Descort – Ysopet 1er

by Secluded Copyist

Voilà quelques années que la scène française a perdu de sa superbe. Non pas que les projets français soient devenus quelconques, loin de là, mais l’effervescence et la grande fraternité de la scène qui régnaient il y a encore quelques années semblent révolues. Le grand nostalgique que je suis regrette beaucoup cette période très heureuse. Ceci étant, certains albums, de temps en temps, permettent de raviver des souvenirs et de voir un peu plus loin, comme pour se rappeler que les artistes sont toujours là pour faire honneur à la sincérité du dungeon synth français. Descort est évidemment de ceux-là.

Descort sort un peu de nulle part avec Ysopet 1er. À peine sorti des choux, le projet bordelais a gratifié son public d’un premier album considérable. Le premier contact avec Ysopet 1er est aussi doux et délicat qu’on peut l’espérer. La pochette, absolument splendide et finement réalisée, est une réelle invitation à venir découvrir les mélodies verdoyantes de la musique qu’elle illustre. On relie aisément le nom de l’album à celui d’un monarque de quelque contrée lointaine, ce qui ne manque pas, avant même de faire connaissance avec la musique, de procurer un sentiment d’évasion très agréable. Rassurez-vous, la musique de Descort répond largement aux attentes. Elle les dépasse même.

Évidemment, la comparaison est triviale et ne présente que peu d’audace. À l’écoute des premières notes de « Le Nomade », le constat est sans appel : Fief est parmi nous. Le climat général, l’onctuosité des mélodies, la justesse incroyable de la production… Tout rappelle l’illustre projet américain. Et pourtant, on est presque tenté de dire que Descort ne se contente pas de copier son mentor. Au fil des titres, l’identité du projet prend de l’épaisseur, comme s’il avait voulu séduire avant de révéler sa véritable nature. Descort sait d’ailleurs faire varier son registre. Certains titres se montrent plutôt dansants avec beaucoup de réussite, citons « Le Mont Large du Périgord Noir », là où d’autres sont peut-être un peu plus introspectifs, comme « La Fin du Périple », dont la langueur permet de clore efficacement l’album.

Si Descort parvient à proposer quelque chose d’aussi enchanteur dès sa première sortie, il a dû se nourrir des maîtres en la matière. Selon les dires de l’artiste, Stephen Rippy — l’inénarrable auteur des bandes originales des jeux Age of Empires — a été une influence de poids. Rien qu’à l’écoute de la seconde partie de « Les Bois de Paimpont », on a bien envie de le croire. De bout en bout, Ysopet 1er fait preuve d’un charme absolument bluffant, et le talent de son géniteur doit être loué pour l’élégance absolue et pour la qualité des mélodies qu’il est parvenu à inclure à son premier album. Du grand art.

Curieusement, l’album a assez peu marché depuis sa sortie sur la plateforme BandCamp. Le public dungeon synth est pourtant friand de ces albums légers et champêtres, surtout depuis que Fief a oublié de sortir son album annuel à l’automne 2020. Si l’on en croit les crédits d’Ysopet 1er, il sera — ou a simplement été — produit par le mystérieux Ancient King Records, qui n’a pour le moment pignon sur rue nulle part. On espère très fort que cette collaboration permettra à l’album de bénéficier d’une sortie physique, il s’agirait d’une moindre récompense compte tenu de sa qualité.

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