- Article initialement publié sur le Repère des Reclus
- États-Unis
- Dungeon Synth / Ambient
- Indépendant
- 7 février 2020
Fort de l’immense succès (à l’échelle du dungeon synth) qu’a rencontré son premier album, le projet américain Fogweaver a refait son apparition au début du mois avec la sortie de Spellwind, huit petits mois après la sortie de son album éponyme. Couronné par nos soins album dungeon synth de l’année, ce dernier avait dévoilé une incroyable capacité à faire ressentir énormément de choses avec somme toute peu de moyens. Comme l’année dernière, l’artiste met à l’honneur le Cycle de Terremer, oeuvre de l’écrivain américaine Ursula Le Guin, au coeur d’un travail musical toujours aussi doux et léché. Fogweaver avait mis la barre très haut dans un premier temps, peut-il encore ne serait-ce qu’égaler ce brillant fait d’arme ?
Dans la mesure où le projet américain fait désormais partie des poids lourds du genre (toutes proportions gardées), une nouvelle sortie de sa part a suscité beaucoup d’enthousiasme dans l’effervescente communauté dungeon synth, et ce à fort juste titre. D’autant que, dans le cas présent, le succès immédiat de Spellwind a sans nul doute été renforcé par l’exceptionnelle pochette dont se pare l’album, travail effectué par le très talentueux Unexpected Specter. La rencontre avec la musique se fait de manière tout aussi délicate avec le titre introductif « Raising Up the Magewind », bien qu’on lui préfère sans doute le titre suivant, « Like a Moth’s Wing in the Fog », qui se montre bien moins neutre et plus conforme à ce que Fogweaver avait pu faire sur son premier album.
Pour ce qui est justement de la musique, l’identité de Fogweaver ne semble pas changer d’un iota, et quand on sait ce que le premier album pouvait faire ressentir, c’est une excellente chose. L’artiste utilise toujours un panel d’instruments assez restreint comprenant des plages atmosphériques enveloppantes et des sonorités plus légères, pour le résultat que l’on sait, à savoir des titres très complémentaires et portés sur des évocations d’une grande subtilité. Avec Fogweaver, il n’y a jamais rien de superflu, tout est toujours bienveillant, tendre, suave. L’auditeur est transporté dans un environnement très agréable dont la visite est rendue possible par le caractère très dépaysant de la musique de l’artiste américain. Assurément, Fogweaver a encore fait très fort.
Néanmoins, et uniquement dans l’optique de reprocher une ou deux choses à Spellwind, peut-être peut-on souligner l’absence de titres réellement marquants, là où l’album éponyme en comptait facilement trois ou quatre. Je retiendrai personnellement « Like a Moth’s Wing in the Fog » et « Orm Embar », mais les autres titres, bien que très satisfaisants dans l’ensemble, n’ont pas cette petite chose en plus leur permettant de vraiment rester en tête un moment. Après tout, c’est aussi le risque lorsque l’on s’aventure sur le sentier d’un dungeon synth ténu tel que celui-ci, mais cela n’enlève rien à la qualité globale de Spellwind, qui est une sucrerie absolue du début à la fin.
Fogweaver est de retour, et s’il n’a sans doute pas réussi à faire aussi bien que l’année dernière avec son album éponyme, il parvient quand même à faire de Spellwind un album qui se situe dans les hautes sphères du dungeon synth par ses évocations et son potentiel d’évasion. Car même si l’on peut reprocher à cet album d’être un poil en deçà de son prédécesseur, il n’en demeure pas moins un cran au-dessus d’une bonne partie de la scène dungeon synth. Fogweaver prouve ainsi définitivement qu’il fait partie des projets qui comptent à l’heure actuelle.