- Article initialement publié sur le Heiðnir Webzine
- Espagne
- Black Metal
- Osmose Productions
- 30 septembre 2016
Nous sommes en 2015, Ebola, unique membre de Cryfemal, décide de déterrer son projet solo, qui était inactif depuis 2011. En s’associant, notamment, avec Bornyhake, batteur de Borgne ou encore Enoid, l’artiste espagnol décide alors de composer un nouvel album pour relancer Cryfemal de fort belle manière. C’est avec un immense plaisir que nous assistons donc au retour sur le devant de la scène d’un projet solo dont la musique sait faire preuve de puissance et de qualité. Mais une question demeure, cette démarche était-elle réellement judicieuse ?
En premier lieu, et au risque d’être mauvaise langue, le titre de l’album est plutôt risible. Pour celles et ceux qui l’avaient deviné, D6s6nti6rro, ou plutôt, Desentierro, signifie déterrer dans cette chantante langue qu’est l’espagnol. Un choix tout à fait cohérent lorsque l’on se penche sur l’historique de Cryfemal. Mais là où le ridicule dépasse l’entendement, c’est vis à vis de l’ajout du nombre de la bête dans ce même titre. Vous faites partie de ceux voulant éviter à tout prix les stéréotypes au sein du black metal ? C’est raté. Il est vrai qu’Ebola est à lui seul un cliché ambulant, et il en use encore et encore, mais tout de même. Quoi qu’il en soit, et fort heureusement, la musique fait preuve d’une toute autre créativité. Si Cryfemal nous avait quittés, en 2011, sur un Malicioso Sonido Putrefacto qui manquait un peu de corps et de mordant, nous nous devons d’avouer que le projet solo a plus que rectifié le tir sur sa dernière sortie.
D6s6nti6rro est un concentré diabolique de rage et de malsanité. Dès les premiers riffs, qui vous rappelleront sans doute ceux de Schattenvald, vous serez transportés au coeur d’une atmosphère martiale et guerrière au possible. En vérité, la musique de Cryfemal a toujours eu cet aspect irrespirable, voire suffocant, mais c’est d’autant plus vrai dans le cas de D6s6nti6rro. La batterie, jouée à un rythme souvent frénétique, ne s’arrête jamais, et les guitares crachent leur venin d’un bout à l’autre de l’album sans que l’on trouve le temps de reprendre sa respiration. Si Ebola voulait faire de cet album une production torride, asphyxiante et insupportable, il a visé juste, D6s6nti6rro dérange.
N’y voyez pas là un jugement péjoratif. Finalement, peu nombreux sont les albums disposant d’une prestance aussi accablante. Par nature, cette dernière est ancrée dans le black metal, mais peu d’albums peuvent se targuer de pousser le vice aussi loin que le dernier né de Cryfemal. Selon le contexte, D6s6nti6rro ne sera pas un album spécialement agréable à écouter pour tout le monde, surtout pour ceux n’étant pas familiarisés avec les spécificités de la musique de Cryfemal, mais cet album fait évidemment preuve d’une qualité certaine, et nul doute qu’il saura trouver son public. Nous pourrions éventuellement lui reprocher un manque de variété certain, le rythme et les sonorités ne variant que trop peu. À ce titre, difficile de ne pas être lassés si nous venions à renouveler l’écoute de D6s6nti6rro. Ebola n’a, certes, jamais su se débarasser de cette espèce d’étiquette, mais cela ne l’a jamais empêché d’écrire des albums de qualité, quand bien même ces derniers seraient redondants.
Le retour sur le devant de la scène est plus que réussi pour Cryfemal. Grâce à un album qui nous rappellent les plus belles heures de son projet solo, Ebola effectue une réapparition plus que réussie. Si vous aimez particulièrement les albums lourd et pesants au possible, soyez certains de pouvoir profiter de D6s6nti6rro comme il se doit.