Hedge Wizard – Neighborwoods

by Secluded Copyist

Celui-ci, on peut dire qu’il a surpris son monde. Alors que plus personne ne l’attendait, le projet américain Hedge Wizard a signé son retour à la fin du mois de février avec un nouvel album, intitulé Neighborwoods. Véritable figure de proue de la scène revival par le biais de son album monumental More True Than Time Thought — moins par celui de Local Portal, qui lui a succédé en 2017 —, Hedge Wizard ramène son auditoire à une période dorée qui a vu beaucoup de ses membres effectuer leurs premiers pas dans le riche et vaste royaume du dungeon synth. C’était il y a dix ans.

Passée la surprise de l’annonce, c’est l’émotion qui domine. Avec sa pochette coloriée au crayon gras, Neighborwoods souligne d’emblée le lien de parenté qu’il entretient avec le tout premier album d’Hedge Wizard. On remarque d’ailleurs que la structure en feuillet de cassette est la même que celle de la pochette de More True Than Time Thought. Riche en détails, la pochette de Neighborwoods dépeint une bourgade tranquille au creux des bois, le théâtre parfait pour le style dense et enchanteur de l’artiste américain. Mais justement, qu’en est-il du style ? Que les amoureux du projet se rassurent immédiatement, Hedge Wizard met sur la table les mêmes ingrédients sonores qui ont fait de son premier album un monument du genre.

Dès les premières notes de « Vintage Morning », l’amateur est en terrain conquis. Je pense bien évidemment à cette lourde nappe de clavier qui vient soutenir en arrière-plan des sonorités atmosphériques bien plus légères. En somme, tout ce qui a fait le succès de More True Than Time Tought il y a maintenant dix ans. Si la pochette de Neighborwoods donnait déjà une indication, ce premier titre prouve définitivement que Hedge Wizard veut faire du neuf avec du vieux, et ce sorcier-là ne pouvait pas se montrer plus inspiré. Il est d’ailleurs toujours aussi fascinant de voir l’artiste américain utiliser des sonorités électroniques old school que l’on a peine à retrouver ailleurs sur la scène dungeon synth, même parmi les projets s’inscrivant dans une démarche traditionaliste similaire.

Néanmoins, il est inévitable de jauger le contenu de ce nouvel album au regard de celui dont il se fait le successeur. Si le premier album de Hedge Wizard a eu autant de succès — je ne me souviens pas avoir autant surveillé les (nombreuses) rééditions d’un album avant de pouvoir enfin en obtenir un exemplaire — c’est en grande partie grâce à des mélodies à la fois simples et dévastatrices. Tout, chez Hedge Wizard, respire la facilité, à l’instar des plus grands mélodistes de la scène. Ce Neighborwoods est-il doté des mêmes atouts ? Oui, et non. Là où ce nouvel album se montre peut-être plus équilibré dans son entièreté, les mélodies qui lui donnent corps ont du mal à se hisser au niveau de celles des « Ancient Vibrations », « Conjurer’s Cutter » et autres « Huffing Petrichor », qui ont largement fait dodeliner au cours des années.

Ne nous méprenons pas, Neighborwoods est un album de très grande qualité qui surpasse sans mal ses pairs en ce début d’année. Des titres tels que « Aspiring Hero » et « The Tome Dealer » sont riches d’une ambiance qui n’aura aucun mal à émouvoir les amoureux du genre comme les suiveurs du projet, et le climat général de l’album parvient à atteindre cette espèce de juste milieu formidable, entre utilisation de sonorités vintage et portrait d’un univers envoûtant au possible. Hedge Wizard était sans doute considéré par beaucoup comme un projet mort et enterré, mais ayant laissé un héritage fantastique. Aujourd’hui, il signe son retour et n’a rien perdu de sa superbe.

Neighborwoods est un successeur bien plus solide à More True Than Time Thought que ne l’a été Local Portal. Quand bien même, pas facile de passer après l’un des meilleurs albums de l’histoire du dungeon synth. Malgré d’indéniables qualités, ce nouvel album n’est pas complètement doté de la magie qui a donné ses lettres de noblesse à son illustre aïeul. Cela étant dit, si l’on considère que la première œuvre du projet américain se situe dans les hautes sphères du genre en termes du qualité, on s’aperçoit bien vite que Neighborwoods, même en étant un petit cran en dessous, est un album excellent et rare dont il convient de s’abreuver.

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