La semaine dernière, nous vous parlions de la sortie prochaine du Noir Village, premier album de Créatures. Nous avons aujourd’hui le plaisir de vous faire part de notre entretien avec Sparda, l’unique musicien du projet solo français. Nous remercions donc Sparda pour le temps qu’il nous a consacré, ainsi que Solstice Promotion, qui a rendu cette interview possible.
Bonjour et merci beaucoup de m’accorder cette interview.
Merci à toi de donner la parole à moi et à mes monstres, je te remercie également pour ta superbe chronique.
As-tu déjà une certaine expérience dans l’écriture ou dans la musique de manière générale ?
J’ai appris la basse en autodidacte en 2006, en intégrant le groupe Hanternoz dans lequel je suis toujours présent. Je me suis par la suite mis au piano, à la guitare et au chant, de manière à pouvoir composer seul. Quelques années plus tard j’ai réalisé un rêve d’enfant en apprenant l’orgue d’église. C’est le seul instrument pour lequel j’ai dû me mettre au solfège et prendre des cours en école de musique. Aujourd’hui je pratique et collectionne de nombreux instruments traditionnels du monde entier, toujours en autodidacte.
Le projet solo a été créé en 2008 si je ne me trompe pas, mais Le Noir Village est malgré tout la toute première sortie de Créatures. Comment expliques-tu cela ? Ces années ont-elles servies à mettre en place l’intrigue dont il est question dans l’album ?
Très vite j’ai ressenti le besoin de m’exprimer entièrement dans un projet solo, même si à l’époque je ne maîtrisais pas très bien mes instruments, ni les techniques d’enregistrements. J’ai malgré tout sorti une démo en 2009 qui avait déjà pour concept de raconter des histoires d’horreur. A l’époque le projet s’appelait Horror Freak.
Il m’a fallu ensuite sept années sur Le Noir Village pour créer l’intrigue, la musique, les paroles, puis pour enregistrer seul tous les instruments ainsi que les invités, et enfin pour travailler le son et les designs de l’album avec des personnes externes.
J’ai particulièrement apprécié l’atmosphère et l’univers déployés sur Le Noir Village, j’ai vraiment senti une réelle passion dans la conception et l’écriture. As-tu des influences en particulier, dans la musique et ailleurs ?
Il y a évidement les grandes figures littéraires de l’horreur : Dracula de Bram Stoker, Le Fantôme de l’opéra de Gaston Leroux, Allan Poe, Lovecraft etc. Mais j’ai découvert tous ces classiques très tard. Ce sont davantage les jeux vidéo qui ont façonné mon imaginaire depuis l’enfance. J’ai été très influencé par les séries Resident Evil (pas les films !), Silent Hill et Forbidden Siren, ainsi que les univers oniriques d’Ico et Shadow of the Colossus. Les auditeurs initiés découvriront même dans Le Noir Village quelques références subtiles à certaines œuvres vidéoludiques.
Dans le domaine de la musique, ma plus grande influence est sans contexte King Diamond. Même si je n’œuvre pas dans le heavy, j’ai été fasciné par sa méthode de composition. C’est lui qui m’a donné l’envie de créer une histoire continue, avec de nombreux personnages, et une musique qui appuie complètement l’intrigue.
Comment passe-t-on d’une foule d’idées à une espèce de conte musical authentique et dépaysant ?
Avant même de me mettre à la composition de l’album, j’avais déjà prévu de faire six chansons traitant chacune d’un monstre différent (comme sur la démo), mais ici reliées par une intrigue continue. J’ai imaginé le squelette de l’histoire, puis chaque riff a été composé pour évoquer une scène ou un personnage particulier. Ce n’est qu’à la fin que j’ai écrit les paroles dans le détail. C’est vraiment l’histoire qui a dirigé la musique durant tout le processus de création.
À l’avenir, envisages-tu, dans un premier temps, d’écrire à nouveau pour Créatures ? Si oui, vas-tu donner suite aux événements et péripéties exposés dans Le Noir Village ?
Bien sûr, je pensais déjà au second album avant même d’avoir commencé à enregistrer le premier. L’histoire ne sera pas une suite directe mais sera dans le même esprit et le même contexte. Je me concentrerai cependant sur un seul monstre et développerai ses interactions avec les autres personnages. Le second album ressemblera davantage à un thriller médiéval et il est prévu qu’il sorte sur plusieurs supports, pas uniquement musical, je n’en dirai pas plus.
Au sein du metal extrême, y a-t-il des groupes ou des projets solo que tu suis tout particulièrement ?
Je suis avec attention l’avancement des projets de Mick Barr et Colin Marson, en particulier Krallice et Ocrilim. Je suis également un grand fan des projets de l’allemand Alexander von Meilenwald de Ruins of Beverast, ainsi que des japonais d’Arkha Sva. En fait je me rends compte que la plupart de mes groupes préférés sont des groupes qui bousculent les styles, pas étonnant que je reproduise cette démarche dans Créatures.
Que répondrais-tu à ceux qui considèrent que Créatures opère dans le registre du metal expérimental ?
C’est vrai que Créatures est difficile à ranger dans un style tant ma musique chevauche différents types de metal (black, doom, sympho, death, thrash, heavy) et même de l’acoustique et de l’ambiant. Je peux comprendre qu’on utilise le registre expérimental comme un fourre-tout.
J’aime définir Créatures comme un projet d’horror metal, car cet aspect horrifique est le dénominateur commun de toutes les chansons. Elles sont liées entre autre par la présence de la thérémine (instrument typique des vieux films d’horreur) et de l’orgue. De plus, le terme horror metal qualifie également le concept, qui est pour moi aussi important que la musique.
Merci beaucoup et bonne continuation, je te laisse le mot de la fin.
Je te souhaite également bonne continuation sur Heiðnir, et j’invite les lecteurs curieux de découvrir Créatures à prendre le temps de complètement s’immerger dans l’album. Il est nécessaire pour apprécier pleinement Le Noir Village de l’écouter en entier tout en lisant les paroles.