- Royaume-Uni
- Dungeon Synth
- Realm & Ritual / Northern Curse Records
- 15 mars 2025
Comme pour digérer définitivement le spectacle éclatant offert par Quest Master, j’ai ressenti le besoin de revenir à des considérations plus terre-à-terre en matière de dungeon synth. Pour concrétiser cette démarche, Altar of Moss s’imposait presque de lui-même : ce projet brille par l’usage de sonorités parmi les plus épaisses et rampantes qui soient. Avec sa dernière sortie, Y Cockatrice, l’artiste gallois nous entraîne plus loin encore dans un univers musical paradoxalement riche, où la rudesse du son ne saurait occulter un sens très sûr de la mélodie.
Le cocatrix — différentes orthographes sont admises en français — ici mis à l’honneur sent bon les vieux bestiaires, et nous ramène à une époque où la rationalité n’avait pas encore étouffé l’imaginaire. Le décor est posé, et on ne saurait rêver mieux pour illustrer un album de dungeon synth traditionnel. Créature hybride et malfaisante, le cocatrix est souvent décrit comme un cousin légendaire du basilic, prenant la forme d’un coq, et doté d’une queue de dragon ou d’un souffle pétrifiant. Il concentre en lui toutes les peurs d’un Moyen Âge hanté par les chimères et l’hermétisme. Ce n’est pas un hasard si Altar of Moss choisit cette figure : à l’image de sa musique, elle est à la fois grotesque et fascinante.
Au rayon musical, justement, le projet gallois affiche un goût prononcé pour les sonorités sombres et très texturées, pour le plus grand plaisir de votre narrateur, qui considère encore et toujours qu’il s’agit là de la manière la plus pure de faire du dungeon synth. On pourrait croire, à tort, avoir affaire à un énième artiste versant dans de longues plages drones dénuées de relief — il n’en est rien ! Bien au contraire, sans renier son attrait pour la densité sonore, Altar of Moss démontre qu’il est tout à fait possible de produire un dungeon synth traditionnel tout en soignant ses mélodies et ses atmosphères. Une posture qui se fait rare, mais qui, quand elle est aussi bien maîtrisée, continue de faire des merveilles. Sur Y Cockatrice, ça grésille fort, mais pas que.
Sur ce plan, « Siegecraft » est un bel exemple de ce dont Altar of Moss est capable. Non content de peser lourd, avec 6 minutes de musique sur la balance, le premier titre de l’album est celui qui se montre le plus consistant. S’y entremêle différents niveaux de sonorités très complémentaires pour rendre le tout obscur, mystérieux et un brin épique, comme pour illustrer quelque quête au sein d’une crypte décrépite. Petite précision curieuse, le label Realm & Ritual propose le téléchargement individuel pour deux des six titres qui composent Y Cockatrice : « Frostbitten Dawn » et le titre éponyme. Si le premier est effectivement doté de la même richesse qui le rend incontournable, c’est peut-être moins le cas de « Y Cockatrice », dont les accents sont un poil trop sonores en comparaison de la justesse technique qui se dégage du reste de l’album.
Si l’ensemble brille par son traitement des registres obscurs et héroïques — comme tout album de dungeon synth qui se respecte —, on se surprend à être portés par de petits éléments qui sortent de ce cadre. C’est le cas des mélodies un peu plus enjouées de « Rural Senghenydd » — du nom d’un village situé dans le sud du Pays de Galles —, mais également des accents très dungeon crawler et presque chiptune dans l’esprit de « Hunting Party ». Ces respirations contribuent indéniablement à faire de Y Cockatrice un disque moins rébarbatif qu’il n’y paraît, du moins pour celles et ceux dont les affinités sont moins proches de la vieille pierre et des claviers râpeux. Car en dehors de ça, l’artiste gallois a signé un album irréprochable.
Vous l’aurez compris aisément, ça ne saute pas aux yeux, mais Y Cockatrice est un album copieux. Altar of Moss y manie les différents registres du genre avec une aisance certaine, donnant naissance à un album étonnamment dense, qu’on ne peut véritablement appréhender qu’au fil d’écoutes répétées. C’est un disque qu’il faut user jusqu’à la corde, gratter, creuser, pour en révéler les subtilités dissimulées dans les replis de sa texture sonore. En clair, un véritable petit bijou.
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To properly digest the dazzling spectacle offered by Quest Master, I felt the need to return to more grounded considerations in the realm of dungeon synth. To embody that desire, Altar of Moss seemed like the natural choice: this project stands out for its use of some of the thickest, most creeping sounds you’ll find. With their latest release, Y Cockatrice, the Welsh artist takes us even further into a paradoxically rich musical world, where sonic harshness never overshadows a keen sense of melody.
The cockatrice — spelled in various ways in French — takes center stage here, exuding the musty charm of old bestiaries and carrying us back to a time when rationality had not yet stifled the imagination. The tone is set, and it couldn’t be more fitting to illustrate a traditional dungeon synth album. A hybrid and malevolent creature, the cockatrice is often described as a legendary cousin of the basilisk, taking the form of a rooster with a dragon’s tail or a petrifying breath. It embodies the fears of a Middle Ages haunted by chimeras and hermeticism. It’s no coincidence that Altar of Moss chose this figure: much like their music, it is both grotesque and mesmerizing.
Musically speaking, the Welsh project clearly favors dark, heavily textured sounds — much to the delight of this narrator, who still believes this is the purest way to make dungeon synth. One might be tempted to assume, wrongly, that this is yet another artist indulging in lengthy drone stretches devoid of contour — but that’s far from the case. On the contrary, while fully embracing sonic density, Altar of Moss proves that it’s entirely possible to produce traditional dungeon synth while crafting thoughtful melodies and atmospheres. This approach has become increasingly rare, but when executed this well, it still works wonders. On Y Cockatrice, there’s a lot of crackling — but not just that.
“Siegecraft” is a fine example of what Altar of Moss is capable of. Not only is it hefty — clocking in at six minutes — it also stands out as the album’s most substantial track. Multiple layers of highly complementary textures intertwine to produce a sound that’s dark, mysterious, and slightly epic, as if illustrating a perilous quest within a crumbling crypt. A curious detail: Realm & Ritual has made two of the six tracks available for individual download — “Frostbitten Dawn” and the title track. While the former indeed boasts the same richness that makes it essential, the latter, “Y Cockatrice,” might fall slightly short, with its somewhat overpowering sound compared to the technical precision found elsewhere on the album.
While the album shines in its treatment of shadowy and heroic registers — as any respectable dungeon synth release should — one is pleasantly surprised by small elements that step outside this framework. This is the case with the slightly more cheerful melodies in “Rural Senghenydd” — named after a village in South Wales — and also with the strong dungeon crawler and almost chiptune-like accents in “Hunting Party.” These moments of breathing room undeniably contribute to making Y Cockatrice a less forbidding album than it might first seem, especially for listeners less naturally inclined toward crumbling ruins and gritty keyboards. Beyond that, though, the Welsh artist has delivered a flawless record.
As you’ve probably gathered, it’s not immediately obvious, but Y Cockatrice is a dense album. Altar of Moss navigates the genre’s different registers with remarkable ease, creating a surprisingly rich body of work that only reveals its full scope through repeated listens. This is an album to wear down, to scratch at, to dig into — until its hidden subtleties emerge from the folds of its sonic fabric. In short: a true little gem.