- Article initialement publié sur le Repère des Reclus
- États-Unis
- Dungeon Synth
- Indépendant
- 15 septembre 2019
Malgré le piédestal qu’on lui avait dressé suite à sa sortie, je n’avais pas spécialement adoré le premier album d’Earthencloak, Commune of the Gnomes, sorti il y a maintenant plus d’un an. Un bon album s’il en est, mais peut-être pas aussi incroyable que tout le monde aimait alors à le clamer. Ceci étant, avec la sortie de Pipe Smoke & Faery Magick, le projet américain ambitionne de se mettre encore plus d’adeptes dans la poche, puisqu’il semblerait bien cette fois que l’on ait affaire à un album d’un certain niveau. Dans leur forêt, les gnomes semblent bien plus inspirés que jamais pour conter leurs histoires.
Qui dit gnome dit nécessairement Rien Poortvliet. De son vivant, l’artiste néerlandais s’était mué en véritable spécialiste des gnomes, comme en témoigne un très grand nombre de ses oeuvres, certaines d’entre elles étant d’ailleurs très connues. À ce titre, il n’est nullement surprenant de voir l’une de ses oeuvres être à nouveau utilisée par Earthencloak, et cela apporte d’ailleurs un certain cachet à l’identité visuelle du projet. Musicalement, l’artiste américain s’inscrit dans la tendance dungeon synth folk qui se montre tantôt festif tantôt forestier, et de préférence avec un certain sens de la mélodie. On peut aisément comparer son style à celui d’Acheulean Forests, pour ne citer que lui, notamment sur l’onirique The Enchantment.
Grossièrement, la polyphonie est y reine et on constate toujours la présence d’instruments aux sonorités légères, voire carrément enfantines sur certains titres, comme sur “To Picnic Beneath Toadstools”. Jusqu’à présent, rien de bien nouveau pour Earthencloak, mais l’artiste américain a pourtant livré un travail autrement plus satisfaisant sur Pipe Smoke & Faery Magick, notamment dans l’utilisation des atmosphères et des magnifiques mélodies dont il est le géniteur. Les titres ne se valent toujours pas tous, mais on en retient quelques-uns qui proposent un voyage absolument splendide au coeur d’un forêt perdue mais pas menaçante pour un sou.
En premier lieu, le duo inaugural formé par “The Rabbits, The Bees, The Whistling Trees” et “Follow the Knotted Roots” vaut assurément son pesant d’or et propose des mélodies très picturales. On aurait cependant aimé les voir durer plus longtemps, ici la frustration se fait ressentir assez nettement au terme de chacun des deux titres. Dans un autre registre, “Warm Mugs of Faery Nog (Belly Full, Pipe Fuller)” propose à l’auditeur une ambiance beaucoup plus posée, nocturne et rêveuse, qui peut cette fois s’exprimer correctement, le titre durant plus de sept minutes. En revanche, lorsque l’artiste part faire un tour du côté du registre épique, comme sur “Keepers of the Earthencloak”, on sent bien vite que ce sont là des aspects plutôt étrangers à son projet. Un peu plus d’homogénéité n’aurait pas été du luxe, mais rien de vraiment préjudiciable.
Pour faire simple, Pipe Smoke & Faery Magick souffre plus ou moins des mêmes problèmes que Commune of the Gnomes, mais parvient en revanche à tirer un meilleur profit de ses mélodies et du travail effectué sur l’ambiance de certains titres. Le jour où Earthencloak saura mettre au monde un album homogène et bien équilibré, il s’agira sans doute de l’album de l’année. Ce n’est probablement pas pour tout de suite, mais pour le moment, on peut tout à fait se délecter d’une nouvelle très bonne sortie de la part du projet américain.