Vindland – Hanter Savet

by Secluded Copyist

Il est toujours plus engageant de se trouver face à un groupe ou un projet musical qui représente tout ce qu’il y a de plus authentique. En choisissant le breton comme langue d’expression, le groupe Vindland, originaire de Paimpol, ne saurait créer une meilleure atmosphère pour étoffer son pagan black des plus guerriers. Fondé en 2005, mais relativement peu actif depuis, le groupe breton nous livre Hanter Savet, un premier album chargé de promesses.

On se doit de reconnaître qu’au rayon des groupes pagan, folk et death melodic à sonorités épiques et guerrières, on ne manque pas de référence. Néanmoins, il semblerait qu’il faille désormais compter sur la présence d’un invité à la table des grands. À première vue, Vindland n’est rien de plus qu’un nouveau groupe dans le vaste océan pagan folk actuel, car on ne sait que trop bien à quel point cette branche du metal est productive. Mais non, Vindland a pour ambition, dès son premier album, de viser le haut du tableau. Et il sait parfaitement comment s’y prendre pour arriver à ses fins.

Musicalement, le groupe breton emprunte à de nombreux sous-genres pour donner naissance à un style assez original et ainsi créer une atmosphère épique et dépaysante unique. Précisions. En premier lieu, évidemment, c’est l’aspect pagan qui est le plus perceptible, un aspect pagan très bien travaillé soi dit en passant. Ensuite viennent le black, sur lequel nous reviendrons plus tard, et le folk, notamment sur quelques introductions et interludes instrumentales très bien senties. Pour finir, et pour le coup, le point de vue doit varier selon les références de chacun, il me semble percevoir quelques influences death melodic sur les titres les plus frénétiques. Mais, de manière générale, Vindland produit un pagan metal très épique, un peu à l’image de Heimsgard, autre projet très prometteur de la scène française.

Je pourrais me faire lapider (fort légitimement) si l’envie me prenait de comparer les deux groupes sur le plan musical, car l’atmosphère générale de Hanter Savet m’a beaucoup rappelé celle des premiers albums des féroïens de Týr. Encore une fois, relativement peu de similitudes sur le plan musical, mais je retrouve, non sans un immense plaisir, cet aspect conquérant si caractéristique, incluant des notions contemplatives, méditatives, et, de manière générale, axées sur la nature, l’affrontement et l’immensité de l’espace terrestre et maritime. Osez me dire en face que l’introduction de « Skeud Ar Gwez » ne vous rappelle pas l’esprit de l’album How Far To Asgaard.

Revenons un instant sur cette dimension black évoquée précédemment. Le rendu final de Hanter Savet est clairement pagan, mais emprunte au black quelques-uns des éléments qui ont fait ses lettres de noblesse. Un chant très éraillé et des riffs de guitare extrêmement lourds. Toutes ces joyeusetés offrent clairement une ambiance unique à la musique de Vindland. Peu importe à quel genre musical appartiennent les bretons, leur musique est très efficace, et c’est finalement tout ce qu’il faut garder à l’esprit. Si vraiment nous avions à dégager quelques titres de l’album, car le choix semble atrocement difficile, ils seraient au nombre de trois. Tout d’abord, « Morlusenn », qui représente ce qui fait toute la force de l’album, un climat très épique suppléé d’un subtil aspect rêveur. Enfin, « Serr-Noz » et « Skorneg Du » offrent leur lot de violence guerrière, comme si vous étiez subitement transportés au beau milieu d’une sanglante bataille fabuleusement stimulante, mais à l’issue incertaine.

Vindland exalte sa vision de la guerre et de l’espace pour nous proposer un Hanter Savet qui effleure du doigt le titre de chef d’oeuvre. N’ayons pas peur de comparer les bretons aux cadors du genre, car c’est bien parmi ces groupes qu’ils pourraient se retrouver d’ici quelques années. En attendant, soyez certains de pouvoir profiter de Hanter Savet sans modération.

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