Old Sorcery – Dragon Citadel Elegies

by Secluded Copyist

S’il est régulièrement question dans nos lignes de projets confidentiels, de grands et beaux projets enrichissent la scène dungeon synth et l’on ne peut faire l’économie de leur éloge. Old Sorcery est de ceux-là et a acquis son statut de manière on ne peut plus méritée. On s’en souvient, le projet finlandais avait frappé du poing sur la table avec l’immense Realms of Magickal Sorrow en 2017 et le non moins louable Strange and Eternal en 2019. Il est désormais temps pour Magus Vrajitor, grand sorcier et unique tête pensante d’Old Sorcery, de boucler cette castle trilogy avec la sortie très récente de Dragon Citadel Elegies.

N’ayons pas peur des mots. Si le dungeon synth compte plusieurs dizaines de projets à l’aura déique, Old Sorcery est sur la liste des dix plus importants. Depuis fin 2017, son statut n’a cessé de grandir. Osons enfin affirmer que Realms of Magickal Sorrow est facilement l’un des trois meilleurs premiers albums de dungeon synth à avoir vu le jour. C’est donc peu dire que ce Dragon Citadel Elegies était attendu par l’entièreté de la communauté. Malgré une pochette d’un goût douteux (pourquoi du vert ?), ce nouvel album regorge de ce que l’artiste finlandais sait faire de plus profond, de plus sombre, de plus rêveur. Est-ce bien surprenant ?

Old Sorcery n’est pas un projet aussi stéréotypé qu’on pourrait le croire. Toujours inspiré dès lors qu’il s’agit de donner corps à ses mélodies, Magus Vrajitor utilise toujours une très vaste palette de sonorités électroniques, des plus orchestrales aux plus énigmatiques. « And Only I Have the Key » est un bel exemple de la richesse sonore dont Old Sorcery est capable. La délicieuse touche old school qui émane de ce titre rappellera aux adeptes du projet finlandais ses premiers pas sur le notable « Vaikerruksen Portti », lui aussi très imprégné de cette utilisation de sonorités électroniques plus ou moins inhabituelles dans le dungeon synth. Ceci étant, le point culminant de l’album est sans doute son deuxième titre.

Malgré sa consistance, « Towards the Mana Shrine » fait office d’introduction sans réelle saveur. En revanche, que dire de « The Inn on the Borderland » ? Ses mélodies dansantes captent l’attention en une fraction de seconde et se développent cinq minutes durant avec une richesse sans pareille. Le décor défile sans que l’on ait besoin de forcer son imagination à se charger de la tâche. On sait ce que je pense du dungeon synth travaillé qui mâche le travail à la place de l’auditeur. Mais dans le cas d’Old Sorcery, on se tait, on s’incline et on savoure ce moment de pur voyage temporel. L’un des titres dungeon synth les plus réussis de l’année, sans contestation possible.

Enfin, un mot sur le dernier titre de l’excellent Dragon Citadel Elegies, en l’occurrence « A Haven », le plus long de l’album avec ses treize minutes. Un titre beaucoup plus lent que les autres et rythmé par des claviers très texturés. Les mélodies et l’ambiance générale y sont plus planantes, plus aériennes. On se découvre alors une certaine émotivité, trop peu titillée par ce que l’on peut écouter habituellement dans le dungeon synth. « A Haven » se démarque par son côté très révérencieux. Il vient sacraliser de fort belle manière la fin d’un album (encore une fois) exceptionnel. Un petit quart d’heure de très bonne facture et une façon admirable de mettre un terme à l’une des séries d’albums les plus marquantes du dungeon synth. Excusez du peu.

Mine de rien, on est un peu inquiet. Certes, la fameuse castle trilogy dont il est question aujourd’hui ne représente pas toute la discographie d’Old Sorcery, mais elle est terminée. On espère ainsi voir le projet finlandais continuer à abreuver son public de sa musique enchanteresse et égale à nulle autre. Même si « A Haven » a des airs de chant du cygne, on va faire la sourde oreille. En tout cas, une chose est certaine : Old Sorcery est un projet qui ne déçoit jamais, et son travail est toujours d’une justesse et d’une variété admirables. L’un des rares qui permettent de voyager autant en si peu de temps.

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