Blood Tower – Unimaginable Hauntings

by Secluded Copyist

Le mois d’octobre représente à plus d’un titre la période parfaite pour le dungeon synth. Non seulement l’automne reprend le pouvoir au détriment d’un été souvent usant, mais il s’agit également du mois d’Halloween. Ainsi, de nombreux labels et artistes surfent sur cette vague, de manière on ne peut plus compréhensible, quand bien même la qualité ne serait pas toujours au rendez-vous. Véritable porte-bannière du label Moonworshipper Records, Blood Tower a également fait le choix de célébrer cette période très spéciale à l’occasion de la sortie de Unimaginable Hauntings. Au programme : claviers et ambiance sombre à souhait. Et voici probablement la meilleure sortie du projet à ce jour.

Depuis sa sortie éponyme en 2016, Blood Tower est un projet qui a fait du chemin. On peut ainsi citer plusieurs splits (avec Roman Master et Apothecarium, entre autres) et une volonté constante de proposer un dungeon synth fidèle à une vision assez brute du genre. Le projet revient donc en cette fin d’année 2022 avec Unimaginable Hauntings, qui bénéficie d’une pochette simple mais particulièrement réussie, et dont le contenu plaira à tous les amateurs de la dimension spooky que le dungeon synth peut revêtir en cette période pré-Halloween. L’album s’ouvre sur la lecture de quelques lignes provenant de la nouvelle Canon Alberic’s Scrap-Book, directement issue du recueil Ghost Stories of an Antiquary (1904). Ce dernier est l’œuvre de l’auteur britannique M. R. James, adoubé et admiré par un certain H. P. Lovecraft. D’entrée, le décor est posé.

Une fois l’introduction – très prenante au demeurant – terminée, les claviers peuvent prendre le relais pour faire évoluer l’atmosphère très spécifique voulue par Lord Bill. Dès « Hateful Sunset on the Horizon », il apparaît clair que l’artiste américain entend s’appuyer sur quelques mélodies sautillantes qui viennent adoucir quelque peu les ténèbres présentes de façon globale sur Unimaginable Hauntings. Les titres sont courts et gentillets, ils parviennent à entretenir l’espèce de dichotomie propre à Halloween. D’un côté, on a effectivement des thématiques sinistres (encore que), à grand renforts d’histoires de fantômes et d’images ésotériques ;  de l’autre, on a la dimension toujours un peu clichée d’Halloween, avec ses marottes et ses icônes qui arrachent un sourire plus qu’autre chose. Blood Tower parvient ainsi à trouver un équilibre parfait.

Si certains titres sont effectivement plutôt menaçants – « Obsesquial Preparations » en tête –, d’autres apportent une certaine chaleur par leur côté balourd et un brin joyeux, tels « Tavern Apparitions » et « Fumes ». Unimaginable Hauntings est remarquable de nuance. Il s’appuie sur beaucoup de sonorités et d’ambiances différentes pour servir un seul but : celui de dépeindre le climat du mois d’octobre avec la plus grande justesse, et la mission est remplie haut la main. On a pour habitude, à l’approche du mois de novembre, de mettre à l’honneur les albums les plus appropriés pour célébrer Halloween avec la manière. Toute sélection excluant cette sortie ne saurait être prise au sérieux.

En matière de dungeon synth, les sorties célébrant le mois d’octobre sont toujours légion, et le tri est par conséquent peu aisé. Au moins, avec Blood Tower, on sait où on met les pieds. Si les sorties du projet américain ont toujours été bonnes sans se montrer exceptionnelles, force est de constater qu’Unimaginable Hauntings dépasse de la tête et des épaules tout ce que Lord Bill a pu sortir jusqu’à maintenant. Ne cherchez plus l’hymne d’Halloween.

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