- Article initialement publié sur le Repère des Reclus
- France
- Dungeon Synth
- Secret Corridor Records
- 1er octobre 2019
Maintenant que le mois d’octobre est bien là, la communauté dungeon synth va pouvoir s’adonner à l’un de ses passe-temps favoris : disserter et composer de la musique sur Halloween. Bien que d’origine celtique, la fête d’Halloween revêt une dimension très commerciale de nos jours, ce qui ne se prête à mon sens que trop peu au dungeon synth, et la plupart des sorties sont également, à mon humble avis, d’un intérêt plutôt restreint. Ceci étant, on peut tout à fait tomber sur quelques sorties ne tombant pas dans la facilité de l’artifice, et c’est d’ailleurs le cas du dernier EP du projet français The IXth Key.
Les mois d’octobre et de novembre amènent toujours leur lot de sorties gentiment lugubres, mais tout se ressemble généralement assez fortement, à croire qu’il faut à tout prix utiliser de l’orgue pour produire un dungeon synth de qualité portant sur des ambiances légèrement effrayantes. Légèrement, parce que si le dungeon synth d’Halloween lambda avait vraiment le pouvoir d’effrayer, ça se saurait. Mais je suis mauvaise langue, ces artistes ne cherchent pas à faire peur, ils cherchent à faire s’évader leur public, et certains d’entre eux le font d’ailleurs très bien. Revenons-en donc à notre sujet principal, à savoir October Moon, car la dernière sortie de l’artiste français va sans doute trouver grâce auprès des adeptes de dungeon synth minimaliste.
Le projet, tout comme le label au sein duquel il évolue, est connu pour son style très dénudé toujours à la limite du minimalisme. October Moon ne déroge pas à la règle en proposant sept titres très courts (seuls deux d’entre eux excèdent les deux minutes) riches de sonorités brutes et parfois polyphoniques. Et là où l’EP fait mouche, c’est dans sa capacité à dresser un mur entre l’auditeur et le monde qui l’entoure. Le temps d’une grosse dizaine de minutes, on se surprend à voir se dresser devant soi un sombre manoir, un cimetière repoussant, une chapelle hantée, ou encore une forêt qui n’annonce rien de bon. On en revient d’ailleurs toujours à la même chose en matière de dungeon synth, ayez un peu d’imagination. Vous toucherez du doigt la plus grande richesse du genre en laissant porter vos imagination par les ambiances de la musique, et la chose marche particulièrement bien dans le cas d’October Moon.
Rien d’extraordinaire ici, juste un artiste qui donne pile les ingrédients qu’il faut à son auditoire pour stimuler sa créativité, et ça fait toute la différence. Au rayon du contenu des titres, on retiendra avant toute autre chose “Walking Through Empty Halls”, dont les sonorités plus caverneuses sont tout à fait de circonstance. Bien qu’ayant un style sensiblement différent, ce titre m’a personnellement rappelé les atmosphères gothiques et dansantes de l’unique sortie du projet Castle of Otranto. En matière de dungeon synth gothique et halloweenesque, personne n’a fait mieux jusqu’alors. Comme à l’accoutumée avec The IXth Key, la pochette est une création originale de l’artiste, mais si j’avais beaucoup aimé les précédentes, je me dois de m’avouer un peu déçu par la “facilité” de celle-ci. Ce qui n’enlève évidemment rien au voyage proposé par October Moon.
Octobre est là, et il va vous falloir faire le tri entre ce qui est dispensable et ce qui ne l’est pas. Je n’aurai pas la prétention d’affirmer avoir trouvé la perle rare pour célébrer l’automne comme il se doit, mais The IXth Key prouve avec sa dernière sortie qu’il sait doser sa musique avec la plus grande des justesses. Ni trop minimaliste, ni trop enlevé, soit le cocktail parfait pour laisser l’auditeur à ses divagations sans être dérangé par on ne sait quoi de trop artificiel ou de trop orienté. Si tout le monde savait doser de la sorte…