DragonKeep – Where Dragons Fly Forever Free

by Secluded Copyist

S’il on m’entend souvent maugréer sur la scène dungeon synth française, elle compte certains acteurs toujours très productifs. Votre pauvre rédacteur déblatère toujours autant sur la question, mais il n’est pas le seul à faire vivre une scène hexagonale plongée dans un coma relatif depuis disons un an et demi. En effet, le projet dont nous parlons aujourd’hui est l’une des innombrables créations de l’un des musiciens les plus productifs de la scène, également géniteur de valeurs sûres tels que Royaume des Brumes ou Spectral Castle. Nouveau projet donc, avec DragonKeep, accompagné de manière toujours aussi singulière d’une atmosphère nouvelle et, une fois n’est pas coutume, rafraîchissante.

Lorsque l’on m’a présenté la pochette de Where Dragons Fly Forever Free, un enthousiasme viscéral m’a envahi, celle-ci m’ayant fortement rappelé les deux sublimes albums d’Erdstall. Mais comme on peut s’y attendre, un album qui arbore un dragon sur sa pochette ne fait pas de lui un Caverns of Endless bis. Ceci étant, la première sortie de DragonKeep réserve tout de même son lot de bonnes surprises, à l’image de ce que l’artiste se plaît à faire sur ses autres projets, à un détail près. Comme à l’accoutumée, des nappes de claviers plus ou moins lourdes viennent servir de fondation à des mélodies plus légères et plus enlevées, le tout étant sublimé par des percussions discrètes mais efficaces.

Mais une petite subtilité, plutôt étonnante lorsque l’on sait ce que l’artiste nous livre habituellement, vient fleurir au milieu du premier des deux titres, sobrement intitulé “Side A”. Les nappes de claviers laissent place à une mélodie polyphonique enchanteresse voire champêtre, mais qui ne perd pas son caractère passéiste. Si Fief le voulait, il sonnerait vraiment dungeon synth. Construit sur le schéma ABAB, ce premier titre offre à son auditoire une dualité technique très intéressante. Viennent ensuite “Side B” et ses accents bien plus mélancoliques. La chose ne manquera d’ailleurs pas de surprendre, surtout lorsque l’on s’aventure du côté de la septième minute et que jaillit du titre une mélodie très agréable mais aussi assez plaintive.

Celle-ci résonne quelques minutes avant de s’éteindre et de laisser place à quelque chose d’un poil plus optimiste, avant de refaire son apparition vers la fin du titre, comme pour faire mourir l’album sur une nostalgie prononcée. La petite demi-heure de dungeon synth que représente Where Dragons Fly Forever Free est assurément de toute beauté, et prouve que l’artiste élargit son registre de mois en mois. Sur “Side B”, on semblerait presque entendre Hedge Wizard, et pas celui de cette fumisterie que représente Local Portal, le Hedge Wizard édifiant qui a livré More True Than Time Thought. Le parallèle est plus qu’audacieux, mais il y a un peu de ça sur Where Dragons Fly Forever Free

Sorti au format physique via Foreign Sounds et au format digital sur Secret Corridor Records (désormais The Weeping Kingdom, ndlr), deux labels dont on ne vante d’ailleurs plus la qualité, le premier album de DragonKeep est une franche réussite. Des mélodies entraînantes, une production très juste et une atmosphère travaillée contribuent à faire de l’album un incontournable de l’automne. Alors qu’Halloween bat son plein, si vous avez envie de tout sauf de subir les dizaines d’albums sur le sujet, penchez-vous sur DragonKeep, vous ne regretterez pas votre choix.

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