Wydraddear – Hermit of the Great Whole

by Secluded Copyist

En avril dernier, un nouveau projet très intrigant avait fait son apparition au sein de la scène française à l’occasion de la sortie de The Castle Above the Mist. Le curieux Wydraddear se fait alors remarquer, autant par le biais de son dungeon cryptique et insaisissable que par celui de son identité graphique soignée. Ce dernier point se traduit d’ailleurs par la mise à disposition d’éditions cassette elles aussi très belles. Un petit mois simplement après cette première sortie, l’artiste français a remis le couvert avec Hermit of the Great Whole, un ensemble qui paraît encore plus sombre et fouillé que son prédécesseur…

Si tant est que la scène française puisse se targuer d’une étiquette stylistique prédominante, elle est plutôt à mettre sur le compte du revival dungeon synth, ou du moins de ses émanations plus folk et champêtres. Les exemples sont nombreux, y compris dans nos lignes. Il est à ce titre à la fois agréable et stimulant de pouvoir se pencher sur le travail d’un artiste — du nom de Baddoar — qui, pour sa part, demeure fidèle à la fraîcheur humide des vieilles pierres et à l’ombre des caveaux. La musique de Wydraddear brille avant tout par son minimalisme. Les titres sont, pour la plupart, un savant enchevêtrement de nappes de claviers mornes et gémissantes. Les mélodies y sont rares et précieuses, et ça tombe bien, elles commettent parfaitement leur forfait.

Mes positions sur le dungeon synth minimaliste — ou du moins ce qui s’en approche — sont claires. Lorsqu’il est réalisé avec justesse, il permet une évasion autrement plus importante que dans le cas d’un dungeon synth plus riche. Dans le cas de Wydraddear, on tape dans le mille. La finesse des mélodies associées à la justesse des sonorités — on est en effet loin de la densité de ce qui se fait communément dans le dungeon synth à caractère drone — permet une expérience de dépaysement grandement facilitée. L’artiste s’est également permis de s’engager sur un registre plus rampant que sur son premier album, le titre « Reach the Mistletoe Temple » en est l’exemple parfait. Dans ce cas précis et grâce à ses velléités ambient plus prononcées, Wydraddear enveloppe l’auditeur d’une atmosphère à la fois inquiétante et vivifiante. L’apothéose est d’ailleurs atteinte à l’occasion du titre suivant, lui aussi excellent, « The Hand That Wields the Axe », dont les quelques arômes épiques viennent sublimer un ensemble jusqu’alors plutôt intimiste.

Auteur de deux sorties de grande qualité en un peu plus d’un mois, Wydraddear est un projet que l’on se doit d’avoir dans son répertoire. Si la sortie de The Castle Above the Mist s’était montrée très prometteuse, celle de Hermit of the Great Whole fait office de confirmation. Tout ceci associé à l’identité graphique léchée de l’artiste nous inspire inévitablement l’envie d’explorer encore plus loin ces fameux Tales & Legends From Wydraddear, tel que l’indique chaque pochette jusqu’alors…

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