Draugnim – Vulturine

by Secluded Copyist

Draugnim. Ce nom ne vous dit sûrement pas grand-chose, et pour cause, le groupe n’ayant sorti que trois albums depuis sa création en 1999. Petite présentation rapide ; Draugnim vient de Finlande, officie dans le pagan black metal et a sorti trois albums depuis 2008, dont le petit dernier, qui vient juste de naître. Aura-t-on droit à un voyage glacé et prenant dans les terres païennes du groupes ? Tiendrait-on là un sursaut de qualité dans l’ensemble des productions pagan dont la moyenne qualitative baisse régulièrement depuis quelques années déjà ?  Voyons voir.

Trois albums en bientôt vingt ans, c’est peu (sauf, bien sûr, sur l’échelle de Carl McCoy). Northwind’s Ire, sorti en 2008, avait pourtant de quoi plaire. Des mélodies bien typées pagan black, enveloppées par un clavier très présent (qui me rappelle d’ailleurs un peu Annorkoth), avec une voix bien écorchée, le tout transpirant une ambiance épique. Prenant, propice à l’évasion, avec déjà un côté très accrocheur et démonstratif, si vous me passez l’expression (comprendre ici, presque cinématographique). Du pagan assez accessible, mais de bonne qualité, qui se laisse écouter facilement.

Mars 2016, revoilà Draugnim, qui a signé chez l’excellent label Debemur Morti (Blut Aus Nord, Behexen, October Falls et tant d’autres), avec un très joli digipack et une excellente production. Puissante, claire, sans sonner plastique ni artificielle. Un bon point, très important, en particulier pour le pagan, pour lequel l’équilibre authenticité/intelligibilité est essentiel pour être crédible. Passons maintenant aux compositions. Et là, honnêtement, je ne vais pas avoir grand-chose à faire. La formule est exactement la même que sur les deux albums précédents ; du trémolo, une voix arrachée, et énormément de claviers. Les chansons sont relativement longues, entre six et neuf minutes. La seule différence avec Northwind’s Ire, qui est, selon moi le meilleur album du groupe, c’est que ça ne prend pas ce coup-ci. Pas chez moi en tout cas.

Comprenons-nous bien, ce n’est pas honteux, ce n’est pas mauvais. C’est juste un peu plat et convenu. Sans réelle saveur. La faute à un réel manque de profondeur, des mélodies moins inspirées et touchantes, et, surtout, à un clavier trop présent. Ou plutôt mal utilisé. En cela, Draugnim tombe dans le piège du pagan facile, celui qui fait voyager dans les pays glacés qu’il évoque, mais de manière hollywoodienne. Comprenez ici que l’ensemble de l’album est trop cinématographique et fait vraiment bande-son de grosse production ayant pour thème l’Europe scandinave antique. Ecoutez donc « That Name is Hate », titre d’ouverture de l’album. Ces passages au clavier grandiloquents, ce côté épique facile. Je n’y retrouve plus le côté profondément païen du premier album, plutôt une vague et artificielle évocation fantasmée. Prenez Primordial par exemple ; pas de clavier ou d’instruments folks, juste des guitares, une basse, une batterie et une superbe voix. Le groupe est sans artifice, et représente pour moi ce qui se fait de mieux en matière de pagan authentique et convaincu.

Encore une fois, cet album n’est pas mauvais, il est même assez agréable. Mais la seule piste qui me touche vraiment est « A Passage in Fire », pure chanson black pagan, avec de superbes mélodies en trémolos et une ambiance prenante. Si tout l’album était comme ça, il aurait pu être une des sorties majeure en pagan black de l’année. Au lieu de cela, le disque est sympathique, sans plus, et je n’y reviens personnellement presque jamais. À écouter si vous aimez votre pagan à la sauce cinéma gros budget.

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