Sanctificetur – Sanctificetur

by Secluded Copyist

Bien qu’il ne s’agisse probablement pas d’une position partagée par tous, il m’est avis que le dungeon synth a pour base solide la religion – entre autres évidemment. Finalement, assez peu de projets utilisent ouvertement le catholicisme (puisque c’est généralement de celui-ci dont il s’agit) pour illustrer leur musique ensorcelante. Mais lorsque c’est le cas, la manœuvre passe rarement inaperçue. Faisons donc connaissance avec Sanctificetur, projet français dont le géniteur n’est plus à présenter, et qui a déjà, par le passé, utilisé sa foi au service de sa musique. Sanctificetur sort ainsi sa première sortie, un album composé de huit pièces d’orgue.

Faire du dungeon synth à l’orgue est loin d’être aussi aisé qu’on pourrait le croire. Même si l’instrument semble taillé pour notre cher genre musical, le risque de tomber dans le registre gothique est grand. On aime évidemment les styles riches et théâtraux de Splendorius et de Castle of Otranto, mais on préfère tout de même ce qui fait directement référence au Moyen Âge. Sanctificetur ne semble pas être fixé d’un point de vue chronologique, quand bien même, on aime à considérer que ses mélodies évoquent l’an mil, soit un âge médiéval moyen, parfaitement intercalé entre un Haut Moyen Âge obscur et un Moyen Âge tardif plus riche sur le plan musical.

Pour parler de la musique de Sanctificetur en tant que telle, elle revêt évidemment une dimension rafraîchissante. Il demeure inhabituel d’entendre de l’orgue de manière aussi prononcée dans le dungeon synth. Souvent cantonné à un rôle secondaire, il occupe ici toute la place, et pour cause, il n’y a que lui chez Sanctificetur. Tous les titres, à l’exception du dernier, sont de belles pièces d’orgue. Belles, puissantes, mais aussi humbles, sincères. Il se dégage de la dévotion de cette première sortie, et certains titres parviennent à faire naître un recueillement tout à fait touchant, citons notamment « Litanie III : du mensonge ».

Les parties les plus sonores sont assurément celles qui scotchent le plus à son fauteuil. Je pense par exemple à celle qui point sur « Litanie I : de la gloire » à plusieurs reprises. On s’imagine assis religieusement au cœur d’une église millénaire, enveloppé de volutes d’encens et placé sous la protection rassurante de la vieille pierre. C’est finalement ce qui émane le plus de cette première sortie, une expérience nouvelle au contact d’un instrument dont le son peut se montrer diablement massif. L’ensemble fait voyager, parfois dans son imagination, parfois dans ses propres souvenirs. Une chose est sûre, Sanctificetur livre de quoi émouvoir. Que l’on soit croyant ou non.

En ce moment, on ne sait plus vraiment où donner de la tête. La scène française semble retrouver sa jeunesse d’antan et se montre plus intéressante que jamais. Il n’y qu’à se familiariser avec les derniers travaux d’Erang et de Descort pour s’en persuader. Dans un registre différent, Sanctificetur a mis au monde une première sortie étonnante qui ne manquera sûrement pas de persuader son monde que le dungeon synth religieux a beaucoup de choses à raconter.

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