Ancient Kingdom – Secret Forest Enchantments

Ça n’a sans doute pas échappé à nos lecteurs les plus assidus. Dernièrement, tous les albums dont nous avons parlé arborent une pochette monochrome et énigmatique. Sans le vouloir, nous avons confiné à une certaine forme d’obscurité, mais il est temps d’en prendre le contrepied. Suivons le chemin des bois et de l’une des dernières sorties de Ancient Kingdom, un projet italien particulièrement actif depuis maintenant un an, et dont il est difficile de passer à côté. Grand adepte des cycles, celui-ci en consacre un aux éléments, et voici Secret Forest Enchantments, digne représentant de la terre.

Ça n’a l’air de rien, mais un projet de dungeon synth portant un nom aussi générique et cliché que Ancient Kingdom, ça me fait frétiller d’excitation. Lorsque l’artiste italien a sorti Dungeons I, j’avais été autant séduit par l’identité globale de ce projet terriblement dungeon synth que par le son qui se dégageait de ce premier album. Un an plus tard, Ancient Kingdom a eu tout le loisir de mettre au monde de nombreuses sorties, mais c’est bien Secret Forest Enchantments, sorti il y a quelques jours à peine, qui a retenu notre attention. Par son titre et par l’artwork qui orne sa pochette, on devine déjà que l’album entend nous faire emprunter des sentiers forestiers perdus et luxuriants.

Cinq titres assez conséquents forment l’ossature de l’album. Sans surprise, on y trouve un dungeon synth plutôt mélodique et léger. Le son y est propre, riche en orchestrations, mais très intimiste malgré tout. Très bon mélodiste, Ancient Kingdom parvient à s’appuyer sur une mécanique de composition importantissime dans le dungeon synth : réussir à faire traîner une mélodie en longueur sans faire naître une once d’ennui chez son auditoire. Alors comme ça, vous avez aimé « Call of the Woods » ? Sachez qu’elle ne s’appuie que sur un thème, volontiers agrémenté ici et là de quelques éléments qui épaississent l’ensemble, mais un seul tout de même, et six minutes durant. On est tellement porté par l’harmonie qui se dégage de chacun des titres qu’on en oublierait presque que lesdits titres sont — toutes proportions gardées — relativement pauvres sur le plan technique. Et ça, c’est fort.

Sur le plan du ton utilisé pour faire parler chacun des titres, c’est en revanche extrêmement varié. Si l’artiste ne perd jamais ce lien très fort avec la forêt en tant que symbole mystique et protéiforme, chaque titre dégage ses propres émotions. Là où « Green Mage » et « Leaves in the Wind » prennent la forme d’objets musicaux sautillants, quasiment ludiques, le titre éponyme est en revanche beaucoup plus profond et introspectif. Sans être complètement sombre, il fait appel à des sonorités plus lentes et atmosphériques, presque drone dans l’esprit, pour dépeindre un paysage forestier autrement plus complexe, et que l’on observe avec beaucoup de recul. On ne se sait pas bien pourquoi, mais on ressent subitement une forme de langueur qui n’a peut-être pas de lien direct avec les thématiques de Secret Forest Enchantments, mais qui se marie à merveille au reste de son contenu.

Comme souvent depuis la sortie de son tout premier album, il y a maintenant un an, Ancient Kingdom vise juste. À l’aide de son dungeon synth pur — annoncé improvisé, sans mixage ni mastering —, l’artiste italien brille par sa vision brute du genre et par la profondeur qu’il parvient à adjoindre à sa musique. En douze mois, le chemin parcouru est considérable, et on espère bien ne pas le voir s’arrêter là. Quant à Secret Forest Enchantments, il accompagnera à la perfection la plus insignifiante de vos balades printanières.

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It probably hasn’t escaped the notice of our most dedicated readers: lately, every album we’ve discussed features a monochrome, enigmatic cover. Without meaning to, we’ve lingered in a certain kind of darkness—but it’s time to take the opposite path. Let’s follow the woodland trails and explore one of the latest releases from Ancient Kingdom, an Italian project that has been particularly active over the past year and is now hard to ignore. A devoted enthusiast of cycles, this artist has dedicated one to the elements, and here is Secret Forest Enchantments, a worthy tribute to the earth.

It might not seem like much, but a dungeon synth project with a name as generic and cliché as Ancient Kingdom is enough to get me excited. When the Italian artist released Dungeons I, I was just as captivated by the overall identity of this undeniably dungeon synth project as I was by the sound of that debut album. A year later, Ancient Kingdom has had plenty of time to release numerous works, but Secret Forest Enchantments, released just a few days ago, is the one that caught our attention. From its title to the artwork on its cover, it’s clear that this album aims to lead us down lost and luxuriant forest paths.

Five substantial tracks form the backbone of the album. Unsurprisingly, we find a rather melodic and light dungeon synth. The sound is clean, rich in orchestration, yet remains deeply intimate. A skilled melodist, Ancient Kingdom masters one of the most crucial compositional mechanics in dungeon synth: the ability to extend a melody without ever allowing boredom to set in. So, you enjoyed “Call of the Woods”? Keep in mind that it revolves around just one theme—occasionally adorned with subtle elements that add depth, but still a single theme—sustained for six full minutes. We are so carried away by the harmony that radiates from each track that we almost forget that, technically speaking, these pieces are relatively simple. And that’s quite an achievement.

However, when it comes to the mood conveyed by each track, there is remarkable variety. While the artist never loses the strong connection to the forest as a mystical and multifaceted symbol, each piece expresses its own emotions. Where “Green Mage” and “Leaves in the Wind” take on a bouncy, almost playful character, the title track is much deeper and introspective. Without being entirely dark, it relies on slower, more atmospheric sounds—almost drone-like in spirit—to paint a forest landscape that is far more complex, observed from a great distance. We can’t quite explain why, but a sudden sense of melancholy arises—perhaps not directly tied to the themes of Secret Forest Enchantments, but blending seamlessly with the album’s overall essence.

As has often been the case since the release of its debut album a year ago, Ancient Kingdom hits the mark. With its pure dungeon synth—improvised, unmixed, and unmastered—the Italian artist shines through the rawness of their vision and the depth they manage to instill in their music. In just twelve months, the progress has been remarkable, and we certainly hope to see it continue. As for Secret Forest Enchantments, it will be the perfect companion for even the most insignificant of your springtime strolls.