- Article initialement publié sur Heiðnir Webzine
- France
- Dungeon Synth
- High Cathedral Records
- 28 juin 2018 (digital)
Au sein d’une scène française parfois décousue mais bel et bien en pleine ébullition depuis plusieurs mois, un nouveau projet s’est essayé à l’exercice de l’album longue-durée. Il s’agit cette fois-ci d’Urrnil, projet très récent, dont Killer of Malevolence, la première sortie, avait vu le jour en mai dernier. L’artiste n’a donc pas attendu très longtemps avant de proposer une sortie plus conséquente, et voici que Fabularum est révélé au grand jour. Dans un registre très médiéval, Urrnil propose un album qui n’a aucun mal à faire voyager…
Si l’on se penche quelque peu sur la genèse de Fabularum, on apprend qu’il est effectivement dédié à Utred, référence ultime et légende vivante en matière de dungeon synth médiéval. De suite, et avant même d’avoir appuyer sur le bouton lecture de la page BandCamp, on sait dans quoi on va mettre les pieds, et la magnifique pochette arborant « La chasse de nuit » de Paolo Uccello y est également pour beaucoup. Dès le début de « Knighting Ceremony », une certaine atmosphère chevaleresque et épique s’installe. Même sans avoir pris connaissance de l’espèce de dédicace concoctée par Urrnil, on aurait eu l’influence d’Utred en tête.
Malgré leur indéniable aspect héroïque, les mélodies d’Urrnil sont la plupart assez touchantes. Elle sont effectivement épiques, mais ne tombent jamais dans le grandiloquent plat et pompeux comme c’est malheureusement souvent le cas pour les projets dungeon synth qui ne jurent que par l’aspect batailleur de leur musique. Urrnil jongle entre une atmosphère médiévale un brin guerrière et l’ambiance spectatrice de la vie d’autrefois. Certaines rythmiques semblent même directement inspirées de la musique du haut Moyen Âge. Une chose est sûre, Urrnil s’est inspiré des plus grands, d’hier ou d’aujourd’hui, pour donner corps à sa musique.
On trouve également sur Fabularum quelques joyeusetés plus douces que les autres, comme en témoigne la mélodie au clavier de « Knighting Ceremony » ou la mélodie principale de « The Golden Hoof ». Urrnil surprend, et très agréablement. Quelques imperfections sont malgré tout à signaler, avec des instruments qui ne sont parfois pas en rythme avec d’autres sur quelques titres, mais globalement, l’artiste montre un potentiel très intéressant. On retrouve quelques sucreries de choix, dont une reprise de l’excellent titre moitié folk moitié médiéval de Dissection, « Into Infinite Obscurity ». Un titre qui se marie d’ailleurs extrêmement bien au climat général de l’album.
Beaucoup de choses sont à dire sur Fabularum et sur la capacité d’Urrnil à créer quelque chose de prenant et de pictural, mais finalement, la meilleure chose à faire est encore d’écouter par soi-même pour se faire une idée de manière personnelle. En tout cas, on ne saurait suffisamment congratuler l’artiste français pour ce qu’il a fait avec cet album, tant le voyage qu’il offre à son public est réussi. Assurément l’une des grosses surprises de l’année.