- Australie
- Synthwave / Vaporwave / Dungeon Synth
- Out of Season
- 1er avril 2025
Deux ans après la sortie d’un Sword & Circuitry d’une qualité hors du commun, l’enfant prodige du dungeon synth refait parler de lui à l’aube du printemps. Quest Master revient avec une volonté intacte de jouer avec les codes du dungeon synth, et même de s’en éloigner drastiquement, comme pour concrétiser un souhait qui semblait poindre dès 2023. L’artiste australien signe un album insaisissable, à la croisée d’une heroic fantasy digitalisée, d’une synthwave nostalgique et de rêveries vidéoludiques dont on a peine à dessiner les contours. Surgi de limbes rétrofuturistes enivrantes au possible, Obscure Power brouille les pistes avec une grâce déconcertante.
Lorsque l’on se rappelle de quoi était faite la musique de Quest Master jusqu’en 2021 — un dungeon synth déjà inspiré et rêveur, mais conforme aux codes du genre sur tous les plans ou presque —, difficile de faire le lien avec cet énigmatique Obscure Power. Et pourtant, nous en sommes là avec l’un des projets les plus en vue de la scène internationale. Quest Master a libéré sa parole et semble prendre un plaisir débordant à manier les genres musicaux et les sonorités pour donner naissance à un album affranchi, mutant, presque frondeur dans sa manière de conjuguer les héritages et de défier les étiquettes. Obscure Power fourmille de petites sucreries qui régaleront les amateurs de musique électronique les plus éclectiques.
C’est d’ailleurs tout l’enjeu de notre démarche, si tant est que l’on se positionne en tant qu’amoureux des claviers rampants et des vieilles cryptes. N’en déplaise aux farouches défenseurs d’un dungeon synth libéré de toute contrainte stylistique et thématique, Quest Master ne fait plus de dungeon synth. Si l’on pouvait encore considérer Sword & Circuitry comme proche du genre, ça n’est pas le cas d’Obscure Power. L’artiste australien va loin, trop loin dans l’expérimentation et dans l’amalgame stylistique pour persister à s’identifier à cette bannière, dont les caractéristiques sont infiniment plus pauvres par essence. Cela étant dit, il faudrait être de mauvaise foi pour fermer les yeux sur le contenu absolument exceptionnel que contient cette nouvelle mouture.
Et l’on peut entamer l’analyse de son contenu en mettant l’accent sur ce qui faisait déjà la force de l’album précédent : chez Quest Master, tout n’est désormais qu’éclat, brillance, couleurs pastels et textures patinées. Le grain analogique a clairement laissé place à une richesse qui n’a plus rien de lo-fi. Tout est furieusement pop sur Obscure Power. On assiste, sur chacun des huit titres qui composent l’album, à la mise en place de structures musicales limpides et terriblement efficaces. Je me fais le porte-voix de Dantefever, mon compère de plume il fut un temps, lorsqu’il affirme que « Grid of Exile » aurait eu sa place dans n’importe quelle discothèque en 1983. Plus souriant et glamour que jamais, Quest Master matérialise sa volonté de jouer avec une foule de genres de musique électronique, et il le fait de façon admirable.
En effet, il serait tout à fait vain de tenter d’assigner une étiquette unique à un album aussi protéiforme. Si l’ombre de la synthwave plane sans cesse sur ces plages synthétiques très colorées, on y croise aussi, au détour d’une mélodie, les échos romantiques d’un Jean-Michel Jarre période Oxygène, les pulsations sucrées de la synth pop italienne, ou les élans chevaleresques d’un vieux JRPG. Oserais-je également souligner quelques affinités avec la vaste scène ambient japonaise ? Si l’artiste derrière Quest Master avait été biberonné aux travaux de Takashi Kokubo ou Hiroshi Yoshimura, cela ne me surprendrait nullement. Chaque titre semble faire partie d’une mécanique globale incroyablement homogène, pour le plaisir infini des plus gros rêveurs d’entre nous.
Mais ce qui m’interpelle particulièrement — en tant qu’adepte insatiable des atmosphères pulpeuses et des mélodies érotiques propres à la vaporwave —, c’est la manière dont cette étiquette semble flotter autour d’Obscure Power. Même le label de notre artiste, Out of Season, a accolé cette étiquette à l’album au moment d’en partager le contenu ici et là. Il est alors excitant de faire la chasse à ce qui pourrait faire de cet album un album de vaporwave, et la liste des titres est un premier indicateur. Des pistes comme « Skybox Dreaming », « Corporate Crystals » ou encore « Ethereal World Plaza » entretiennent un lien fort avec le champ lexical de ce genre musical, mêlant rêverie numérique, esthétique corporate fantasmée et paysages commerciaux désincarnés. Citons de nouveau le cas de « Grid of Exile », qui a la chance d’être augmenté d’une espèce de clip baigné dans l’imaginaire vaporwave le plus pur, à grands renforts de décors urbains, de teintes sursaturées et de textures VHS tout droit sorties des années 90.
Votre œil avisé aura remarqué que nous nous sommes fort peu attardé de façon individuelle sur les titres qui donnent corps à Obscure Power, et pour cause : ils sont tous absolument magnifiques et répondent à une logique d’homogénéité qui frôle la perfection. Le but de ces lignes n’est pas tant de percer le secret de chaque titre que de faire la liste des éléments — esthétiques, thématiques, stylistiques — qui rendent cet album exceptionnel. Nous aurions pu souligner les mélodies médiévalisantes de « Skybox Dreaming » — peut-être les seules de l’album —, les percussions outrageusement accrocheuses de « Ethereal World Plaza », ou même l’émotion qui se dégage de « Steelworks in Paradise ». Nous avons plutôt fait le choix de traiter Obscure Power avec l’égard que l’on réserve aux ouvrages extraordinaires : dans son entièreté la plus totale, car c’est ainsi qu’il convient d’appréhender un album de sa stature.
Ne parlez plus de dungeon synth à Quest Master, ce serait lui faire injure et dépriser l’étendue de son talent. Obscure Power va bien au-delà des limites de ce genre musical, et s’enfermer dans cette seule étiquette serait une trahison de son message. L’album offre tant de choses qui échappent à ce cadre étroit que limiter son écoute à ce simple prisme équivaut à se priver d’une grande partie de l’expérience qu’il est capable d’offrir. Si l’on concède volontiers que Quest Master conserve un lien avec le royaume des tours en ruine et des créatures fantastiques, ce lien n’est plus celui d’un simple héritier du dungeon synth. Ce monde d’épées et de magie se mue ici en un terrain de jeu bien plus vaste. Obscure Power — qui n’a finalement pas grand chose d’obscur — semble moins une quête épique qu’une exploration avant-gardiste et libérée de ce que la musique électronique peut offrir de plus fascinant.
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Two years after the release of the extraordinary Sword & Circuitry, the prodigious child of dungeon synth resurfaces just as spring begins to bloom. Quest Master returns with an undiminished drive to play with the conventions of dungeon synth—and even to drastically depart from them, as if fulfilling a desire that had already begun to stir in 2023. The Australian artist delivers an elusive album, standing at the crossroads of digitized heroic fantasy, nostalgic synthwave, and video game-inspired reveries whose boundaries are hard to define. Emerging from intoxicating retro-futuristic limbo, Obscure Power blurs the lines with disconcerting grace.
Looking back at what Quest Master’s music sounded like up until 2021—a dungeon synth already dreamy and inspired, yet still largely faithful to the genre’s norms—it’s hard to connect those early works to the enigmatic Obscure Power. And yet, here we are, witnessing one of the most prominent acts on the international scene. Quest Master has found his voice, and he clearly delights in manipulating musical genres and sonic textures to give birth to an unshackled, shape-shifting, even defiant album—an album that fearlessly juggles influences and defies categorization. Obscure Power is bursting with sonic delights that will captivate fans of the most eclectic electronic music.
This, in fact, is the crux of the matter—at least for those of us who cherish creeping synths and ancient crypts. Much to the dismay of die-hard dungeon synth purists who champion a genre freed from stylistic and thematic constraints, Quest Master no longer makes dungeon synth. While Sword & Circuitry might still be considered within the genre’s orbit, Obscure Power is not. The artist goes too far—joyfully so—in his experimentation and stylistic alchemy to continue aligning with a banner whose core characteristics are, by nature, far more limited. That being said, one would have to be in bad faith to ignore the sheer brilliance of what this new release contains.
Let’s begin our exploration by focusing on what already made the previous album so strong: with Quest Master, everything now glows with brilliance, pastel tones, and refined textures. The analog grain has given way to a polished richness that is anything but lo-fi. Obscure Power is unapologetically pop. Each of the album’s eight tracks features clear, strikingly effective musical structures. I echo the words of Dantefever—once my fellow penman—when he said that “Grid of Exile” could’ve earned a spot in any 1983 nightclub. More radiant and glamorous than ever, Quest Master embodies his desire to engage with a wide spectrum of electronic genres—and does so masterfully.
Indeed, trying to assign a single label to such a protean album would be utterly futile. While the shadow of synthwave hangs over these vibrant synthetic soundscapes, we also find, tucked within certain melodies, the romantic echoes of Jean-Michel Jarre’s Oxygène era, the sugary pulses of Italian synth pop, and the chivalric flair of an old JRPG. Dare I also suggest a kinship with the vast Japanese ambient scene? If the artist behind Quest Master had been raised on Takashi Kokubo or Hiroshi Yoshimura, I would not be surprised. Every track feels like a cog in a tightly unified mechanism, for the infinite delight of dreamers everywhere.
But what captivates me most—as a devoted fan of lush atmospheres and sensual melodies typical of vaporwave—is how this aesthetic seems to hover around Obscure Power. Even the artist’s own label, Out of Season, referred to the album using that term when sharing it online. And so, it becomes an exciting hunt to find what, if anything, makes this album vaporwave. The tracklist itself is a good starting point. Titles like “Skybox Dreaming,” “Corporate Crystals,” and “Ethereal World Plaza” share strong lexical ties with the genre, blending digital reverie, idealized corporate aesthetics, and disembodied commercial landscapes. We must also mention “Grid of Exile,” which comes with a video steeped in pure vaporwave imagery—urban scenery, oversaturated tones, and VHS textures straight out of the ’90s.
You may have noticed that we’ve spent little time discussing individual tracks on Obscure Power—and for good reason: they are all absolutely magnificent and form a cohesive whole that borders on perfection. The goal here is not to decode every song, but to highlight the aesthetic, thematic, and stylistic elements that make this album so remarkable. We could have focused on the medieval-tinged melodies of “Skybox Dreaming”—perhaps the only ones on the record—the outrageously catchy percussion of “Ethereal World Plaza,” or even the raw emotion of “Steelworks in Paradise.” Instead, we’ve chosen to treat Obscure Power with the reverence reserved for exceptional works: as a total experience, because that is how an album of this caliber demands to be heard.
Don’t talk to Quest Master about dungeon synth anymore—it would be an insult and an underestimation of his talent. Obscure Power reaches far beyond the confines of the genre, and clinging to that narrow label would be a betrayal of its vision. The album offers far more than the dungeon synth framework can contain, and to reduce it to that lens is to deny oneself a large part of the experience it has to offer. While Quest Master may still flirt with the world of ruined towers and fantastical beasts, he is no longer a mere heir to dungeon synth. That world of swords and sorcery becomes, here, a vast playground for sonic exploration. Obscure Power—which, in truth, is not all that obscure—feels less like an epic quest than a bold, liberated exploration of what electronic music can offer at its most fascinating.