- France
- Dungeon Synth
- Out of Season
- 19 juillet 2024 (numérique)
Après une série d’annonces particulièrement alléchantes quant à la genèse de ce nouvel album, Erang vient de dévoiler son énième création, non sans s’être fait épauler d’une kyrielle de grands noms issues de la communauté dungeon synth. The Kingdom is Ours se présente à son large public sous la forme d’un album dont l’artiste français est effectivement le géniteur, mais qui a également bénéficié de la contribution de collaborateurs très respectés. Le tout pour donner naissance, moins à un album en tant que tel, qu’à une œuvre qui brandit tel un étendard tout ce qui peut lier les nombreux acteurs de la scène.
L’entreprise avait de quoi séduire. Ces dernières semaines, Erang a égrené une à une les communications annonçant la participation de tel et tel artiste à son honorable initiative. Avant même de poser une première oreille sur le contenu de The Kingdom is Ours, la perspective de voir tout ce petit monde mettre ses forces en commun faisait saliver. Sur la shortlist figurent des dinosaures dont personne ne niera l’influence sur le dungeon synth — Mortiis, Jim Kirkwood, et même RAL, de Depressive Silence —, des artistes plus récents dont le pedigree n’est pas moins rutilant — Hole Dweller, Fogweaver et Quest Master —, et même quelques noms que l’ont avait presque perdu de vue ces dernières années — Hedge Wizard, Silù de Mordomoire et Fief. Ajoutons à cela que la pochette a été réalisé par l’excellente Silvana Massa — que l’on a toutefois connue plus onirique — et l’on obtient un casting absolument vertigineux. Probablement du jamais vu sur une sortie unique.
Il n’aura cependant pas échappé aux connaisseurs que les projets sus-cités ont chacun leur propre univers, à la fois thématique et musical. S’il est difficile de savoir dans quel mesure chaque artiste est intervenu sur le titre qui lui était affecté, quelques tendances se dégagent inévitablement — à l’exception de Jim Kirkwood et de Mortiis, qui semblent avoir simplement posé leur voix sur « Aeon of the Scarecrow » et « The Wasted Years ». Le symbole de cette merveilleuse collaboration réside en premier lieu dans « Drizzly Domain », titre magnifique au sein duquel on reconnaît très vite les sonorités légères qui sont désormais l’apanage de Quest Master. Dans une moindre mesure, on peut également citer le titre éponyme, dont l’augmentation a été attribuée à l’un des grands noms de la liste des invités, à savoir Fief, qui fait par ailleurs son grand retour (toutes proportions gardées) depuis la sortie de V, son dernier album en date, en 2019.
La plus-value est globalement très agréable, voire émouvante. Peut-être peut-on limiter celles de Mortiis et Jim Kirkwood à de simples caméos, sans parler de ma sempiternelle difficulté à apprécier justement les paroles — qu’elles soient chantées ou parlées — dans le dungeon synth. Mais pour le reste, on est sur une franche réussite. Nous avons évoqué « Drizzly Domain » et « The Kingdom is Ours » un peu plus haut, mais ayons également un mot pour « A Dragon is Born » et « A Season of Fog ». Le premier nommé a vu Hole Dweller ajouter un peu de cordes à l’ensemble pour un résultat qui tranche évidemment avec le reste de l’album, mais dont les notes rafraîchissantes sont un délice. Et que dire de « A Season of Fog », qui informe très bien sur le projet qui a participé à son élaboration ? Les accents ambient chers à l’artiste américain ont sans doute séduit un Erang qui affectionne toujours de clore ses albums sur un climat vaporeux et aérien à souhait.
Il serait trop conséquent de s’attarder ici-même sur tout ce qui donne du relief à chaque titre réalisé à quatre mains, mais on pourrait en dire encore beaucoup. D’autant que, on l’oublierait presque, notre cher Erang a inclus à The Kingdom is Ours quatre titres qui sont de son fait entier et exclusif, et qui auraient sans doute donné corps à un album uniquement fait de ses mains s’il n’avait pas souhaité s’attacher les services de tels invités de marque. La tendance qui se dégage de cet album est sensiblement similaire à celle qui a fait d’Erang l’un des projets majeurs du dungeon synth avec les années. Nous sommes effectivement face à quelque chose de riche sur le plan sonore et mélodique, mais qui conserve une proximité certaine avec l’auditeur.
Que l’on parle des accents folk et champêtres de « The Endless Game of Time », ou de ceux, plus graves, de « A Legend Beyond Ages », il y a — comme toujours avec Erang — de quoi se sustenter. Le tout se montre varié, et les changements de ton renforcent cette impression que la musique sert la narration d’ensemble, et non l’inverse, comme c’est communément le cas. Parfois même au sein d’une même titre, le décor change, le climat s’apaise ou se tend. Mon affectation va particulièrement à « Isles of the Underwater Kingdom », dont le contenu léger renforce le potentiel émotionnel d’une fin d’album plus posée. Comme toujours, l’artiste français sait modeler la musique pour en extraire la quintessence de ce que le dungeon synth peut offrir : le plus exquis des voyages.
Non content de faire mouche à chaque sortie ou presque, Erang s’est entouré d’une équipe de choc pour travailler sur un album qui fera date. The Kingdom is Ours est un album remarquable sur le plan artistique, mais son rayonnement ne se limite pas simplement à son contenu musical. À l’initiative de son géniteur, plusieurs artistes reconnus y sont allés de leur grain de sel pour souligner ce à quoi le dungeon synth aspire, et ce qu’il sait finalement faire de mieux : faire se rassembler ses membres pour les emmener plus loin, encore plus loin, au sein d’univers toujours plus riches et grisants.
Automatic translation. In our articles, we constantly strive to incorporate stylistic value to make our writing more vibrant and to best honor the music we analyze, but naturally, we are only capable of such a level of writing in French. Please keep in mind that some phrases and stylistic nuances might be altered by the tool.
After a series of particularly enticing announcements about the genesis of this new album, Erang has just unveiled his latest creation, not without the support of a host of big names from the dungeon synth community. The Kingdom is Ours is presented to its wide audience as an album for which the French artist is indeed the creator, but which also benefited from the contributions of highly respected collaborators. The result is less an album per se and more a work that brandishes like a banner everything that can unite the numerous actors of the scene.
The endeavor was certainly appealing. In recent weeks, Erang has dribbled out communications announcing the participation of various artists in his honorable initiative. Even before listening to the content of The Kingdom is Ours, the prospect of seeing all these people join forces was mouth-watering. The shortlist includes giants whose influence on dungeon synth is undeniable — Mortiis, Jim Kirkwood, and even RAL from Depressive Silence — more recent artists with equally illustrious pedigrees — Hole Dweller, Fogweaver, and Quest Master — and even some names that had almost faded from view in recent years — Hedge Wizard, Silù de Mordomoire, and Fief. Adding to this, the album cover was created by the excellent Silvana Massa — although known for more dreamlike work — resulting in an absolutely dizzying cast, likely unprecedented for a single release.
However, it has not escaped the notice of connoisseurs that the aforementioned projects each have their own thematic and musical universe. While it is difficult to know the extent of each artist’s involvement in their assigned track, certain trends inevitably emerge — with the exception of Jim Kirkwood and Mortiis, who seem to have simply lent their voices to « Aeon of the Scarecrow » and « The Wasted Years. » The symbol of this wonderful collaboration is primarily found in « Drizzly Domain, » a magnificent track where the light sounds, now a hallmark of Quest Master, are quickly recognized. To a lesser extent, the eponymous track can also be cited, whose enhancement was attributed to one of the big names on the guest list, namely Fief, making a notable return since the release of V, his latest album to date, in 2019.
The added value is generally very pleasant, even moving. Perhaps Mortiis and Jim Kirkwood’s contributions can be limited to simple cameos, not to mention my recurring difficulty in properly appreciating lyrics — whether sung or spoken — in dungeon synth. But for the rest, it is a clear success. We mentioned « Drizzly Domain » and « The Kingdom is Ours » earlier, but let’s also have a word for « A Dragon is Born » and « A Season of Fog ». The former saw Hole Dweller add some strings to the ensemble for a result that obviously contrasts with the rest of the album, but whose refreshing notes are a delight. And what about « A Season of Fog », which very well represents the project that participated in its creation? The ambient accents dear to the American artist have undoubtedly charmed Erang, who always enjoys closing his albums in a misty and ethereal atmosphere.
It would be too extensive to dwell here on everything that gives depth to each track made with four hands, but much more could be said. Especially since, one would almost forget, our dear Erang included in The Kingdom is Ours four tracks that are entirely and exclusively his own, which would undoubtedly have formed a complete album if he had not chosen to enlist such distinguished guests. The trend that emerges from this album is quite similar to what has made Erang one of the major projects in dungeon synth over the years. We are indeed facing something rich in sound and melody, yet maintaining a certain closeness with the listener.
Whether we talk about the folk and rustic accents of « The Endless Game of Time » or the graver tones of « A Legend Beyond Ages », there is — as always with Erang — something to savor. The whole album is varied, and the changes in tone reinforce the impression that the music serves the overall narrative, not the other way around, as is commonly the case. Sometimes even within a single track, the setting changes, the mood relaxes or tenses. My particular affection goes to « Isles of the Underwater Kingdom », whose light content enhances the emotional potential of a more subdued end to the album. As always, the French artist knows how to shape music to extract the quintessence of what dungeon synth can offer: the most exquisite journey.
Not content with hitting the mark with nearly every release, Erang has surrounded himself with a stellar team to work on an album that will make history. The Kingdom is Ours is a remarkable album artistically, but its impact is not limited to its musical content. Initiated by its creator, several recognized artists have added their touch to underline what dungeon synth aspires to and what it ultimately does best: bringing its members together to take them further, even further, into ever richer and more thrilling universes.