- Article initialement publié sur le Repère des Reclus
- Inconnu
- Goblin Synth
- Knekelput Recordings
- 11 août 2020
Au sein du vaste royaume du dungeon synth, on le sait, cohabitent une multitude de branches et sous-genres qui n’ont parfois pas grand chose de plus en commun que le fait, justement, d’habiter le même domaine. Au sein de ce marasme parfois bien compliqué, le goblin synth est assurément l’un des courants les plus drôles et les plus enthousiastes musicalement, et les artistes font souvent preuve d’un humour gras et épais avec beaucoup de réussite. Aux côtés de fiers représentants que sont Grol the Goblin et Knights of Gob, on peut, depuis l’année dernière, citer la présence de Toadlickers, qui a mis au monde sa première sortie, la finement nommée Hangover Songs.
Le goblin synth est un courant plus que mineur du dungeon synth. Pourtant, malgré le nombre extrêmement restreint d’albums qui clament lui appartenir, il demeure très apprécié des membres de la communauté. La raison est extrêmement simple. Si le goblin synth était un membre de votre famille, il s’agirait sans nul doute de votre oncle Patrick, beurré comme un biscuit au bout de quelques canons et toujours enclin à sortir la blague de trop, ce qui ne manquera pas de le faire éclater d’un rire sonore. En clair, les projets musicaux versant dans le goblin synth proposent souvent une musique très entraînante — et riche en mélodies bien plus travaillées qu’on ne voudrait le croire —, des sonorités un poil grossières mais toujours mesurées, et une atmosphère générale particulièrement insouciante, le tout étant illustré de thématiques contant le récit de quelque gobelin ou gnome un peu trop porté sur la fiole. On se souvient évidemment de l’introduction absolument hilarante de « Too Many Magic Potions » de Knights of Gob.
Toadlickers appartient au même registre, pour notre plus grand plaisir, et un simple coup d’œil jeté à la tracklist — citons les titres « Now I Wanna Lick Some Toads » et « Too Many Mushroom Candies » — suffit déjà à nous arracher un sourire. Le contenu musical ne déçoit pas le moins du monde, et ce malgré la taille réduite de Hangover Songs, qui n’atteint même pas le quart d’heure de réjouissances. Les deux titres sus-cités dévoilent des mélodies très enjouées, si bien qu’il devient difficile de les écouter sans remuer frénétiquement la tête ou la jambe. La rythmique, très réussie, joue également un rôle primordial dans le rendu final.
L’artiste stipule clairement que le contenu de Hangover Songs a été composé sous l’effet « de la bière, du vin et du grog », et pour être honnêtes, on a bien envie, nous aussi, de nous servir une petite chope à l’écoute de cet album étonnamment guilleret et enivrant. Absolument tous les titres servent cet aspect de l’album, sauf peut-être « The Cockroach Waltzer », moins emballant que ses pairs mais pas raté pour autant, loin s’en faut. Du début à la fin, quelques samples viennent égayer davantage un paysage musical déjà très attachant et renforcer une immersion plutôt surprenante. On n’en attendait clairement pas tant d’un album faisant le culte de la gueule de bois.
Hangover Songs est, à l’image d’autres albums de goblin synth, absolument jouissif. Les puristes pourront se formaliser à la vue de cette incongruité musicale et de sa pseudo-appartenance au dungeon synth. Grossière erreur. Ce serait là le meilleur moyen de se priver d’un artiste et d’un album très amusants et divertissants. Finalement, le seul point faible de cette première sortie réside dans sa durée, bien trop faible au regard du contenu qu’elle propose. Si Toadlickers est revenu depuis avec la sortie du single Father Krampus pour Noël, on attend impatiemment d’avoir quelque chose de plus conséquent à se mettre sous la dent…