Dreamy Knight – Ruins of the Old Kingdom

by Secluded Copyist

Imaginé comme un projet à la gloire des Grands Anciens des mondes dark ambient et dungeon synth, Dreamy Knight a sorti au début du mois d’octobre son tout premier album, intitulé — comme on peut l’imaginer — Ruins of the Old Kingdom. Œuvre de l’artiste bien connu John Lordswood (Flamberge, Skhemty, Weress et bien d’autres), Dreamy Knight est un nouveau projet dont le moteur est cette affection prégnante pour le son vintage du dungeon synth des origines, au même titre qu’un certain nombre d’artistes mis à l’honneur dans nos lignes depuis quelques mois. Une vraie tendance de la part de la scène ? Peut-être pas. Mais en tout cas, les albums les plus en vogue de 2023 vont tous puiser leur inspiration trente ans en arrière.

Ruins of the Old Kingdom se présente sous la forme d’une première sortie conséquente. Une grosse demi-heure de réjouissances sur la balance, en comptant deux titres qui avoisinent ou excèdent les dix minutes de musique. Dans la forme, les indications sont déjà là. On peut se dire, avant même de poser une oreille sur ce que Dreamy Knight a concocté, que le voyage sera lent et contemplatif. Les premiers instant confirment cette première impression à mesure que se développe avec indolence une plage atmosphérique un brin texturée. Mais c’est avec « Dark Shadow Through the Trails » et ses treize minutes de dungeon synth old school que Ruins of the Old Kingdom montre de quel bois il est fait.

Après quelques minutes d’une nouvelle démonstration du pouvoir d’évasion de nappes de claviers rêveuses, le titre bascule ensuite dans un registre un peu plus sombre. Les mélodies se font plus saillantes — autant que possible sur un album résolument aérien — et surtout bien plus profondes. Si l’on voulait dresser un parallèle audacieux — car très risqué sur le plan technique —, on pourrait presque trouver à ces mélodies une densité similaire à celles dont Mausolei s’était fait le géniteur, c’est-à-dire avec un traitement de l’émotion tout à fait remarquable. Cette richesse fait de « Dark Shadow Through the Trails » le titre le plus consistant de ce premier album, et celui qu’il est plus agréable d’explorer.

Si l’on pouvait formuler une critique à l’égard de Ruins of the Old Kingdom, peut-être se concentrerait-elle sur le manque d’épaisseur de certaines sonorités. Le choix des instruments fait la part belle aux sons anciens, ceux qui donnaient corps aux albums de ce que l’on appelait le dark ambient dans les années 90. Si le pari est réussi de ce côté, peut-être eût-il fallu aller encore plus loin pour rendre ces claviers encore plus sales, plus râpeux, de manière à racler les tympans de chacun et ainsi donner encore plus de volume à un album déjà très réussi, mais qui aurait par ce biais montré une profondeur encore plus saisissante.

À noter la présence de quelques chants parlés sur trois des cinq titres. Situé en arrière-plan de l’ensemble, ils ont le mérite de contextualiser quelque peu un album dont les pistes aux titres délicieusement stéréotypés rendent difficile la visualisation d’un cadre. Nous aimons d’ailleurs à percevoir dans les paroles du titre éponyme l’annonce d’une nouvelle sortie future. L’avenir nous donnera raison, ou non.

Ruins of the Old Kingdom était un album que l’on attendait pas mais qui ne manque pas de se faire remarquer, et pour d’excellentes raisons. Jamais rassasié, Lord Lordswood change de registre et montre qu’il est performant partout, et que chacun de ses projets, à sa manière, parvient à faire mouche. Il conviendra de se procurer la cassette qui est actuellement en préparation, surtout compte tenu du soin que l’on sait inhérent à la confection de toutes les productions d’Ancient King Records. Difficile de savoir si Dreamy Knight aura encore des choses à murmurer à son audience à l’avenir, mais on se languit à l’idée d’avoir de nouveau de ses nouvelles un jour.

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