Old Sorcery – Realms of Magickal Sorrow

by Secluded Copyist

Old Sorcery et son album Realms of Magickal Sorrow étaient faits pour avoir du succès. Bel artwork, bonne promotion, logo très réussi, musique annoncée comme très old-school et rétro… Tout ce qui vient titiller les faiblesses des amoureux du genre en somme. Et en effet, l’album a son petit succès. Plébiscité de toutes parts, encensé et sans doute écouté en boucle par les plus mordus de musique médiévale minimaliste depuis deux semaines, on en viendrait à croire qu’Old Sorcery s’est directement échappé des années 1990.

Et honnêtement, on ne peut pas dire qu’Old Sorcery vole son succès. Certes, l’album n’a rien de très risqué ou de très aventureux. Il est en tout point conforme aux poncifs du style. Mais ça, on s’en moque un peu. Le dungeon synth, c’est fait pour les amoureux des atmosphères mélancoliques, passéistes, enchanteresses parfois. Une musique de niche pour un public précis. Pas de raison pour faire évoluer la musique si elle continue à plaire et toucher en l’état. C’est d’ailleurs une leçon que les autres scènes musicales devraient s’approprier, au lieu d’essayer sans cesse d’être plus progressistes et avant-gardistes. Après tout, si un genre musical a perduré dans le temps et est toujours aussi apprécié dans sa forme première malgré ses évolutions, ce n’est sans doute pas pour rien…

Old Sorcery donc. C’est d’ailleurs bien de cela qu’il est question. La magie ancienne d’un dungeon synth suranné qui vient pendant trois quarts d’heure vous perdre dans des mélodies simples et prenantes, qui se font et se défont sur une trame sonore grave et ronronnante propice au confort. Comme cela se faisait à l’époque, Old Sorcery offre des pistes lentes et peu chargées, se concentrant sur l’ambiance générale dégagée. Les sonorités utilisées sont extrêmement classiques, typiques des vieux synthétiseurs. On voit donc souvent le schéma suivant se reproduire ; une ligne mélodique grave et très simple en fond, qui sert de support à la diégèse musicale, sur laquelle se greffe des mélodies plus envolées et plus aigus. Classique vous dit-on.

Tout en restant dans les terres connues de l’époque médiévale immémoriale, point de convergence de la plupart des groupes de Dungeon Synth, Old Sorcery n’oublie pas de faire varier sa musique. Ainsi, la longue « Sorcerer’s Dream » reste assez songeuse et ombrageuse, quand Vaikerruksen Portti se permet un peu plus de folies, avec des mélodies plus enlevées, une rythmique plus affirmée et des sonorités qui rappelleraient les bandes sons des vieux dessins animés des années 1980. Le charme rétro et presque kitsch fonctionne parfaitement. Irrésistible, et très évocateur pour quiconque est épris de ces univers de fantasy d’il y a vingt ou trente ans, marqués par une certaine naïveté touchante. « In a Forest Trapped » développe quelque chose de plus éthéré, de plus nocturne, de plus évanescent, qui vient taquiner les plates-bandes de l’ambient.

Bien sûr, dungeon synth oblige, la répétition des mélodies et des plans est de mise. Mais franchement, si vous lisez cette chronique, c’est que vous aimez probablement le genre, et que par conséquent vous appréciez les boucles musicales. Je pense en particulier à la dernière piste, qui utilise de manière très marquée le boucle mélodique intimiste en fin de parcours un peu de la même manière qu’un Burzum d’ailleurs. On pense fugacement à Filosofem. L’effet est en tout cas bien le même ; on quitte rapidement notre réalité harassante pour aller se perdre aux alentours d’un vieux château aux tours menaçantes et aux toitures pointues.

Old Sorcery est décidément un très bon nouveau venu dans le monde du dungeon synth. Un nouveau venu qui se présente d’entrée de jeu avec un grand cru, adressé à un public de connaisseur. Sa musique calme et bien construite pourra difficilement déplaire, et va sûrement aller titiller les cordes sensibles des amoureux du genre. Un album dans lequel tout est bon, du visuel à la musique, en passant par l’intention.

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