà fort de quelques sorties mineures jusqu’au mois de mars, Phantom Spire (qui a la même tête pensante que l’apprécié Tyrannus) avait rencontré un petit succès à l’aide de son dungeon synth porté sur les sonorités ambient et couplées à une production proprement dégueulasse. Les grésillements, ça va bien cinq minutes, et je trouve rarement mon compte en matière de noise ambient lorsque le son se montre plus mauvais que celui de La Torture des Ténèbres. Ceci étant, profitant sans doute de l’extension de son temps libre ces dernières semaines, l’artiste américain vient de sortir Golden Messiah, dont le contenu contraste déjà sérieusement avec le reste de sa discographie.

En général, lorsque l’on parle de black metal et de dungeon synth, on pense à l’un succédant à l’autre, que ce soit sur un album ou sur une piste donnée. En revanche, pour ce qui est de Phantom Spire, en tout cas sur Golden Messiah, il faut prendre l’expression au sens le plus connexe qui soit. Comme à son habitude, l’artiste livre une seule piste d’une gros quart d’heure dont le contenu n’est autre que la superposition pure et simple d’une mélodie de dungeon synth et d’instrumentations black metal. Et si l’on pense naturellement à quelques claviers venant soutenir une piste black metal, c’est ici plutôt l’inverse.

Simplistes mais efficaces malgré tout, les notes de claviers se situent clairement au premier plan, et ce sont les riffs, les chants éraillés et la batterie qui sont un peu en retrait pour apporter du corps mais surtout de la mélancolie à l’ensemble. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais le résultat se démarque vraiment de ce que l’on peut habituellement entendre lorsqu’il s’agit des deux genres musicaux. D’autant que, dans un élan de bienveillance pour les oreilles de son auditoire, l’artiste américain s’est évertué à faire de Golden Messiah une sortie plus propre sur le plan sonore. Le son n’est pas devenu irréprochable pour autant, et ce n’est de toute façon pas souhaitable, mais il est agréable voire amusant de voir comment la musique d’un projet peut changer lorsqu’elle n’a pas pour ambition d’être la plus inaudible qui soit.

Intrigant à défaut d’être réellement incontournable ou même remarquable, Golden Messiah vient militer pour l’aspect pauvre et miteux que le dungeon synth se doit d’assumer, et rien que pour ça, il doit être diffusé. Le profond dénuement dont fait preuve l’EP de Phantom Spire rappelle que le dungeon synth n’est parfois guère mieux qu’un demi genre musical dont les rares atouts sont l’évasion forcée et la personnalité que les artistes dévoilent au monde. Mais tout ceci, qu’on le veuille ou non, contribue en grande partie au charme du genre et à la place qu’il occupe dans le coeur de chacun de ses adeptes. C’est sale, médiocre, instinctif et indigent. C’est également vrai et authentique, et c’est pour cela que l’on aime ce type de dungeon synth.

Phantom Spire a eu une riche idée en rendant sa musique plus propre et en laissant de côté son aspect noise. Pour peu que l’on soit suffisamment réceptif, une certaine beauté se dégage de Golden Messiah. La neuvième sortie du projet américain est enfin celle qui peut le faire basculer dans la catégorie supérieure. Si As Dragons Bathe in Endless Moonlight montrait déjà que l’artiste souhaitait faire évoluer son style, Golden Messiah parachève cette mutation et montre certaines qualités. Désormais, peut-on espérer quelque chose de plus consistant ?

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