Selvans – Lupercalia

by Secluded Copyist

Après leur EP Canglores Plenilunio, déjà prometteur, Selvans Haruspex et Sethlans Fulguriator reviennent avec leur tout premier album Lupercalia, signé chez Avantgarde Music. Composé de cinq pistes d’une durée moyenne d’une dizaine de minutes, et d’une très belle intro, Matavitatau, qui lance tout de suite les hostilités…

Selvans, avec leur nouvel opus, a pour but de recréer le folklore des peuples anciens de leur Italie natale. Et ce pari est réussi. Avec Matavitatau, le groupe, dont le nom est inspiré du Dieu étrusque des forêts, nous transporte loin de ce monde, dans un univers sylvestre des plus sombres et d’un tout autre âge.

La formation joue un Black Metal que l’on peut qualifier de symphonique (notamment avec l’omniprésence du synthé) qui peut faire penser à Thy Serpent pour les connaisseurs ; agrémentés d’instruments folkloriques italiens tel que la tibia (hautbois en roseaux de l’Antiquité), le sistre (sorte de tambourin), ou encore le hochet, en plus de la flûte traditionnelle. En résulte un mélange parfait, ces derniers se mêlent à merveille aux compositions du groupe. L’ensemble ne respire pas la gaieté ou la joie de vivre, comme la ballade O Clitumne ! le suggère. Une certaine fureur est toutefois perceptible, comme dans le titre Scurtchìn qui est puissant et démentiel. Mais la flûte traditionnelle apporte une grande fraîcheur malgré la sinistre noirceur que dégage l’album. Tout au long de Lupercalia le rythme est des plus soutenus, notamment grâce aux blast de la batterie et de la guitare lead, ainsi qu’à un chant on ne peut plus torturé. Les instruments traditionnels utilisés par Selvans Haruspex amènent donc une lueur d’espoir, une éclaircie dans cette sombre forêt, qui permet à l’auditeur de respirer avant d’être à nouveau plongé, happé dans d’obscures ténèbres.

N.A.F.H, dernier morceau de l’album, est le titre parfait pour clôturer l’opus. Plus atmosphérique que les autres, on ressent toute la puissance dont est capable le duo italien. La musique, les couteaux que l’on aiguise en fond, le tambour qui sonne comme une célébration chamanique, et le son de l’orage à la toute fin du morceau nous font davantage plonger dans l’univers du dieu étrusque et de l’esprit des anciens peuples des terres italiques. La voix claire, ainsi que les sortes de chouinements au milieu de la piste, accentue encore plus cet effet, et donne davantage de force au titre. N.A.F.H. pourrait être considéré comme la pièce maîtresse de l’album. C’est une chanson qui est riche, recherchée, travaillée, représentative de l’album.

Néanmoins, le groupe ne s’enferme pas dans un carcan purement Black Metal, et cherche toujours à surprendre ses auditeurs. Notamment avec O Clitumne !, cette ballade qui se transforme en promenade dans la campagne sicilienne, grâce à la mandoline et l’accordéon ; ou encore avec un passage plus jazzy dans Hirpi Sorani ; sans oublier des sonorités plus épiques dans Versipellis.

Avec Selvans, l’Italie nous montre que sa scène Black Metal n’a certainement rien à envier aux autres et que ses productions sont de très haute qualité. Le groupe a un univers bien propre, et, même si ce n’est pas d’une originalité absolue, ils parviennent à sortir des sentiers battus. Et il est bon de s’y perdre avec eux. Et pour les amateurs, vous pourrez retrouver le duo des Abruzzes sur la Thor Stage du Ragnard Rock Festival édition 2016 !

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