- Canada
- Black Metal / Dungeon Synth
- Phantom Lure
- 8 novembre 2024
Il y a quelques jours, nous parlions avec un certain enthousiasme du dernier album de Fief, projet attractif et accessible s’il en est. Aujourd’hui, dirigeons-nous vers l’autre extrémité du spectre du dungeon synth, pour parler d’une sortie qui n’a rien à voir avec les considérations champêtres et lumineuses chères à certains artistes. Tout droit venu du Québec, Masse d’armes jongle habilement avec les genres musicaux pour aboutir à la création d’un objet musical qu’on a parfois peine à décrire. Entrons dans l’univers d’un groupe aux caractéristiques musicales aussi rampantes que touchantes.
Le premier contact du public avec Masse d’armes se fait par deux biais : la pochette de sa première sortie et son nom — qui est le même pour le groupe et pour ladite sortie, sans que l’on sache réellement qui prend le nom de l’autre. En voyant l’ensemble, on se dit que l’on va avoir dans les oreilles un dungeon synth très cru et riche en sonorités électroniques crachantes au possible, dans la plus pure tradition d’une partie de la scène nord-américaine. Et on a plutôt raison de laisser vagabonder son esprit ainsi. Le titre introductif, « Cendres et poussières », propose près de trois minutes de dungeon synth répétitif et caverneux, qui vient même flirter avec les registres drone et noise. Rien de bien marquant, me direz-vous, et vous aurez raison de le souligner. Mais c’est à partir de « Lichen » que le groupe canadien vient dessiner une mine intriguée sur le visage de chacun.
Aux ingrédients sus-cités s’en ajoute un autre, tout à fait substantiel, une composante black metal. Toujours aussi entêtants — dans le bon sens du terme —, les claviers sont désormais soutenus par une batterie léthargique et des riffs de guitare qui enrichissent convenablement le climat sensible que l’on pouvait ressentir jusqu’alors. Sur un album normal, des chants éraillés devraient suivre, mais pas sur *Masse d’armes*. Ce sont au contraire des chants d’une rare douceur, presque parlés, et surtout féminins, qui viennent ajouter encore davantage de relief à l’ensemble. C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, entre deux nappes de clavier particulièrement saisissantes, une jeune femme vient esquisser les contours d’un titre dont le pouvoir évocateur est absolument débordant. Et d’un coup, tout s’accélère, et les chants éraillés reprennent le flambeau sur le titre suivant.
Vous n’êtes toujours pas convaincus de l’originalité de la pièce musicale ? Tant pis pour vous. Mais laissez-moi alimenter mon propos. Les albums mêlant black metal et dungeon synth sont légion, qu’ils privilégient l’un ou l’autre de ces genres musicaux très différents sur le plan technique. Là où réside la force de Masse d’armes, c’est dans sa capacité à jouer sur différents tableaux avec une maîtrise qui force le respect. Le dungeon synth enveloppant et cafardeux ? Check. Le black metal décharné qui donne un coup de carafe sur le crâne ? Check. Le black metal plus rapide, plus traditionnel ? Là encore, check. Et comme si ça ne suffisait pas, on notera un sens du verbe parfaitement aiguisé — en français, identité linguistique oblige — qui sublime comme il se doit le contenu musical de cette première sortie.
On notera enfin la présence d’une interprétation maison de *Quand je bois du vin clairet*, très fameux tourdion datant vraisemblablement du XVIe siècle. Si l’objet musical a plutôt la réputation d’être une authentique chanson à boire, avec tout ce que cela implique en termes de rythme et de festoiement, Masse d’armes en fait quelque chose de viscéralement triste et glauque, quasiment malsain, presque morbide… Et même cette reprise, procédé qui fait souvent office de remplissage, marque profondément un auditoire qui a, j’en suis convaincu, bien du mal à se figurer les messages que Masse d’armes a cherché à faire passer avec sa première sortie. On ne sait pas bien ce que l’on vient d’écouter, on ne saurait dire si l’on se sent vide ou comblé, abattu ou touché par le frisson de la découverte. Ce dont on est sûr, en revanche, c’est que le quatuor québécois vient de mettre au monde une sortie qui n’a pas son pareil pour dérégler les certitudes de l’auditeur imprudent.
Dungeon synth ? Black metal ? Je préfère couper court en affirmant qu’il y avait longtemps qu’un album ne m’avait pas autant secoué. Ma période de séide de la scène québécoise est derrière moi, même si je garde une certaine affection pour certains grands noms originaires de la province. Masse d’armes pourrait me pousser à retourner à la rencontre d’un vivier qui semble toujours aussi créatif. Cette première sortie, qui verra bientôt le jour chez Phantom Lure — dont l’identité semble par ailleurs parfaitement adaptée à l’ouvrage — , est une réussite totale et appelle à davantage de consistance par la suite. Avec de si bonnes idées, tout autre choix serait criminel.
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A few days ago, we spoke with great enthusiasm about the latest album by Fief, an attractive and accessible project by all accounts. Today, let’s journey to the opposite end of the dungeon synth spectrum to discuss a release that stands far apart from the pastoral and luminous considerations cherished by some artists. Straight out of Quebec, Masse d’armes skillfully juggles musical genres to create a work that is at times difficult to describe. Let’s dive into the universe of a group whose musical characteristics are as creeping as they are moving.
The public’s first encounter with Masse d’armes happens through two avenues: the cover art of their debut release and the name — shared by both the group and the album, leaving us unsure which borrowed from the other. At first glance, you might expect to hear raw dungeon synth teeming with harsh electronic sounds, in the grand tradition of a segment of the North American scene. And you wouldn’t be wrong to let your mind wander in that direction. The opening track, « Cendres et poussières », delivers nearly three minutes of repetitive and cavernous dungeon synth, occasionally flirting with drone and noise registers. Nothing particularly groundbreaking, you might say — and you’d be right. But it’s with « Lichen » that the Canadian group begins to etch an intrigued expression onto every listener’s face.
To the aforementioned elements, Masse d’armes adds another entirely substantial component: black metal. Still as hypnotic — in the best possible sense — the keyboards are now backed by lethargic drumming and guitar riffs that enrich the sensitive atmosphere felt so far. On a conventional album, one would expect raspy vocals to follow, but not on Masse d’armes. Instead, soft, almost spoken, and notably female vocals make their entrance, adding even more texture to the mix. Thus, on multiple occasions, amid particularly striking layers of keyboard, a young woman sketches the contours of a song with overflowing evocative power. Suddenly, the pace quickens, and raspy vocals seize the torch in the next track.
Still not convinced of this musical work’s originality? Too bad for you. But let me strengthen my case. Albums combining black metal and dungeon synth abound, whether they favor one or the other of these technically distinct genres. Masse d’armes stands out for its ability to navigate these different styles with masterful precision. Brooding, enveloping dungeon synth? Check. Raw, skull-smashing black metal? Check. Faster, more traditional black metal? Once again, check. And as if that weren’t enough, the album boasts razor-sharp lyrics — in French, of course, given the linguistic identity — that elevate the musical content of this debut release.
The album also features a reinterpretation of Quand je bois du vin clairet, a well-known tourdion likely dating back to the 16th century. While the original piece is widely regarded as a bona fide drinking song, with all the revelry and rhythm that implies, Masse d’armes transforms it into something viscerally sad, gloomy, almost sickly, bordering on the morbid. Even this cover — a device often serving as filler — deeply impacts listeners, who, I am convinced, will struggle to grasp the messages Masse d’armes seeks to convey in this debut release. We don’t quite know what we’ve just listened to. We can’t say whether we feel empty or fulfilled, shaken or exhilarated by the thrill of discovery. What we do know, however, is that the Quebecois quartet has birthed a release unparalleled in its ability to unsettle the certainties of unsuspecting listeners.
Dungeon synth? Black metal? I prefer to cut to the chase and assert that it’s been a long time since an album has shaken me so deeply. My days as a devotee of the Quebec scene are behind me, though I retain a certain fondness for some of its major names. Masse d’armes might just compel me to revisit a creative hotbed that remains as vibrant as ever. This debut release, soon to be unveiled under Phantom Lure — a label whose identity seems perfectly suited to the work — is a resounding success and demands more consistency moving forward. With such excellent ideas, any other course of action would be criminal.