Esgaroth – The Secret Order

by Secluded Copyist

Habituellement cantonné à la composition presque éjaculatoire d’un black metal atmosphérique tout à fait simple mais efficace, parfois avec quelques éléments ambient, le projet californien Esgaroth s’est récemment essayé à l’album entier de dungeon synth. Au sein de sa discographie titanesque, puisque l’artiste sort pour ainsi dire un album tous les mois, il est évidemment très difficile de faire le tri. Mais, avec l’arrivée de The Secret Order, il se pourrait bien que l’artiste soit désormais plus estimé par la communauté dungeon synth, car ce qu’il propose avec cette nouvelle sortie n’a pas grand-chose à envier à certains des plus gros projets…

Esgaroth fait donc partie de ces projets qui n’ont de cesse de sortir de la musique. Cela faisait un petit moment que je suivais le projet de loin, persuadé que cette orgie de black metal atmosphérique cachait quelque chose de très intéressant musicalement, et je suis content de voir que l’artiste a enfin sorti la perle rare. The Secret Order est un album au format assez accessible, soit une vingtaine de minutes, et riche de titres très intéressants. L’EP s’ouvre d’ailleurs sur un trio tout à fait solide composé de titres très travaillés, la mention spéciale allant naturellement à « Mountain Tribe », dont les mélodies polyphoniques sont absolument splendides.

Le projet mélange ici astucieusement le mystère du dungeon synth traditionnel aux mélodies champêtres du dungeon synth contemporain, et cela aboutit à la création d’une atmosphère sincère et touchante, qui a tendance à conforter l’auditeur dans un cadre bucolique calme et serein, et « Mountain Tribe » en est le symbole plus que tout autre titre. Pour ce qui est des autres titres justement, tous présentent un intérêt certain par leurs mélodies travaillées ou simplement par leur charme. Cependant, ça n’est pas le cas du titre éponyme.

Le piano, dans le dungeon synth, c’est un instrument assez particulier. Utilisé en arrière-plan et avec parcimonie, il sublime comme il se doit une mélodie lente et mélancolique, comme sur « Dragons Hunger » ou « Ritual Gathering ». Mais sur « The Secret Order », c’est bel et bien le piano qui est mis en avant à l’aide de mélodies plus enjouées et un poil gothiques. Castle of Otranto n’est d’ailleurs guère loin à l’écoute de ce titre. Ce dernier n’est pas mauvais en soi, mais si Castle of Otranto nous vient en tête, c’est que le registre est bien différent. Esgaroth bouscule un peu l’ambiance et sert un titre qui n’a finalement pas grand-chose à faire sur la table.

Mais ne nous méprenons pas, Esgaroth a malgré tout travaillé sur un album absolument excellent, il est d’ailleurs surprenant de le voir se montrer aussi productif en si peu de temps. Mis à part peut-être un titre plus faible que les autres, ou simplement qui jure avec l’ensemble, en l’occurrence le titre éponyme, l’artiste américain a donné naissance à un album qui pourrait bien le faire entre directement dans la classe des grands du dungeon synth. C’est du moins ce à quoi il aspire avec un travail de cette qualité.

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